L’été est fini. J’ai fait f*ck all. J’ai travaillé tout le temps. M’en sacre un peu. Là, je peux dormir avec les fenêtres ouvertes, bien emmitouflée dans ma doudou qui laisse juste dépasser le bout de mon nez, effleurer délicatement par une petite brise fraîche. Ou une griffe acérée de chat en manque d’attention qui semble tout droit surgit des ténèbres. Là tu te dis, moi pis Greta? Même combat. Ce fut un horaire très chargé pour l’été 2019 pour nous deux, à quelques détails près. Ma découverte de la saison estivale? Ne pas se raser les jambes est un cadeau à s’offrir. La sainte paix. J’ai pas daté une seule fois, mais ça m’aurait pas dérangé d’avoir des rapprochements avec les jarrets velus. J’suis au-dessus des jugements. J’vous le recommande fortement. J’ai downloadé Tinder y’a pas longtemps. Comme tout être humain qui se respecte, au début j’y allais pendant mon moment matinal sur la toilette, pour finalement oublier et y aller aux deux jours pour constater que ma fréquence de connexion fit pas avec celle de mes matchs. Les communications sont lentes et vides de toute profondeur, remplit de ‘pis grosse journée?’ qui me donne envie de répondre; solide journée, j’ai fumé du pot pis j’ai mangé 2 pogos et 2 pizzas pochettes en un temps record faque j’ai eu des flatulences et des ballonnements toute la nuit. J’me suis retenue. Merlin Pinpin Ce qui m’amène à ceci. J’échange littéralement 12 messages avec un gars, et il me demande si j’aime dominer. Je sais pas, je trouve ça un peu weird que tu tiennes à me dire ça aussi rapidement. Qu’est devenu le mystère dans le dating? Se découvrir, apprendre à se connaître lentement, les grosses qualités comme les p’tits défauts, les manies, les habitudes, toute la patente-là. On constate que je n’ai point été titillé. Ça se peut-tu juste échanger 2-3 textos, setter une date, se voir pis advienne que pourra. J’ai pas besoin de savoir les détails de ta vie. C’est pas une question de se garder une p’tite gêne. C’est plutôt garder un peu de magie, de charme au travers du dating. On veut pas tout savoir. On a pas besoin de tout savoir. Ne pas tout dévoiler, me semble que c’est plus excitant que de tout dire. Surtout en texto, 32 secondes après avoir eu un match avec l’autre. Le mystère, ça fait partie de la séduction, ça suscite la curiosité, ça donne envie de vouloir en savoir plus, d’être intrigué. J’suis pas choquée par ses préférences sexuelles, chacun trip sur se mettre ce qu’il veut ou il veut, vêtu de cuir, de velours ou d’une peau de banane, je m’en torche. Ce qui me dérange c’est qu’on garde rien pour soi, on dévoile tout. Comme si c’était normal de se déballer autant par un moyen de communication aussi peu personnel. Comme si c’était nécessaire. Comme si c’était la norme. priscilladupreez J’ai, comme tout le monde, mes p’tits secrets. Qui restent secrets jusqu’à tant que j’aie envie de les partager avec toi. J’vais pas te pitcher ça en pleine face ou en plein écran. J’vais te rencontrer, voir si on a des affinités, si on a du fun ensemble, pis BANG j’vais te dire que j’aime le PFK. Mais jamais le mot Vari-Baril ne va apparaître dans les 15 premières minutes d’une conversation virtuelle. Sauf que si tu te rends à l’étape de rencontrer mon félin, tu vas constater que son lit est un baril de poulet. J’ai envie que l’autre trouve ce que j’aime, pas que j’lui fournisse toute sur un plateau d’argent en y disant kin, j’aime ça me faire attacher vlà deux tie wrap, gâte-toé. M’semble que c’est pas mal plus coquin et excitant d’en jaser ensemble que de toute savoir avant même de s’être rencontré. Si c’était juste de moi les échanges sur les réseaux de rencontre dureraient 5 minutes; Coucou, ça va, tu fais quoi dans la vie, tu cherches quoi, es-tu allergique au chat, aimes-tu manger, aimes-tu le vin, ciao bye elle est partie. matheusferrero Y’a un moment pour chaque chose. C’tu correct de prendre son temps? De pas garocher toute notre dedans en une couple de phrases vite fait bien fait, comme on coche notre choix de dumpling au resto (agneau coriandre all the way en passant). À limite au dumpling y’a un peu d’excitation et d’attentes, là, je suis pas allumée une miette. Y’a aucune émotion, c’est frette, le gars me parle de ses coquineries comme il me parle de son toaster à 4 tranches, machinalement comme si c’était banal et anodin. C’est peut-être moi qui est pas de son époque. J’ai déjà tombé dans le gros dirty talk en texto avec des gars que j’avais jamais vu, j’ai déjà envoyé des photos de mon cul, reçu des vidéos de gars qui se donnaient du plaisir, j’ai partagé pas mal plus que juste mon intimité, j’ai quasi envoyé des rayons X de mon intérieur. J’pas une sainte pis je suis pas prude. Ça été une belle période de ma vie où j’ai eu du gros fun et où j’étais frivole à souhait. Période terminée à mes yeux. Et c’est pas un reproche que je fais, c’est une constatation. C’pas parce que c’est Tinder que y’a pas de limite. C’pas parce que c’est Tinder que les célibataires ont envie de jaser de n’importe quoi pour apprendre à se connaître. C’pas parce que c’est Tinder qu’on va régurgiter froidement toutes nos préférences au lit, nos expériences charnelles passées, nos virées wild à Las Vegas pis la présence de notre troisième mamelon. Ça m’appartient tout ça. Pis ça t’appartient aussi. On veut pas le lire, on veut le découvrir. On veut l’entendre de la bouche de l’autre, avec intonation, avec des p’tites pauses, des p’tits silences, un slinky entre les lèvres si y faut. Mais please, pas par texto. Prenons notre temps, faisons les choses comme il faut, laissons-nous la chance de se connaître en se côtoyant. Pas avec des quiz textuel pis une série d’informations pas nécessaires enfoncées au fond de la gorge bien loin. Pour lire toutes les chroniques Célib-à-terre de Merlin Pinpin, c'est ici. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de la collaboratrice et ne reflètent pas nécessairement la position de Narcity Media sur le sujet.