Avoir un « Sugar Daddy » : une Québécoise répond aux questions qui t'ont toujours intrigué

Le luxe : à quel prix?
Avoir un « Sugar Daddy » : une Québécoise répond aux questions qui t'ont toujours intrigué
Rédactrice en chef, Narcity Québec

Tout ce qui traite de l’industrie du sexe, ou même du simple désir et divertissement a toujours un côté très tabou, même à ce jour. Cette industrie, qui génère pourtant des milliards par année, est remplie de secrets, mais surtout, de questions sans réponses. Escorte, prostituée, « Sugar Baby »... où sont les limites distinctives entre chacun de ces rôles?

J’ai eu la chance de m’entretenir avec une « Sugar Baby » québécoise qui m’a permis de découvrir les différentes facettes de ce mode de vie hors du commun en répondant aux questions que nous nous sommes tous déjà posées.

Une entrevue sous forme de question/réponse qui permet de poser un deuxième regard sur ce choix de vie luxueux fait par de nombreuses femmes. 

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Comment est-ce que tout cela a commencé?

« Il y a plusieurs années, une amie s’était fait plusieurs « Sugar Daddies » sur un site appelé Seeking Arrangement, un site assez populaire pour se trouver un « Sugar Daddy ». Après un mois, elle avait assez d’argent pour m’inviter à partir dans le Sud avec elle dans un tout inclus.

Depuis ce temps, l’idée me trottait dans la tête. L’an passé, une autre amie a joint le site et m'a convaincue de m'y joindre à mon tour. »

Plusieurs personnes ont tendance à lier ce type de mode de vie à de la prostitution, puisque tu es généralement payée pour ta présence ou pour du sexe. Quelle est la différence?

« D’une certaine façon, ils n’ont pas tort. Il y a une ligne très mince entre une SB (Sugar Baby) et une prostituée. La plus grosse différence, c’est que les SB se font donner une allocation hebdomadaire ou mensuelle par leur « Sugar Daddy ». Plusieurs « Sugar Daddies » donnent aussi beaucoup de cadeaux à leur SB, comme de la lingerie, des sacoches, des voyages, etc. Tu n’es pas payé à la rencontre.

De plus, selon moi, tu formes une meilleure relation avec ton « Sugar Daddy » que si tu es une prostituée et que tu vois un client régulièrement. La plupart du temps, un SD recherche plus que juste une relation sexuelle rapide, comme avec une prostituée.

Mais à la fin de la journée, ces deux modes de vie se ressemblent assez. »

Quels sont les types d’ententes les plus fréquentes?

« Il y a beaucoup d’ententes possibles. Le plus populaire, c’est souvent le « girlfriend experience ». Donc un homme qui recherche une jeune femme avec qui il va bien s’entendre va faire des sorties et rendre ses amis jaloux. Ce type d’entente inclut presque toujours du sexe. Très rarement, un homme va chercher ce type d’entente, mais sans sexe.

L’autre type d’entente est pour les hommes plus occupés ou qui sont en couple. Ce sont des rencontres plus courtes qui incluent toujours du sexe. »

Les ententes sont-elles négociables?

« Les ententes sont toujours négociables. Avant de rencontrer un futur « Sugar Daddy » pour la première fois, c'est super important de lui parler plusieurs jours via le système de messagerie du site que tu utilises.

Premièrement pour t'assurer que ce n’est pas un « Salt Daddy » (un homme qui recherche seulement à coucher avec toi sans te donner d'allocation) et aussi pour ta propre sécurité.

Donc dans ces premiers jours, tu demandes à ton futur « Sugar Daddy » ce qu'il recherche, ce qu'il veut dans le fond. Par la suite, si vous voulez le même genre d'entente, faut discuter du genre d'allocation que le « Sugar Daddy » est prêt à te donner. »

Laquelle as-tu choisie et à quelle fréquence vois-tu ton Sugar Daddy?

« J’étais prête à faire pas mal n’importe quel type d’entente quand j’ai commencé. J’étais nouvelle dans le monde et je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Après quelques semaines, j’ai trouvé quelqu’un qui était intéressé à moi. Il était extrêmement occupé, donc je le voyais un après-midi par semaine. Il était surtout intéressé à me voir pour le sexe selon moi, mais l’entente était qu’on se rencontrait pour parler... et plus. »

Quelles sont les réactions auxquelles tu as droit lorsque tu dis à tes amies ce que tu fais?

« J’ai été chanceuse parce que toutes mes amies ont bien réagi quand je leur ai dit que j’étais SB.Certaines étaient intriguées et m’ont posé une tonne de questions sur le sujet, comme d’autres s’en foutaient et voulaient juste s’assurer que j’étais sécuritaire quand je le voyais. »

Est-ce que tes proches et ta famille le savent?

« Je suis persuadée que ma mère le sait. Plus je voyais mon SD, moins c’était subtil, mais officiellement elle ne le sait pas. »

Est-ce que ça nuit à ta vie sentimentale?

« La réponse courte, c’est non. C’est sûr que c’est difficile parce que c’est super demandant mentalement et émotionnellement d’être une « Sugar Baby ». Mais je le prenais comme un travail. Une fois que je quittais mon « Sugar Daddy », la « journée de travail » était terminée et je n’y pensais plus. »

Est-ce qu’un Sugar Daddy est déjà tombé amoureux de toi (ou vice-versa)? Comment gères-tu ça ?

« Dans le fond, la meilleure chose qui peut arriver à une « Sugar Baby », c'est que ton « Sugar Daddy » tombe en amour avec toi. Comme ça, tu t'assures d'avoir du travail pour un bout. Ce qui est important c'est de rester clair sur son entente parce que la SB, elle, est seulement là pour travailler. »

Est-ce que ça peut se faire « virer », une Sugar Baby?

« Oui, c'est certain. Être une « Sugar Baby » c'est comme n'importe quel job pour cet aspect. Si tu ne fais pas l'affaire, ton SD ne voudra pas continuer à te voir. Ça peut être pour une panoplie de raisons. Ton « Sugar Daddy » pense que vous n'avez pas assez de chimie, tu n'es pas assez disponible pour lui, tu veux une allocation trop élevée, etc. »

Est-ce déjà arrivé qu’un de tes SD dépasse les limites? As-tu un recours quelconque dans ce temps?

« Une fois seulement. Sans entrer trop en détails, mon « Sugar Daddy » était pas mal rough au lit. Une semaine, il a fait quelque chose que je n’ai vraiment pas aimé qui dépassait mes limites (rien de grave ou de non consensuel, juste quelque chose que je n'ai pas aimé.) La semaine suivante, je lui en ai parlé et il m'a dit qu'il se doutait que je n'avais pas aimé ça. Il ne l’a pas refait et le problème a été réglé vite comme ça. Dans le fond, ce qui est important c'est la communication entre une « Sugar Baby » et son « Sugar Daddy ». »

Ça ressemble à quoi, le salaire d’une Sugar Baby?

« C’est une question piège ça. (rires) Ça dépend de plusieurs facteurs. Le type d’arrangement que tu as, si tu es une bonne négociatrice, ce que le SD est prêt à te donner comme allocation, etc.

En général, l’allocation d’une SB avec de l’expérience peut varier 500 $ par rencontre à plusieurs milliers de dollars par mois (dépendamment si tu as une allocation hebdomadaire ou mensuelle.) Une des filles que je follow sur instagram doit faire environ 10 000 $ par mois, si ce n’est pas plus. Donc comme je disais, ça dépend vraiment de plusieurs trucs. »

C’est quoi le plus beau/le pire moment vécu en lien avec ce mode de vie?

« Ça va sonner vraiment drôle, mais mon plus beau moment, c’est la première fois où je suis allée déposer mon argent à la banque. Mes quatre premières semaines, je n’ai pas déposé mon argent dans mon compte. Donc d’aller déposer quelques milliers de dollars dans mon compte d’une shot était un moment pas mal spécial pour moi. Le pire moment, c’est probablement la première fois que j’ai rencontré mon SD. Je n’ai jamais fait autant d’anxiété de toute ma vie. Non seulement j’allais rencontrer un homme qui avait deux fois mon âge, je n’avais jamais travaillé dans l’industrie du sexe avant et c’est super tabou même si c’est légal. »

C’est quoi le plus dur à propos de cette relation?

« Ce que je trouvais le plus dur, c'était définitivement que la peur de ne pas être assez pour mon SD. Il me donnait de l'argent pour que je sois exactement ce dont il avait besoin et je ne savais pas c'était quoi, je devais le deviner. Plus notre relation avançait, mieux je le connaissais donc c'était plus facile. Mais au début, j'avais beaucoup de difficulté à le faire. »

Est-ce qu’il y a certaines choses que tu aurais aimé savoir avant de faire ce choix ?

« J'avais fait beaucoup de recherches avant d'essayer de me trouver un « Sugar Daddy », donc je savais pas mal à quoi m'attendre. C'est ce que je conseille aux personnes qui sont intéressées à faire ce choix. »

Comptes-tu continuer pendant longtemps?

« Ce que j'aime d'être une « Sugar Baby », c'est que tu peux le faire on and off. Ça fait quelques semaines que je n'ai plus de « Sugar Daddy», mais j'ai récemment trouvé quelqu'un qui recherche une SB platonique et je lui ai envoyé un message. »

En conclusion, aurais-tu un mot à dire sur ce mode de vie?

« Être une Sugar Baby, c'est pas tout le monde qui peut faire ça. C'est vraiment plus difficile que ce que tu penses.

Tu te fais beaucoup d'argent pour quelques heures de travail seulement et en plus, tu te fais donner des cadeaux vraiment plaisants. Faut que tu sois prête à faire plusieurs choses que t'aurais jamais pensé faire de ta vie. Je ne dirai jamais assez souvent que ce n'est pas pour tout le monde ce mode de vie. Faut que tu te connaisses extrêmement bien physiquement, mentalement, et que tu saches tes limites sont où, et surtout, que tu saches les imposer. »

Izabelle Bee
Rédactrice en chef, Narcity Québec
Izabelle Bee est la rédactrice en chef de Narcity Québec. Elle est spécialisée en téléréalités québécoises, beauté et restos, et réside dans le Grand Montréal.
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