Fugueuse: Ludivine Reding répond à toutes nos questions sur son expérience

« Je suis passée de 6 000 abonnés à 93 500 abonnés en quelques semaines. »
Fugueuse: Ludivine Reding répond à toutes nos questions sur son expérience
Rédactrice en chef, Narcity Québec

Il y a seulement quelques mois, tout le monde essayait de se souvenir de son nom unique. Quelques semaines plus tard, ce même nom était maintenant sur les lèvres de tous: on ne parle que de la belle Ludivine Reding dans les médias. Du haut de ses 21 ans, la jeune femme est devenue la star du Québec en un temps record pour son rôle dans Fugueuse, une série percutante qui traite des fugues et de la prostitution au Québec.

La comédienne qui interprète Fanny, une jeune fugueuse qui se fait recruter par un réseau de prostitution, a tellement bien su toucher le Québec qu'elle est devenue l'ambassadrice d'un programme de prévention de fugues.

« Ça montre juste que c'était urgent qu'on dénonce cette réalité-là. »

Est-ce que tu t’attendais à un tel succès ?

On savait que ça allait être une grosse série dans le sens que c'est à TVA, et c'est un sujet qui peut toucher les gens. Mais aussi gros, et au point d'en entendre parler partout, non. Je pense qu'on ne s'attendait pas du tout à ça, mais on est super content qu'il y ait un aussi gros engouement. Ça montre juste que c'était urgent qu'on dénonce cette réalité-là.

Comment est-ce qu'on se prépare à un rôle aussi important?

Quand j'ai su que j'avais le rôle, j'ai lu beaucoup de livres sur le sujet et j'ai regardé plusieurs documentaires. J'ai discuté avec Michelle Allen, l'auteure, pour vraiment m'approprier le personnage.

Étais-tu préparée pour la suite? Avec un sujet aussi gros, tu devais te douter que les entrevues seraient plus intenses.

En fait, je n'étais pas très stressée parce que je connaissais tellement bien l'histoire et mon personnage, que je me suis dit que ça allait sortir tout seul. (Fugueuse), c'était tellement rendu ancré en moi que c'était facile de répondre aux questions qui tournent autour du sujet.

Quel genre d'ado étais-tu ? T'identifies-tu à Fanny d'une manière?

Je pense que pas mal tout le monde peut s'identifier à Fanny: c'est une ado comme les autres. Au départ, elle a des rêves, des ambitions, une bonne vie sociale et elle est super positive. Ça c'est avant que tout s'écroule. Beaucoup d'adolescentes peuvent se retrouver dans Fanny. Elle démontre que ça peut arriver à tout le monde.

Moi, en tant qu'adolescente, j'étais très terre à terre. J'ai grandi dans un monde d'adulte à cause du doublage, de la télé. J'étais très mature pour mon âge. J'avais une très bonne relation de confiance avec mes parents. Je ne leur cachais pas trop de trucs, tant qu'ils savaient où j'étais ça allait bien.

« En tant que société, on devient moins involontairement aveugle face à cette réalité. »

Comment est-ce que la série Fugueuse a changé ta vision de la vie?

Je pense que, comme tous ceux qui écoutent la série, ça m'a donné une meilleure vision de cette réalité-là, ça enlève les préjugés et stéréotypes qu'on peut avoir. En tant que société, on devient moins involontairement aveugle face à cette réalité.

Ça m'a changée en tant qu'humain; je comprends mieux ces jeunes-là. On comprend mieux que c'est pas l'ado ou les parents, c'est vraiment les proxénètes, les manipulateurs et les clients qu'il faut blâmer. Le projet, le tournage, m'a fait grandir en tant que personne, que comédienne, ça m'a apporté beaucoup tant au niveau social que personnel.

Étais-tu consciente de l'ampleur de ce problème-là à Montréal avant de tourner la série?

Non, je ne pense pas. Pas du tout, en fait. On savait un peu à cause de la visibilité des fugues dans les Centres jeunesse au cours des dernières années dans les médias. Mais, je n'avais aucune idée de ce qui se passait dans la vie de ces jeunes filles-là quand elles faisaient des fugues. Il était vraiment temps qu'on en parle.

J'ai lu beaucoup de tes entrevues, et tu as parlé de la quantité incroyable de messages et témoignages que tu recevais depuis Fugueuse. Comment gères-tu ça émotionnellement?

C'est certain que c'est vraiment dur à lire; ça arrive pour vrai à ces filles-là. Je trouve ça tellement difficile, mais il faut que je me dissocie de ça parce que sinon ce serait trop dur. J'essaye de les aider, en fait, pas les aider parce que c'est pas mon rôle, mais de leur dire qu'elles sont fortes, parce qu'elles le sont et elles sont super inspirantes d'en parler.

Mais quand j'ai fini de lire les messages, j'essaye de mettre ça de côté et de revenir à ma vie normale, parce que je ne peux pas tout absorber ça. Je le gère bien, je pense.

Qu'est-ce que t'aimerais dire à toutes les filles qui vivent une situation similaire à Fanny, et qui n'ont peut-être pas le courage d'en parler ?

Il faut dire que la fugue c'est vraiment un faux rêve. À première vue, ça peut sembler être la solution... Mais ça ne sera jamais la solution, ça n'amènera jamais quelque chose de bon. Même si ça va mal avec leurs parents, elles doivent réaliser que les parents ne voudront jamais les rendre malheureuses. Ils n'y vont pas de mauvaise foi. S'il y a une solution, c'est certain que les parents vont être dans le décor, il ne faut pas couper la communication. Il faut en parler, parler des problèmes, de ce qu'on ressent, peu importe à qui: proches, amis. C'est la meilleure chose à faire, il ne faut pas avoir peur d'être jugé, les proches ne jugeront jamais.

Tu as déjà partagé sur les réseaux sociaux que la finale t'avait bouleversée profondément. Anticipes-tu le gros boom médiatique de la finale?

J'ai vraiment hâte que les gens la voient. C'est le meilleur épisode, je le trouve beau, touchant... Tout le public va traverser une gamme d'émotions à travers cet épisode-là. Je le trouve réussi et j'en suis fière. Ça conclut bien la série.

Parlant du succès de Fugueuse, comment as-tu géré ça, devenir une Instagirl du jour au lendemain?

Hey, mon Dieu! Je ne le réalise pas encore. Je trouve ça tellement drôle à quel point tout a changé en un mois. Ça démontre encore l'engouement autour de la série. Je trouve ça drôle, la rapidité des réseaux sociaux. Je suis passée de 6 000 abonnés à 93 500 abonnés en quelques semaines.

Ça ressemble à quoi une journée dans ta vie depuis que t'es aussi célèbre?

Je reste la même personne, tant au niveau social que personnel. Ma vie reste la même, mais je n'ai plus le même temps. C'est différent tous les jours, beaucoup d'entrevues, mais en gros je reste la même personne.

Te fais-tu approcher pour des nouveaux rôles complètement différents depuis?

Je me suis fait proposer quelques petites affaires, mais je manquais vraiment de temps. En ce moment c'est la saison des auditions, donc il y a des choses qui rentrent, et j'ai laissé des portes ouvertes, mais c'est certain que je vais aller au contraire de Fanny.

Au contraire? Parce que tu veux briser l'association des téléspectateurs à cette image?

Oui, je comprends que les gens vont m'associer à Fanny au début, mais c'est à moi de faire des choix pour montrer que je suis capable de faire d'autre chose.

Quel genre de rôle t'intéresserait?

J'aimerais jouer dans un film, mais je ne sais pas... Honnêtement je vais regarder ce qu'on me propose et y aller avec mon coeur. J'aimerais tellement jouer un rôle d'époque. Peut-être pas tout de suite, mais j'aimerais vraiment faire ça un jour.

Crois-tu que le public te reverra dans une autre saison de Fugueuse?

À la base, on avait toujours dit que ce serait juste une saison, malgré le succès. Sauf que là, ça a l'air de... En tout cas, on m'a rien dit et j'ai aucun pouvoir là-dedans. Je ne sais pas s'ils vont se laisser tenter comme c'est un énorme succès.

[ NDLR ]: Suite à notre entrevue avec Ludivine, nous avons appris que l'auteure Michelle Allen avait proposé une ébauche de la saison 2 à TVA.

Izabelle Bee
Rédactrice en chef, Narcity Québec
Izabelle Bee est la rédactrice en chef de Narcity Québec. Elle est spécialisée en téléréalités québécoises, beauté et restos, et réside dans le Grand Montréal.
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