La fois où j'ai dû trancher entre mon chum et mon meilleur ami

Dans les séries télévisées américaines, le drama est la clé du succès. C'est la raison pour laquelle on revient chaque semaine écouter le nouvel épisode religieusement. Miraculeusement, tout finit toujours bien. Dans le monde réel, c'est pas toujours le cas.
On a tous déjà entendu parler du concept de triangle amoureux. C'est un peu ce à quoi j'ai du faire face, mais avec mon chum et mon meilleur ami. On m'a forcé à choisir entre les deux personnes à qui je tenais le plus au monde, sans quoi, je risquais de les perdre, tous les deux.
Je connais mon meilleur ami depuis aussi longtemps que je me souvienne. On traînait toujours ensemble quand on était plus jeune, parce qu'on habitait sur la même rue. Au début, c'était mon voisin de banc d'autobus, mais il est rapidement devenu mon meilleur ami et l'idée de développer autre chose que de l'amitié entre nous ne m'a jamais traversé l'esprit. Je l'ai toujours considéré comme mon frère.
Alors on a grandi en s'appuyant l'un l'autre. On faisait des cabanes avec toutes les couvertures et les oreillers qu'on pouvait trouver et on suppliait nos parents d'y passer la nuit, même s'ils n'étaient pas enchantés par l'idée de nous y laisser seuls. Avec le temps, ils ont compris qu'on se considérait simplement comme des membres de la famille.
On a passé au travers le secondaire et tous les changements ensemble. On se parlait de tout et de rien, sans aucune gêne. Quand j'avais des questions plus pointues sur les gars en général et qu'en discuter avec mes parents n'était pas une option viable, il était toujours à l'écoute et avait toujours les mots justes. Il savait comment me réconforter. Le contraire est d'autant plus vrai.
Puis un jour, alors qu'on avait déjà bien entamé la première année de cégep, j'ai commencé à parler à un gars dans mon cours de philo. Dieu sait que c'était vraiment pas ma tasse de thé ce cours-là et si je pouvais me faire un ami avec qui « étudier », c'était tant mieux. Sauf que cette fois-là, c'était différent. Quand il me faisait rire, je gloussais et quand il me complimentait, je rougissais. J'étais même devenue excitée de me rendre à mon cours de philo, parce que j'allais avoir une raison valable de lui glisser quelques mots.
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Le temps fait bien les choses et après quelques mois de fréquentation, on est officiellement devenu en couple. J'avais déjà eu quelques amourettes auparavant, mais rien de comparable. Ça a été mon premier. Par lui, par nous, par la vie. J'étais vraiment amoureuse, mais quand je voulais un peu d'espace, je savais que mon meilleur ami allait être dans les parages, pas bien loin à m'attendre. J'avais le meilleur des deux mondes.
Quelques jours après avoir franchi le cap des 6 mois de relation, mes genoux ont flanché. Alors que je pensais vivre le rêve, mon chum m'a avoué qu'il était jaloux de la relation que j'entretenais avec mon meilleur ami. Qu'il voyait notre complicité comme une menace et qu'il était persuadé que ce premier était secrètement en amour avec moi... Je sais, ridicule. J'ai bien essayé de lui faire comprendre que je le voyais uniquement comme un frère. Rien à faire. Je devais trancher. C'était un ou l'autre.
J'ai pris cette annonce comme un avertissement durant la première semaine qui s'en suivit. Je faisais un peu plus attention à l'affection que je démontrais à mon meilleur ami, tout en continuant de le voir. Puis, mon chum est revenu à la charge, encore plus déterminé qu'avant. Je savais vraiment pas quoi faire. Je le détestais de m'obliger à choisir. S'il m'avait vraiment aimé, il m'aurait laissé continuer de passer du temps avec l'autre. Parce que c'est comme ça que je l'ai finalement appelé mon meilleur ami, l'autre.
« Les copines d'abord » est un slogan que One Tree Hill m'avait pourtant bien enseigné et je pensais que j'allais y adhérer, peu importe les circonstances. Mais quand on dit que l'amour rend aveugle, c'est vrai. Alors, j'ai laissé aller la personne qui m'a aidé a traversé toutes les épreuves de ma vie, pour qui j'aurais été décrocher la lune s'il me l'avait demandé. J'ai simplement arrêté de prendre de ses nouvelles, même si mes doigts brûlaient d'impatience de le chercher dans ma liste de contacts. Je me haïssais.
Ma relation amoureuse a finalement duré 3 ans. Il n'y a eu aucun autre incident du genre et on s'est laissé d'un commun accord en faisant face à la réalité qu'on n'avait pas la même vision de ce qu'était la vie. Je l'aimerai probablement toute ma vie, mais ce n'était juste pas le bon, pour moi.
Mon plus grand regret, c'est de t'avoir trahi, mon meilleur ami. Pas un jour ne passe sans que je veuille t'écrire, reprendre contact, te raconter les péripéties que vit la jeune universitaire en moi. Mais je reste là, sans mot, face à mes décisions.
Il m'arrive même de penser qu'il avait peut-être raison, au fond, mon ex. Que toi et moi, on aurait pu être en couple. Qu'on aurait pu être le miracle amoureux dans cet univers si sombre. Qu'on aurait pu être heureux. Et en attendant de trouver le courage de cliquer sur le point vert à côté de ton nom, je m'excuse et je te souhaite tout le bonheur du monde, parce que tu le mérites. Je pense à toi, ta meilleure amie.
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