Un Québécois en couple avec plusieurs personnes en même temps répond à toutes nos questions

« À mes yeux, se battre pour une femme c’est la considérer comme un objet. »

Un Québécois en couple avec plusieurs personnes en même temps répond à toutes nos questions
Rédactrice en chef, Narcity Québec

C'est difficile quantifier l'amour, ou même de lui donner une forme qui va convenir à tous. Pour certain.es, la plus belle démonstration d'amour est la relation monogame et fidèle. Mais avec les années qui passent, on voit les relations évoluer, et l'amour comme on croyait le connaître se transformer : relations ouvertes, ami.es avec bénéfices, échangisme, et toutes autres déclinaisons possible.

Dans ma quête de mieux comprendre les relations 2.0, j'ai eu la chance de rencontrer Hugo*, un polyamoureux montréalais qui a accepté de me partager des détails de sa vie amoureuse.

C'est important de mentionner ce qu'est le polyamour, parce que le terme porte parfois à confusion. Alors qu'on a tendance à l'associer à l'échangisme, le polyamour est plutôt l'action d'entretenir plusieurs relations amoureuses à la fois.Tous.tes les partenaires sont au courant de la pratique et existence des autres partenaires, et consentant.es. Il ne s'agit donc pas d'infidélité, c'est simplement que la monogamie ne les intéresse pas. Selon cette vision de l'amour, une seule personne ne devrait pas avoir à combler tous les besoins d'une autre.

Dans cette entrevue, Hugo fait tomber les stéréotypes et confie que cette pratique qui est pas mal plus commune qu'on pourrait penser.

Tout d'abord, parle-moi de ta vision de l'amour si différente de celle dite « traditionnelle »

« L’amour, c’est une émotion que tu ne contrôles pas vraiment. Je ne crois pas que ma vision de l’amour soit différente de la société actuelle. J’aime croire que tout le monde aime plusieurs personnes, mais souvent de manières différentes. C’est la nature de la relation qu’on entretient avec ceux et celles qu'on aime qui est différente.

« On est souvent à la recherche de LA personne qui va combler tous nos besoins affectifs, mais on a un ami pour le party, un ami pour les randonnées, un ami pour potiner... On tente souvent aussi d’être LA personne qui va répondre à tous les besoins de notre partenaire. J’ai déjà été cette personne et ça ne me convient tout simplement pas. »

Comment as-tu su que tu étais polyamoureux?

« Tout a commencé un peu malgré moi. Je sortais d’une relation de trois ans où elle m’a trompé, mais ce n'est pas ça qui a mis fin à la relation. C’est le fait qu’elle planifiait recommencer dans mon dos.

C’est là que j’ai rencontré une femme qui ne voulait pas s’engager et pour la première fois de ma vie j’avais une fréquentation non exclusive. J’ai ensuite rencontré une autre femme deux mois plus tard et je lui ai expliqué que je fréquentais quelqu’un, mais que ce n’était pas exclusif. Je vivais donc une relation avec deux femmes qui connaissaient l’existence de l’autre et qui ne s’empêchaient pas de voir ailleurs.

Je me suis rendu compte que je suis probablement polyamoureux depuis toujours. »

Parle-nous de tes relations exclusives?

« J’ai toujours été quelqu’un qui bâtit ses relations sur la confiance et c’est pourquoi je n’ai jamais eu de misère à vivre des relations exclusives.

« Mais j’ai aussi vécu ces fameux moments où tu discutes avec plusieurs personnes sur Tinder et que tu leur annonces que tu dois fermer ton compte et dire adieu à de belles personnes parce qu’une personne que tu connais à peine t’intéresse vraiment et que tu sais que ce geste va lui démontrer tout le sérieux de ta démarche. »

Combien de relation as-tu actuellement? 

« J’ai présentement deux relations, des relations où on se dit "je t’aime" et où l’on planifie que ce sera du long terme. »

Est-ce que ton amour est égal envers tous.tes tes partenaires?

« Mes partenaires riraient à cette question parce qu’elles connaissent ma réponse : je peux quantifier le nombre d’heures que je passe avec mes partenaires, mais je ne peux pas quantifier l’amour que je leur porte. »

Te sens-tu parfois en compétition avec les partenaires de tes amoureuses?

« Non, justement parce qu’il y a un énorme respect mutuel. Il nous arrive de manger tous ensemble et de parler de notre semaine ou de nos projets. La compétition existe quand tu as quelque chose pour lequel te battre. À mes yeux, se battre pour une femme c’est la considérer comme un objet. C’est dire que mes gestes pèsent plus lourd dans la balance que sa décision personnelle. Je n’ai pas à compétitionner pour être celui avec qui elle veut passer le plus de temps, parce que je lui laisse faire le choix. »

Comment abordes-tu le sujet de l'exclusivité amoureuse avec tes fréquentations?

« Je ne fréquente pas de personnes monogames parce que c’est jouer avec le feu. C’est risquer de blesser quelqu’un juste pour un peu de plaisir. Lorsque j’ai une date, je mets tout de suite le sujet de l’avant en lui demandant de décrire sa vie amoureuse. Je suis quelqu’un de discret sur le sujet, mais je me suis promis que je ne mentirais jamais là-dessus. »

Aimerais-tu avoir des enfants? Dans quel type de relation?

« Oui, et avec ce que j’ai vu et entendu, ça a été très facile pour moi de mettre de côté la croyance qu’un enfant ne peut être élevé dans un contexte polyamoureux. Il y a encore des gens qui croient qu’un couple homosexuel ne peut pas élever d’enfant. Donc s’il y en a qui croient que ça ne se fait pas dans un couple polyamoureux, ils le font seulement par ignorance. »

Serais-tu capable de tomber amoureux d'une personne qui demande l'exclusivité? Irais-tu jusqu'à lui mentir? 

« Je suis capable de tomber amoureux d’une personne qui demande l’exclusivité, mais je ne me lancerais pas en relation avec cette personne parce que le jour où je vais tomber amoureux de quelqu’un d’autre, nous allons tous les deux souffrir pour rien. Si je mens dans un but égoïste, je m’éloigne du type de relation que je veux avoir. »

Au final, que conseillerais-tu à quelqu'un qui est dans la position où tu étais il y a un an : celle où on réalise qu'on est potentiellement polyamoureux?  

« Le meilleur conseil que j’aurais pour les gens qui veulent vivre le polyamour, c’est de se renseigner sur le sujet et d’accepter le fait qu’il est normal de faire des erreurs, mais que nous ne sommes pas obligés de toutes les faire. »

*nom modifié pour préserver l'anonymat


À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.

Izabelle Bee
Rédactrice en chef, Narcity Québec
Izabelle Bee est la rédactrice en chef de Narcity Québec. Elle est spécialisée en téléréalités québécoises, beauté et restos, et réside dans le Grand Montréal.
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