À toi, ma chère grande petite sœur Caroline,
Je ne sais pas pourquoi, mais si j'avais une grande sœur, elle serait plus petite que moi et elle s'appellerait Caroline. C'est gentil une Caroline. C'est responsable. C'est réconfortant. Je veux ma Caroline.
J’ai besoin de te parler sœurette... Serre-moi fort s'il te plaît, parce que ça ne va pas super ces temps-ci. J'ai vraiment besoin de me confier. On dirait que tu me manques, même si tu n'existes pas. J'ai comme un grand vide à l'intérieur de moi. Je ne sais pas pourquoi, car pourtant ça va plutôt bien. J'ai un fils merveilleux, un nouvel appart, une blonde qui m'aime, des parents qui donneraient tout pour moi, mais il manque quelque chose...
Je pense trop. On dirait que je n'ai plus d'amis. Pourtant, j'en ai tout plein. Je me sens seul. C'est entièrement de ma faute, car je garde tout en dedans et je m'enferme sous ma carapace. Une cristie de grosse carapace impénétrable et incassable de tortue ninja. Il me semble qu'une grande sœur serait nécessaire afin de me faire cracher ce gros moton qui me hante de l'intérieur pour enfin m'aider à mieux respirer.
Il me manque cette personne avec qui j'ai un lien de sang. Qui me comprend et qui me feel simplement en entendant le timbre de ma voix. Cette personne avec qui je partage les mêmes souvenirs et que je vois mes yeux à travers les siens.
Je m'ennuie de mon fils. Je l'ai 50% du temps, mais ce n'est pas suffisant. Je m'ennuie la seconde où il quitte pour aller chez sa mère. Je pleure à chaque fois. Je pense à lui, tout le temps. Être père monoparental et enfant unique n'est pas facile sur le mental. Le nombre de sorties que j'ai du faire seul, sans personne avec qui partager ces beaux moments passés avec fiston. Le voir vieillir, grandir, sourire... J'aurais aimé partager tout ça avec toi. Que tu me dises : J'passe vous pogner, on s'en va à La Ronde! Il me semble aussi que les soupers de famille avec p'pa pis m'man auraient été plus le fun avec toi et les enfants autour de la table. J'aurais eu enfin quelqu'un pour déconner et rire de nos vieux.
J'aimerais que tu m'aides à traverser les épreuves de la vie. Que tu me donnes des coups de pied au cul quand je feel dépressif. Kick-moi dans la face et prends-moi dans tes bras en même temps. Je veux que les choses changent et avancent, mais je fige, je suis incapable de faire quoi que ce soit. Prends-moi par la main et aide-moi à me relever sœurette parce que là, je suis en train de toucher le fond.
Je me trouve poche. Je me trouve inutile. Je me cherche encore et j'ai crissement hâte de trouver ma vocation. J'en ai une. La plus belle et motivante au monde : être papa. Mais là, je dois trouver la pièce du casse-tête qu'il me manque dans ma quête du bonheur. Aide-moi ma sœur. En échange, je vais garder tes petits, leur acheter les cadeaux les plus cool qui existent, venir m'occuper de ta piscine, couper ton gazon, casser la gueule à ceux qui te font du mal, t'emmener dans le sud pour ta fête, être le meilleur petit frère au monde...
Je suis fou. Je m'invente une grande sœur, mais ça me fait du bien. Écrire est le seul moyen efficace que j'ai trouvé pour exprimer mes émotions. Le reste du temps, je porte un masque pour cacher mon air de cul. Ce n'est pas un cri à l'aide, je vais encore une fois m'en sortir comme un grand garçon. Il y a des choses pires que ça dans la vie. En fait, je me dis que je suis chanceux. J'ai la santé et un fils, parents, blonde, amis, fausse sœur qui sont présents pour me faire oublier ma misère et me faire voir les bons côtés de la vie. À moi de maintenant m'ouvrir un peu... Cette lettre est le commencement d'un nouveau départ. Merci, je vous aime.
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