Un météorologue nous explique comment l'hiver au Québec a un réel impact sur ton humeur
La Belle Province s'embarque dans un long périple dans les confins de l'hiver et malgré la magie que transporte un tourbillon de flocons, cette période de froid et de noirceur amène souvent avec elle grisaille et déprime, et ce, pour nombre de Québécois.es.
Dès que le sol se recouvre de feuilles mortes et que les jours se raccourcissent, certaines personnes semblent avoir plus de difficulté à vivre des éclaircies de joie, des pluies de rire. C'est que la dépression saisonnière est sur toutes les lèvres, et ce, dès le début de l'hiver, mais est-ce un mythe?
Narcity s'est entretenu avec l'expert en biométéorologie et auteur du livre Les baromètres humains : Comment la météo nous influence, Gilles Brien, afin d'en savoir plus sur les réels effets de l'hiver sur le corps et l'esprit.
\u201cPremier tapis blanc dans la r\u00e9gion de Montreal mercredi \nD\u00e9but de la neige vers 5-6h00\nFin de la neige vers 15-16h\nTotal 8-10 cm\nImpact: choc \u00e9motionnel garanti\u201d— Gilles Brien (@Gilles Brien) 1668526628
Est-ce que la dépression saisonnière est un mythe?
« Le début de l'hiver, les mois de novembre et décembre, joue réellement sur le moral des Québécois. Il y a même une maladie liée au manque de lumière en hiver, le syndrome affectif saisonnier. Le premier cas, en 1981, a été traité avec de la luminothérapie sur un patient qui, à l'arrivée de l'automne, vivait des états dépressifs, des idées noires qui l'empêchaient même de travailler. Beaucoup de Québécois souffrent de cette maladie. »
Quels sont les effets de la météo sur l'humain?
« Le manque de clarté, le froid, c'est très dur pour l'esprit. Il y a effectivement plus de tentatives de suicide avec l'arrivée de l'hiver. Mais c'est aussi difficile pour le corps. À l'automne, ce n'est pas seulement la lumière qu'on perd, ce sont tous les nutriments, les vitamines et l'oxygénation du corps qui diminue de beaucoup. On est vraiment au pire moment de l'année pour le corps. [...] C'est comme s'il se préparait à faire un choc thermique. [...] C'est aussi la saison où l'on gagne le plus de poids. [...] L'hiver, c'est simple là, au Québec c'est un tueur en série. Tu as plus de chance de mourir en hiver qu'à n'importe quelle saison au Canada. »
Peut-on voir réellement cet impact sur la société québécoise?
« Au Québec, janvier c'est le mois des divorces. Ces ruptures se préparent assurément en novembre et décembre. [...] L'état mental dépressif dans lequel plusieurs se trouvent joue sur ces décisions de couple. Il y a même beaucoup plus de tragédies, d'attentats au début de l'hiver. Lorsqu'il y a eu l'attaque au sabre le jour de l'Halloween en 2020, ça faisait quatorze jours qu'on n'avait eu aucune éclaircie à Québec. C'est vraiment un temps difficile où l'on observe même plus de cas de rage au volant. [...] Les gens vont même dépenser plus pour compenser. »
Est-ce qu'il y a des solutions pour contrer la déprime saisonnière?
« La luminothérapie, ça fonctionne vraiment. Au lieu de dormir une heure de plus, on devrait profiter de plus de lumière le matin, aller dehors. [...] À l'extérieur, il y a environ 15 à 20 % plus d'oxygène qu'à l'intérieur. Tu en sors vivifié. C'est un coup de fouet au métabolisme et ça fait du bien. Tout le monde devrait sortir dehors chaque jour. »
Qu'est-ce qu'on devrait faire pour améliorer la situation?
« Il y a plein de peuples dans le monde, comme en Scandinavie ou en Russie avec la luminothérapie et les bains scandinaves par exemple, qui ont adopté des outils et pratiquent des activités spécifiquement pour les aider à traverser cette période et à revigorer leur organisme. »
« Ce n'est pas en été qu'on a besoin de fêtes et de festivals, ce devrait être à la période la plus difficile de l'année, c'est-à-dire l'hiver. Le Québec devrait prendre plus de mesures pour adapter sa société parce qu'on passe six mois de l'année à l'intérieur. On pourrait même revoir la vocation de certains centres commerciaux qui sont en train de se vider. Mettre des jardins, des arbres intérieurs, de la lumière et des piscines. »
À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
