Une étude réalisée par Movember* et publiée en mai 2020 a révélé que près de la moitié (40%) des hommes canadiens affirment ne pas avoir été questionnés au sujet de la manière dont le confinement a affecté leur moral cette année.
Lorsqu'il est question de santé mentale, chacun fait face à des expériences uniques et particulièrement délicates. Toutefois, il semblerait que les hommes soient confrontés à des pressions sociales supplémentaires dues aux stigmates existants, ce qui les empêcherait de partager ouvertement leurs états d'âme.
D'ailleurs, les hommes représentent 75% des suicides au Canada et c'est pourquoi, consciente de ce phénomène, la compagnie STōK Cold Brew Canada à décidé de se mobiliser afin de sensibiliser le public et de s'associer à Movember — la principale organisation caritative œuvrant à changer les mentalités en matière de santé masculine partout dans le monde — en mettant l'accent sur la santé mentale, la prévention du suicide, le cancer de la prostate et le cancer des testicules ce mois-ci.
De cette association est née une série de vidéos mettant en vedette deux entrepreneurs canadiens de renom, le chef Sean MacDonald et le YouTuber Trey Richards, dans lesquelles les Canadiens sont invités à exprimer ce qu'ils ont sur le coeur afin d'alimenter les conversations et de déstigmatiser la santé mentale des hommes.
Afin d'en apprendre davantage à ce sujet, nous nous sommes entretenus avec Trey et Sean qui ont accepté de partager avec nous leurs expériences et les raisons pour lesquelles ils ont choisi de s'engager dans le partenariat entre STōK et Movember.
Sean, le propriétaire de ēst, un restaurant moderne et minimaliste de Toronto, nous raconte comment faire pour rester positif tout en étant un entrepreneur actif.
Trey, comédien, podcasteur et entrepreneur, raconte comment le fait de rester authentique le maintient sur la bonne voie lorsqu'il est question de sa carrière.
Vous incarnez tous deux la notion de bosseur. Pouvez-vous nous dire comment vous en êtes arrivés là et ce que vous faites exactement?
Sean : J'ai toujours été déterminé à atteindre mes objectifs. J'ai voulu ouvrir un restaurant à un certain âge et je l'ai fait. Puis la COVID-19 a frappé. Lorsqu'on a pu ouvrir les terrasses, nous étions complets tous les soirs. J'ai reçu la visite d'un ami chef de Calgary et j'ai commencé à collaborer avec des chefs de tous les horizons. Ensemble, nous avons décidé de nous soutenir et de faire la promotion des uns et des autres durant la pandémie.
Trey : Honnêtement, je ne sais pas comment j'en suis arrivé là (rires). Tout au long de notre vie, mon frère et moi, on s'est amusés à déterminer ce que nous aimons créer et ce qui ne nous plaît pas. On a fait une série d'essais-erreurs en cours de route. Finalement, notre travail est arrivé à un point où nous avons développé un style spécifique de montage et de comédie. Nous avons ensuite trouvé notre public et nous nous sommes lancés.
Comment gérer la frénésie et le stress qui accompagnent le fait d'être un entrepreneur et une personnalité publique?
Sean : Le fait d'être un cadre et un entrepreneur entraîne un changement de mentalité. La pression est forte et je n'ai pas été très doué pour gérer tout ça durant la pandémie. Mais en tant que patron, je me suis efforcé de trouver des moyens pour assurer la survie de mon personnel, de mon entreprise et de moi-même. J'ai réalisé qu'il est très important pour moi de faire de l'exercice et de manger sainement, c'est bon pour mon équilibre émotionnel et cela m'aide à rester positif. C'est important de pouvoir se libérer.
Trey : Je suis un gars super posé, donc la tension et le stress ne m'atteignent pas vraiment. Mais quand ça arrive, je reste moi-même et je me tiens avec mes amis. J'ai l'impression que si vous avez un petit cercle autour de vous et que les gens vous connaissent bien, ils vous traitent à votre juste mesure. Ils me font garder le contrôle.
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SToK Cold Brew (photo prise à la Movember House)
Que répondez-vous aux personnes qui prétendent que les vrais hommes n'ont pas d'émotions?
Sean : Je peux certifier que les vrais hommes ont bel et bien des émotions. Je pense que chacun doit être fidèle à ce qu'il est et exprimer ce qu'il ressent au besoin et [de la façon qui] le met à l'aise.
Trey :Yo, grandis, enfin! C'est tellement old school de croire que les hommes n'ont pas d'émotions ou qu'ils ne peuvent pas pleurer. Il y a vraiment une mentalité de masse quand il s'agit de la masculinité, mais il ne faut pas avoir peur d'être différent.
Pensez-vous que vous seriez au même endroit aujourd'hui si vous ne géreriez pas votre santé mentale adéquatement?
Sean : C'est sûr que non. Pour moi, il s'agit de rester aussi positif que possible et de faire du mieux que je peux. Les médias sociaux sont une chose assez difficile pour beaucoup de gens : ils apportent de nombreux points positifs et négatifs. Il ne faut pas trop se concentrer là-dessus. Je me souviens qu'étant enfant, je sortais et jouais dehors tout l'été. Je ne peux pas m'imaginer être un enfant aujourd'hui, à m'inquiéter du nombre de followers que j'ai. À mon avis, ce n'était pas le but de ces plateformes au départ. Tout est une question d'équilibre.
Trey : Oh, non. Absolument pas. Absolument pas. Sans la gestion de ma santé mentale, j'aurais brûlé mes ailes rien qu'en affrontant des difficultés personnelles. Si je n'étais pas disposé à parler de ma santé mentale, je ne sais pas où j'en serai, à vrai dire. Mais c'est normal de se battre sur la gestion de sa santé mentale. Alors, quand je vois des amis ou des gens qui traversent des épreuves, je me dis : « Hey, je ne vais pas le prendre personnellement ».
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SToK Cold Brew (photo prise à la Movember House)
Que pensez-vous de la stigmatisation dont sont victimes les hommes qui discutent de leur santé mentale?
Sean : La vidéo de Movember constitue la première fois que je parle publiquement de ma santé mentale et de tout ce qui s'y rapporte. Mes amis proches savent ce qui se passe dans ma vie et, quand j'ai besoin de parler à quelqu'un, je vais voir mes parents. Je pense qu'il y a un stigmate selon lequel les hommes doivent être forts — les gens en général — surtout dans les médias sociaux. Les gens affichent quand ils sont heureux, donc je pense qu'il est important que les individus ne dissimulent pas leurs émotions [négatives] et [en] parlent ouvertement. Dites comment vous vous sentez : les gens peuvent vous aider. Nous sommes tous dans le même bateau. Les humains sont sur cette terre pour se soutenir les uns les autres.
Trey :Yo, honnêtement, je suis jamaïcain et colombien et j'ai grandi dans un foyer rude où il n'était pas toujours facile de montrer ses émotions. Mais quand j'étais gamin, j'étais très émotif et très franc sur mes émotions. Je ne pouvais pas m'en empêcher. Mon père était très dur avec nous et répétait : « Sois un homme, sois un homme ». Ma mère était pareille et disait : « Arrête de faire le bébé ». Moi, j'étais du genre : « Mais je suis un bébé et je me sens un peu triste en ce moment », tu comprends? Le fait de parler de mes émotions m'a aidé à briser la stigmatisation qui pesait sur moi personnellement et j'encourage les autres hommes à faire de même.
Quels outils/conseils vous donneriez-vous à vous-même, plus jeunes?
Sean : J'aurais aimé ne pas me mettre autant de pression. Bien sûr, une certaine pression m'a permis d'arriver là où je me trouve. Sois aimable avec les autres, traite les autres comme tu souhaiterais être traité. J'ai l'impression que les choses positives attirent les choses positives.
Trey : Je pense avoir bénéficié d'outils et de soutien à un jeune âge, à vrai dire. J'avais beaucoup de choses à gérer au secondaire, mais mes amis ne me permettaient pas de me retrouver seul avec mes émotions, on me demandait toujours si ça allait. Je ne changerais pas grand chose, pour être honnête. Je lirais probablement plus de livres. (Rires)
Qu'est-ce qui vous a incité à vous engager dans le projet Movember?
Sean : J'ai toujours laissé pousser ma moustache lors du Movember — en la décolorant en blond, en laissant pousser des moustaches bizarres pour le plaisir — et puis j'ai réalisé ce [que les gens derrière le projet] faisaient pour soutenir la recherche sur le cancer. Je trouve extraordinaire que leur plus grande cause soit désormais la santé mentale, car je pense que les gens réalisent enfin que la santé mentale est un véritable enjeu et que nous devons trouver des moyens d'aider les gens. Peut-être que quelqu'un verra mon implication et constatera qu'il n'est pas seul dans tout ça.
Trey : Je veux juste incarner le changement que je souhaite observer. C'est bien de dire des choses mais c'est [encore] mieux d'agir. Je veux juste encourager les gens à ne pas avoir peur de parler et de se manifester s'ils traversent une période difficile. Lorsque l'opportunité de m'associer à Movember s'est présentée, je traversais moi aussi une phase difficile avec la COVID-19. Il se passe beaucoup de choses dans le monde, et c'était le moment idéal pour dire : « C'est ce que je ressens et c'est normal de se confier et de se dévoiler ».
Tu te demandes comment tu peux devenir un vrai défenseur de la santé mentale tant pour toi que pour tes amis ou les hommes qui t'entourent? Essaie d'utiliser l'acronyme ALEC : Ask, Listen, Encourage Action, Check-In (Demande, Écoute, Encourage l'action, Redemande des nouvelles). Sinon, essaie l'outil numérique interactif gratuit Movember Conversations (disponible en anglais et en français) qui propose des conversations simulées pour découvrir et s'entraîner à gérer une conversation difficile avec un proche.
Parler de tes émotions ne te rend pas "moins homme". Cela peut au contraire t'aider à devenir un homme meilleur, un leader, quelqu'un qui est prêt à engager une conversation importante et à encourager les autres à le suivre. Cette année, prends contact avec tes bros et lance la conversation autour d'un bon café infusé à froid STōK.
Ensemble, nous pouvons changer le visage de la santé mentale des hommes.
Si tu cherches un soutien pour toi-même ou un ami et que tu ne sais pas par où commencer, Movember peut t'aider.
Joins-toi à la conversation et soutiens la cause en utilisant les mots-clics #SToKCanada et #Movember. Apprends à donner en retour sur le site Web de Movember, ou suis le mouvement sur Instagram ou Facebook. Pour plus de détails sur STōK Cold Brew, consulte le site Web de l'entreprise ou suis-la sur Instagram et Facebook.
*Enquête réalisée par le Centre de recherche sociale appliquée (et commandée par Movember) par le biais d'un panel en ligne composé de 5 737 personnes âgées de 18 ans ou plus au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et en Australie (environ 1 430 répondants dans chaque pays). Parmi eux, 809 hommes au Royaume-Uni, 804 hommes aux États-Unis, 794 hommes au Canada et 806 hommes en Australie. Les quotas de réponses ont été fixés en fonction de l'âge, de la région et du sexe et les données obtenues ont été pondérées pour refléter les profils de chaque pays. Le travail sur le terrain s'est déroulé du 22 avril au 4 mai 2020.
Si vous ou l'une de vos connaissances souffrez de pensées suicidaires, veuillez contacter un proche, un parent ou un professionnel de la santé en qui vous avez confiance. Vous pouvez également contacter une ligne d'assistance téléphonique accessible 24 heures sur 24 afin de parler. Vous pouvez également cliquer ici pour obtenir des ressources de soutien supplémentaires. Si vous avez besoin d'une aide immédiate, veuillez appeler le 9-1-1 ou vous rendre à l'hôpital le plus proche. Des services de soutien sont disponibles.