« C'est un bar versatile, ce que ça veut dire, c'est un bar avec l'ambiance changeante », nous a expliqué le nouveau visage de ce local voué à faire la fête. Alors que l'été, l'équipe se concentre sur leur menu à cocktails et la bonne musique avec des DJs invités, il y aura une thématique différente mensuelle le reste de l'année afin de mener à un party spécial toutes les fins de mois.
Barman pendant plusieurs années, Maxem avait tiré sa révérence des bars jusqu'à l'hiver dernier où il s'est impliqué derrière le comptoir d'une adresse appartenant à un ami. C'est finalement après quelques mois, un beau matin, que sa partenaire d'affaires sur d'autres projets lui a proposé d'acheter un bar, ce qu'il a accepté.
Il s'est donc entretenu avec Narcity pour nous parler de toutes les choses qu'il aurait aimé savoir avant d'embarquer dans ce projet d'envergure.
La gestion des messages sur les réseaux sociaux
L'un des premiers points qui a surpris l'entrepreneur est l'engouement que peuvent recevoir les réseaux sociaux lorsqu'on annonce une nouvelle ouverture :
« Une des premières choses, c'est la gestion de mes DMs sur Instagram et sur Facebook, parce qu'une nouvelle business qui ouvre, ça crée de l'emploi puis les gens voient une opportunité là-dedans. Je suis quand même bon avec les réseaux sociaux, mais de devoir répondre encore, encore et encore toujours aux mêmes questions àdes dizaines de personnes qui veulent travailler ou qui ont des questions, c'est vraiment cool parce que je vois leur intérêt, j'apprécie ça, c'est super encourageant, mais seigneur que ça prend du temps. »
Étant donné qu'il n'était pas préparé à faire un aussi gros trou dans son horaire afin de lui permettre de répondre à tous les messages, il a expliqué avoirdû repousser certaines « tâches plus importantes ».
Garder son sang-froid
« Dans le même ordre d'idées que les messages sur les réseaux sociaux, c'est de gérer mes méthodes de communication puis mon sang-froid en tout temps. Veux, veux pas, Saint-Jean, c'est petit puis le milieu des bars encore plus. Ce n'est pas trop long que tout le monde sache tu es qui dans le coin », a-t-il enchaîné.
Dès l'annonce de l'acquisition de son propre bar, Maxem a dû s'assurer de bien représenter l'image de son projet, afin d'éviter de créer du bouche-à-oreille qui pourrait affecter le bar :
« Quand tu as ta business, tu es aussi le visage de ta business fait que tu dois constamment faire attention à ce que tu dis, à qui tu le dis puis sur quel ton tu le dis. [Il faut] répondre aux gens en restant courtois, mais garder les informations sans qu'ils se sentent [comme si tu ne leur faisais pas confiance]. »
Les conseils non sollicités
Parmi les autres aspects qu'il aurait aimé connaître un peu plus avant de se lancer dans cette aventure, il y a celui des commentaires et suggestions de la part de monsieur ou madame tout le monde :
« Une nouvelle entreprise, c'est un peu comme un bébé puis, comme toutes premières grossesses, il y a tout le temps des conseils non sollicités. C'est comme "Ah, tu devrais faire ci", "As-tu pensé à faire ça?", "Pourquoi tu ne fais pas ça?", "En tout cas, moi à ta place..." Quand ce sont des messages, j'en prends puis j'en laisse, mais quand les gens sont dans ta face, tu es juste là à hocher de la tête. [...] Tu as déjà ton concept, mais la personne ne le sait pas fait qu'elle veut mettre son grain de sel dans ton entreprise. »
Selon le propriétaire du Teq, il est clair que ces conseils viennent d'une bonne place, mais c'est tout de même important de se rappeler que tu peux en prendre et en laisser. Au final, il s'agit de ton idée et de ton concept que tu mets de l'avant.
À l'inverse, Maxem se dit reconnaissant d'être entouré de personnes qui désirent l'aider. Il est selon lui important de demander de l'aide à des personnes qualifiées et de ne pas hésiter à agrandir son cercle de contacts pour avoir du support.
Le côté administratif
S'il y a bien une section de la gestion d'entreprise qui représente un défi pour plusieurs, c'est tout ce qui touche à l'administration. « J'étais une quiche là-dedans », nous confie Maxem avec humour avant de poursuivre : « Heureusement, ma partenaire Jade Marcoux a déjà une autre entreprise puis elle m'a beaucoup aidé parce que moi, la gestion d'entreprise, je ne connaissais pas ça. »
Il nous a ensuite expliqué qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il y ait autant de paramètres à considérer, en se lançant dans un tel projet sur un coup de tête :
« C'est de gérer les institutions qui viennent autour. Tout ce qui est caisses et banques, ce n'est pas super fan des bars parce que ce sont des investissements à risques pour eux, fait que pour avoir des prêts, c'est compliqué. Ensuite, tu as les services d'urbanisme des villes [...] qui ne sont pas super fans de ça non plus parce que c'est de l'alcool puis c'est la nuit, c'est compliqué. »
Parmi les autres étapes à franchir, il y a aussi celles « d'ouvrir les comptes, Revenu Québec, la Régie des alcools, les démarches pour les fournisseurs », ce qui représente plus de gestion qu'il ne l'aurait pensé.
Les dépenses
Le budget représente également l'un des plus gros défis au moment d'ouvrir un nouveau bar, selon ce qu'a pu observer l'entrepreneur : « Au niveau financier, les factures montent rapidement puis je n'ai jamais été un gars super fort sur l'investissement parce que j'ai peur des risques financiers en général, fait que de faire le grand saut, c'était vraiment out of character pour moi. Je n'ai pas commencé l'année 2023 en me disant "Cette année, je pars ma business." Ça m'est tombé dessus puis j'ai dit "Okay!" »
Lorsque vient le temps de penser aux dépenses, la liste ne cesse de s'allonger : « Quand on commence, ce sont les négociations avec la personne à qui on achète le fonds de commerce. En partant, le premier coût, c'est ce fonds de commerce là. Ensuite, il faut que tu penses au loyer, aux assurances, à Hydro-Québec, l'Internet, les services de paiements comme Interac, il faut qu'on leur donne une cote chaque mois, les systèmes de caisses, l'épicerie, la SAQ, les fournisseurs, les compagnies pour faire le ménage, les DJs, les doormen, photographe, le staff... Ça monte vite, ça donne mal à la tête. »
Pour garder le cap sur toutes les choses à se rappeler et à calculer, il est donc primordial d'avoir un sens de l'organisation hors pair afin de ne rien oublier et d'éviter le plus d'erreurs possible.
La gestion de l'emploi du temps
Le propriétaire a ensuite confié que la mise en place d'un horaire efficace représente une partie importante du travail afin de ne pas se perdre dans toutes les autres choses sur la to-do list : « D'apprendre à gérer l'horaire, surtout pour les réponses aux gens, je ne pensais jamais devoir accorder tant d'heures par soir pour "Okay, là je réponds aux gens puis après ça je ne pense plus à mes messages." »
Ayant également un emploi à temps plein de jour, Maxem a précisé qu'il a eu la chance de pouvoir bien jumeler les deux occupations. Cependant, c'est avec quelques heures de sommeil en moins qu'il est arrivé à le faire :
« De gérer le temps avec ma carrière aussi, je travaille temps plein, donc d'allier les horaires ensemble puis de faire des nuits blanches à profusion. [...] C'est sûr que j'ai réduit mes heures pour gérer ça puis mes patrons sont super compréhensifs. »
Le stress
Si le stress relié à une nouvelle ouverture peut être un frein pour certaines personnes, ça a plutôt été une motivation additionnelle pour le visage du nouveau bar Le Teq : « C'est un bon stress puis, sans ce stress-là, on n'aurait pas réussi. C'est un excellent carburant puis c'est là qu'on voit que quand on veut, on peut. »
Il faut tout de même faire attention à ce que ce sentiment ne prédomine pas au fil des premières semaines et, encore une fois, ne pas sous-estimer l'importance d'une bonne organisation afin de trouver un équilibre qui convient en tant que nouvel entrepreneur ou nouvelle entrepreneuse.
Entreprendre le projet par passion
S'il y a bien une chose que Maxem a apprise, c'est que le fait d'être passionné par ce projet l'a beaucoup aidé à avancer et à accomplir tous les détails avant l'ouverture officielle :
« Si je n'avais pas recommencé, dans le temps des Fêtes dernier, à aider mon ami dans son bar, je pense que je ne serais jamais retourné dans les bars puis je n'aurais jamais accepté cette offre-là, fait que c'est vraiment par pure passion, par plaisir. Je n'ai pas l'impression de travailler quand je suis là-bas. »
Les premiers inventaires
Finalement, le dernier point sur lequel Maxem aurait apprécié être davantage préparé est celui des inventaires. « Avec mon expérience dans les bars, je savais déjà un peu c'est quoi les alcools populaires puis j'ai une formation en mixologie aussi. Tous les drinks du menu viennent de ma tête en ce moment, je les ai créés avant qu'on achète notre alcool », a-t-il débuté.
C'est un autre aspect dans lequel il a cependant dû peaufiner l'élaboration d'un système pour savoir ce dont il a besoin : « Un coup qu'on a fait nos inventaires, là on a des feuilles Excel pour absolument tout. Je ne suis pas un gars Excel puis [désormais], je le suis! »
Les nouvelles personnes dans l'univers des bars risquent de trouver la première semaine un peu plus corsée, étant donné qu'en plus d'avoir un budget limité, il est dur de prévoir les quantités nécessaires, d'après ce qu'a expliqué l'entrepreneur :
« La première semaine, c'est là que c'est vraiment le plus difficile parce qu'avec nos moyens réduits, avant même de commencer à faire de l'argent, il fallait acheter tout cet alcool-là. On y est allés avec des quantités plus restreintes et finalement on s'est fait dévaliser. Il a fallu faire trois commandes d'alcool pour les trois soirs de la première semaine, pour vraiment s'ajuster. Ça part vraiment plus vite qu'on le pense des bouteilles puis c'est sûr que c'est un work in progress. »
Il faut donc définitivement être prêt.e à toute éventualité, même lorsqu'il est question de s'occuper d'un endroit pour faire la fête.
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.