Une psychothérapeute québécoise nous confie 6 moyens d’éviter les « situationships »
Ce n'est pas parce que tu es célibataire que rien ne se passe sur le plan amoureux dans ta vie. Tu peux être en fréquentation avec une nouvelle flamme, avoir un ou une ami.e avec bénéfices, ou même te retrouver dans une sitationship qui est une tendance de plus en plus populaire, si on en croit les personnes qui partagent leurs anecdotes de dating sur les réseaux sociaux.
Selon le site Web Choosing therapy, ce terme signifie que tu entretiens « une relation amoureuse qui manque de définitions claires ou d'engagement ». Ça se concrétise entre autres par le fait d'agir comme un couple, avec l'intimité physique et émotionnelle, sans avoir d'étiquette formelle. Dans la plupart des cas, il y a une personne des deux qui veut se rendre à la prochaine étape, tandis que l'autre se satisfait de cette dynamique.
Afin de comprendre ce terme et surtout de savoir comment l'éviter, Narcity s'est entretenu avec Heather Veltman, une psychothérapeute détenant un permis de l’Ordre des psychologues du Québec. En plus de son rôle dans l'univers de la thérapie, elle est également docteure en éducation artistique à l’Université de Concordia.
Écouter les signes que ton corps envoie
Heather explique que, dans une relation traditionnelle, il y a généralement une proximité émotionnelle entre les deux et que la conversation coule naturellement. Cependant, dans les situationships, il y a une espèce de malaise concernant la communication et d'autres aspects, ce qui peut être un bon indicateur que la situation ne te convient pas :
« Qu'est-ce que tu sens dans ton corps quand tu es avec telle personne? Ton corps s'ouvre? Tu te sens bien? Tu ris? Là, si tu es dans ton situationship, le corps se contracte, la respiration est plus sèche et il y a comme un silence. La personne n'est pas capable de dire "Je ne suis pas bien". Il y a un problème avec la sécurité que, dans une relation typique sécure, les deux sont capables de s'exprimer [...], on arrive à se dire les vraies choses. Dans une situationship, c'est comme si on n’arrive jamais [à un point] que ça évolue d'une façon où le corps s'ouvre puis on sourit, c'est le fun et on est en amour. »
La docteure termine en disant que l'anxiété est un bon signe avant-coureur que la relation n'est pas la plus saine et qu'elle ne te fait pas sentir en sécurité. Ta tête peut se faire des scénarios de toutes sortes, mais ton corps ne ment pas sur s'il est à l'aise ou pas. Si tu es toujours en état d'alerte avec celle que tu crois être ta personne, c'est que ce n'est peut-être pas l'amour de ta vie.
Exprimer à l'autre que tu n'es pas bien
Une fois que tu as l'impression que tu ne te sens pas à l'aise face aux gestes de l'autre personne, il est important de nommer ton inconfort et d'être transparent.e.
« La personne malheureuse dans une situationship est la personne plus inquiète [entre les deux]. Elle voudrait plus, mais elle n'arrive pas à le nommer. C'est un peu le people pleaser, c'est difficile de déplaire à l'autre parce qu'il y a une peur du rejet, une blessure d'abandon et donc, il y a une difficulté à mettre ses limites. Pour mettre ses limites, quand on est mécontents de quelque chose [...], il faut être capable de sentir qu'il y a un problème. [...] Éventuellement, être capable de nommer à l'autre "Je ne suis pas bien", pas nécessairement d'être capable de tout élaborer [...], il faut commencer par dire "Je ne suis pas bien, il y a un problème" », a expliqué la psychothérapeute.
Tu auras ta réponse face aux intentions de ton ou ta partenaire après avoir nommé comment tu te sens. Comme nous l'a confié l'experte, il existe un proverbe qui dit « S'il t'aime, tu le sauras et s'il ne t'aime pas, tu seras confuse », ce qui peut être un bon indicateur d'où la relation va. Si ta flamme tient vraiment à toi, elle saura t'écouter, mais surtout prendre en compte tes sentiments.
Retirer les avantages d'un couple
Les situationships se caractérisent souvent par le fait d'agir comment un couple sans avoir le fameux titre. Si tu ne souhaites plus être dans cette dynamique, tu peux commencer par retirer les avantages d'une relation sérieuse, comme les soupers en tête-à-tête, les soirées collées ainsi que les rapports intimes :
« C'est dur parce que la personne est attachée quand même, elle a un espoir de relation [...] puis là je retire un petit peu les avantages, donc là il n'y a pas de dates régulières. Les situationships ont souvent un aspect vague [...], donc s'il n'y a rien de planifié, on fait moins. Mettre des limites, comme par exemple de ne pas texter après 22 h [...], ce n'est pas de complètement renoncer tout de suite, mais c'est de retirer les avantages et de voir ce que [l'autre va faire]. Peut-être que l'autre personne va dire "Non, j'en veux une relation" ou ça va continuer comme avant. »
En mettant ton pied-à-terre, tu changes les règles, tu reprends le contrôle de la situation et tu évites d'être à sa disposition constamment. Tu ne vas tout de même pas agir comme une personne en couple avec quelqu'un qui te traite comme un.e employé.e à temps partiel pour combler les trous dans son horaire, n'est-ce pas?
Ne pas arrêter de « dater »
Ce n'est pas parce que tu fais la rencontre de quelqu'un que tu dois arrêter de t'ouvrir aux autres options qui s'offrent à toi. Heather explique que de continuer à dater est justement sain et évite d'être trop attaché.e rapidement :
« La personne anxieuse a tendance à s'attacher à une personne [...] et elle a tendance à faire ça, au tout début et même avec le dating en ligne [...]. Même quand ça se passe bien avec une personne, [il ne faut pas se concentrer sur une seule rencontre], même si c'est le fun, tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas de bribe d’engagement ou un sentiment que l'autre veut plus. Si ce n'est pas clair, on n’arrête pas de dater. Je ne dis pas de coucher avec plusieurs personnes, mais plus dans le sens de ne pas ouvrir son coeur et s'attacher à une personne quand on ne les connaît pas encore [complètement]. »
La psychothérapeute explique que de garder ses portes ouvertes permet d'avoir une certaine légèreté et de ne pas s'isoler complètement. De plus, voir d'autres personnes te fera peut-être réaliser que d'autres peuvent t'offrir beaucoup plus que ce que ta situationship t'apporte sur le plan personnel et émotionnel.
Mettre les choses au clair
Afin d'éviter que trois mois plus tard, ta date te dise qu'elle n'est pas prête pour une relation ou simplement qu'elle souhaite garder les choses plus casual, il est préférable de mettre les choses au clair dès le début. Donc, de ne pas avoir peur de définir ce qu'on recherche clairement et d'aviser l'autre que tu désires la même transparence de sa part afin de savoir si vous êtes sur la même longueur d'onde.
Cependant, Heather tient à faire une mise en garde concernant ce point-ci. Elle soulève que les gens peuvent contourner la vérité, autant pour te plaire que par peur de décevoir, en disant que, oui, ils et elles sont bel et bien prêt.es pour entreprendre une relation. C'est pourquoi il est important de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier et de te fier autant à ses paroles qu'à ses gestes.
Analyser le comportement de ta flamme
Le non verbal d'une personne parle beaucoup et si une personne est intéressée par toi, Heather dit que ce sera évident autant par ses gestes que par ses paroles. Donc, lorsque tu débutes quelque chose avec quelqu'un, il peut être bénéfique d'analyser son comportement et de voir s'il ou elle est toujours constant.e, ou si ça semble être davantage en dents de scie :
« Au tout début, tous les signes qui sont là, même quand on n’a presque aucune information quand on texte avec un étranger, ces petits comportements-là sont déjà là parce que la personne est intéressée, la personne est sécure, elle a hâte d'avoir une relation, elle a hâte de commencer le processus. Elle va texter d'une façon, elle va vouloir des dates rapprochées [...]. On peut sentir le feeling de situationship, même dans le textage du début, le love bombing, d'envoyer des vidéos, des chansons, des photos et après pas de nouvelles pendant quatre jours. »
L'experte suggère de lire le livre He's Just Not That Into You puisque ça peut aider à mettre le doigt sur certains potentiels red flags, histoire d'éviter que tu mouilles ton oreiller avec tes larmes.
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
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