Près de 500 000 de Québécois ont quitté l'urgence sans traitement - Voici quoi savoir
Attendre des heures à l’urgence pour finalement repartir sans voir un.e médecin? Cela a été la réalité de près d’un demi-million de milliers de Québécoises et Québécois en 2024, selon une toute nouvelle étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM). Ça pourrait bien s’empirer.
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Selon le rapport publié ce jeudi 18 septembre, le nombre de personnes qui quittent les urgences du Québec sans avoir reçu de soins a explosé dans les dernières années
En 2024, les urgences québécoises ont enregistré plus de 3,7 millions de visites. De ce nombre, 428 676 patientes et patients sont reparti.e.s sans avoir été soigné.e.s, soit 11,6 % de l’ensemble des visites.
Pour te donner une idée, c’est presque une personne sur neuf. Et c’est plus que la moyenne nationale, qui est de 7,8 %. Le Québec est d’ailleurs la seule des quatre grandes provinces à afficher un taux de départs prématurés supérieur à 10 %, note l’IEDM.
À l’échelle du Canada, plus de 1,2 million de patients ont quitté les urgences sans traitement en 2024, sur un total de 16,3 millions de visites. C’est une hausse de 35,5 % en cinq ans.
Le profil des gens qui quittent
Chaque personne qui visite l’urgence passe par le triage. Elle est alors classée selon l’Échelle canadienne de triage et de gravité qui compte cinq échelons :
- Niveau P1 — Réanimation
- Conditions qui menacent la vie ou l’intégrité d’un membre du corps et nécessitent des interventions agressives immédiates.
- Niveau P2 — Très urgent
- Conditions pouvant potentiellement menacer la vie ou l’intégrité d’un membre du corps et nécessitant une intervention rapide.
- Niveau P3 — Urgent
- Conditions pouvant s’aggraver au point de nécessiter une intervention d’urgence.
- Niveau P4 — Moins urgent
- Conditions liées à l’âge, à la détresse ou à un risque modéré de détérioration, nécessitant une intervention dans un délai d’une à deux heures.
- Niveau P5 — Non urgent
- Conditions aiguës, mais non urgentes, ou problèmes chroniques avec ou sans signes de détérioration
En 2024, un.e patient.e sur deux qui a quitté l’urgence avant d’avoir été traité.e était classé.e comme un cas moins urgent (P4) ou non urgent (P5).
« Ce résultat n’a rien de surprenant, note le rapport. En raison de la faible gravité relative de leur état, ces patients ne sont pas priorisés par les professionnels de la santé. Ainsi, ils doivent attendre plus longtemps que ceux présentant des cas plus urgents. »
Résultat : beaucoup préfèrent tout simplement abandonner et retourner dans le confort de leur maison. Cette tendance « témoigne d’un manque d’accès aux soins de première ligne et aux soins pour urgences mineures », ajoute l’IEDM, notant que malgré la non-urgence de leur problème, les personnes « ont tout de même besoin de soins, sans lesquels leur état risque d’empirer ».
On cite notamment en exemple une personne qui se présente à l’hôpital avec une coupure au saignement contrôlé et qui nécessite des points de suture (P4) ou un.e patient.e venu.e pour un changement de pansement ou un renouvellement de prescription (P5) qui quitte sans avoir été pris en charge.
Des solutions sur la table
Quitter l’urgence trop tôt peut mener à des complications, voire des hospitalisations plus lourdes et coûteuses par la suite. L’économiste de l’IEDM et auteure du rapport, Emmanuelle B. Faubert, rappelle par voie de communiqué que « ces patients ne partent pas parce qu’ils se sentent mieux, mais bien parce que le système les laisse tomber ».
« Les décideurs doivent avoir le courage politique d’élargir l’offre de soins en faisant appel aux prestataires indépendants et complémentaires, faute de quoi la crise ne pourra que s’aggraver », ajoute Emmanuelle B. Faubert.
L’IEDM propose de s’attaquer au problème à la source en améliorant l’accès aux soins de première ligne, histoire d’éviter que des cas mineurs se retrouvent à l’urgence.
Parmi les pistes suggérées :
- Multiplier les cliniques dirigées par des infirmières praticiennes et infirmiers praticiens;
- Élargir le champ d’exercice des pharmacien.ne.s et
- Autoriser la création de centres médicaux de soins immédiats non gouvernementaux, inspirés du modèle français.
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