12 attaques dans le métro à Montréal: quoi savoir et quoi faire si tu es témoin d'un crime
Depuis le début de 2024, au moins 12 attaques criminelles médiatisées sont survenues à travers le réseau du métro de Montréal, dont deux ont eu lieu dans la soirée du jeudi 4 avril. Plusieurs de ces agressions sont l'oeuvre d'individus armés, ce qui augmente le sentiment d'insécurité de la population dans ces lieux pourtant régulièrement achalandés. Cela est sans compter les cas d'agression qui ont monté en flèche envers le personnel de la Société des transports de Montréal (STM) depuis l'année dernière.
Cette entreprise publique de transport collectif prépare d'ailleurs une campagne pour sensibiliser le public au respect envers ses employé.e.s. Cette opération de communication et de prévention sera officiellement lancée le 15 avril et devrait être présentée au personnel concerné dans la semaine du 8 avril, indique-t-on dans La Presse.
La STM a fait état d'au moins 348 agressions contre ses effectifs l'an dernier, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2022, selon les données fournies au quotidien montréalais. Plus de la moitié des cas concernent des chauffeur.euse.s d'autobus (185 personnes) et la hausse la plus marquée (30 %) touche les constables spéciaux, soit 83 cas en 2023.
Les actes de violence envers ces agent.e.s de sécurité sont survenus lors d'interventions des constables auprès de personnes itinérantes et/ou ayant des problèmes de consommation. L'une des trois attaques envers des usager.ère.s du métro implique justement des individus qui semblaient intoxiqués - et personne n'est intervenue pour porter assistance à la victime. Cela soulève des préoccupations quant à la responsabilité civile des témoins d'événements hostiles sur la place publique, mais aussi le manque de ressource en santé mentale (voir les détails ci-dessous).
Les autres cas d'agressions ayant eu lieu dans les transports publics souterrains impliquent souvent des objets tranchants et ce qui a parfois l'apparence d'une arme à feu. Voici le bilan des événements violents que nous avons répertoriés ainsi que les conseils et réflexions qui s'imposent.
De sauvages agressions
Au moment d'écrire ces lignes, l'attaque la plus récente envers une personne se déplaçant en métro remonte à la fin de soirée du 4 avril. Il s'agit d'une adulte dont les parents sont la journaliste Nathalie Collard et le chroniqueur Richard Martineau. Tous deux ont médiatisé l'affaire aujourd'hui, à commencer par Mme Collard qui indique que l'incident s'est produit station Lionel-Groulx, où « une femme agitée [a assené] un coup de poing en plein visage de ma fille qui attendait le métro », a-t-elle résumé sur le réseau social X (anciennement Twitter), tout en remerciant les personnes qui l'ont aidée à se relever. Elle a également déploré ceci : « Aucun agent de sécurité en vue dans cette immense station ».
Parlant de s\u00e9curit\u00e9 dans le m\u00e9tro: vers minuit hier, station Lionel-Groulx. Une femme agit\u00e9e ass\u00e8ne un coup de poing en plein visage \u00e0 ma fille qui attendait le m\u00e9tro. Merci \u00e0 ceux qui l\u2019ont aid\u00e9e \u00e0 se relever. Aucun agent de s\u00e9curit\u00e9 en vue dans cette immense station :(@stminfo— (@)
À peine deux heures avant cette attaque, un homme de 35 ans en situation d'itinérance a été poignardé vers 20h30 par un groupe d'individus suspects dans l’édicule de la même station de métro. Quatre jeunes, dont un est âgé de seulement 13 ans, ont ensuite été arrêtés au cours de la journée du 5 avril, rapporte Radio-Canada.
Ensuite, on remonte au 16 mars, où une autre agression a été rendue publique par l''humoriste et photographe Alexandre Champagne. Ce dernier a dénoncé publiquement l'attaque dont son père a été victime, alors qu'il se trouvait sur l'un des quais de la station Jean-Talon. Deux individus « visiblement intoxiqués » - d'après le témoignage de M. Champagne sur les réseaux sociaux - lui ont infligé des blessures au visage et un seul d'entre eux a été arrêté six jours après le drame.
L'attaquant a ensuite comparu pour répondre à des accusations de voies de fait et de méfait. Il serait également recherché par les autorités depuis 2020 et même « attendu » à l'Institut Philippe-Pinel à Montréal, selon le message publié par l'artiste sur les réseaux sociaux.
Comment réagir
Si des policier.ère.s ont finalement porté secours à la victime, aucune des personnes témointes de la scène ne serait intervenue. C'est l'homme sauvagement attaqué qui a lui-même contacté les secours. Appelé à réagir à ces circonstances, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) rappelle qu'il est possible de prêter assistance à une personne en détresse, et ce, sans intervenir directement auprès d'elle.
« C'est sûr que la première chose à faire, c'est de communiquer avec le 911. Ça devrait être le premier réflexe. [...] D'intervenir, c'est toujours délicat. On ne peut pas demander aux gens d'intervenir [physiquement] », souligne Véronique Dubuc, porte-parole du SPVM. Elle ajoute que ce type d'action de la part d'un.e citoyen.ne n'est pas souhaitable, dans la mesure où « on ne veut pas non plus que les conséquences soient encore plus graves ».
Cette dernière rappelle qu'il est possible d'utiliser les interphones dans les wagons du métro, ceux-ci permettent d'entrer en communication avec la personne qui opère le train, qui pourra ensuite prendre contact avec le centre de contrôle du métro. Il y a également des téléphones rouges en station ainsi que des téléphones noirs près des guichets pour parler avec un.e employé.e à proximité, selon ton emplacement.
Tu peux consulter les procédures en cas d'urgence sur le site Web de la STM.
Des ados et des « armes à feu »
Quelques semaines plus tôt, deux jeunes âgés d’à peine quatorze ans ont été arrêtés par le SPVM. Le corps policier a pu mettre le grappin sur ces adolescents les 14 et 15 février, après qu'ils aient possiblement commis un total de sept vols à main armée dans le métro de Montréal.
Les délinquants auraient opéré leurs larcins durant deux semaines entre la fin janvier et la mi-février. Plus concrètement, ils se seraient notamment servis d'un objet ayant l'apparence d'un pistolet pour subtiliser les biens d'usager.ère.s du métro. L'enquête a toutefois permis de déterminer qu'il s'agissait d'une imitation d’arme à feu, rapporte le Journal de Montréal.
Ces malfaiteurs auraient également utilisé une bonbonne de gaz irritant pour attaquer certaines des victimes, qui étaient âgées entre quatorze et dix-huit ans.
Un autre adolescent a été arrêté le 14 février dernier pour avoir menacé une personne mineure. La victime, une étudiante de l'école secondaire Westmount, aurait été agressée vers 17 h au métro Lionel-Groulx avec un objet qui s'apparentait également à un fusil, selon l'information obtenue par CTV News. Le suspect a ensuite été arrêté avec une promesse de comparaitre devant le tribunal. Au moment d'écrire ces lignes, on ne sait pas si l'enquête a permis de déterminer la nature de l'objet utilisé par le délinquant.
Un autre cas d'agression est survenu le 22 janvier, vers 23 h, dans un wagon du métro de la ligne orange. Le conflit ayant débuté à la station Henri-Bourassa aurait ensuite dégénéré et un homme de 27 ans a été blessé par un objet tranchant. La victime est ensuite sortie à la station Crémazie, a expliqué Véronique Dubuc du SPVM, sur les ondes de LCN. Un suspect a été arrêté en lien avec cette affaire quatre jours plus tard.
La STM sonne l'alarme
Le réseau de transport collectif de la métropole a tout récemment lancé un appel à l'aide devant l'augmentation du sentiment d’insécurité dans le métro. « On est là pour intervenir, mais là où on a besoin d’aide, c’est avec la prise en charge de cas de problèmes de santé mentale, de toxicomanie. On a plusieurs usagers vulnérables qui ont de graves problèmes de santé et c’est l’une des causes de la dégradation de la perception de la sécurité dans notre réseau », a affirmé le président de la STM, Éric Alan Caldwell, à La Presse.
Ce dernier déplore le manque de ressources en santé mentale et en toxicomanie consacrées à ce service collectif. De plus, il estime que le modèle d’intervention est à revoir pour régler ces problèmes de plus en plus persistants.
Cet article a été mis à jour depuis sa publication originale le 5 février 2024 à 8h.