Le nombre d’évictions forcées a plus que doublé au Québec en 2022 et pas juste à Montréal
Que ce soit le prix des loyers qui augmente, la difficulté d'achat d'une propriété ou encore pour trouver un logement, la crise de l'immobilier fait souvent les manchettes dans la province. Ce mardi 13 décembre, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a publié son rapport Déloger pour s'enrichir: la hausse alarmante des évictions forcées au Québec et celui-ci dévoile des chiffres jugés inquiétants.
Le nombre d'évictions forcées aurait plus que doublé en une seule année, passant de 1 243 cas en 2021 à 3 110 cas en 2022. Il s'agit de « la plus forte augmentation jamais enregistrée », d'après le RCLALQ.
Quels sont les motifs d'expulsion d'un.e locataire?
« Il faut savoir qu'une part importante des évictions forcées sont de nature malveillante ou frauduleuse. Il s'agit d'un stratagème utilisé par des propriétaires pour contourner la loi afin de déloger des locataires qui refusent des hausses extravagantes et faire des profits considérables », explique Martin Blanchard, co-porte-parole du RCLALQ.
Il ajoute que cette pratique serait maintenant devenue « monnaie courante » et s'inscrit dans un stratégie d'investissements des propriétaires pour maximiser les profits.
Il y a-t-il autant d'éviction à Montréal et à Québec, qu'en région?
À Montréal et à Québec, le nombre de cas a doublé, certes, mais dans les villes et régions hors de ces agglomérations, on parle d'une augmentation de 508 %.
« Le phénomène des évictions est étroitement lié à celui de la spéculation immobilière. Au cours des dernières années, la crise du logement et la spéculation immobilière ont progressé et se sont répandues partout dans la province. Logiquement, le nombre d'évictions forcées a suivi », déplore Cédric Dussault, co-porte-parole du RCLALQ.
Les chiffres pourraient être plus élevés dans les secteurs en dehors de Montréal et Québec, car la compilation du RCLALQ représente seulement le nombre de locataires qui ont consulté un comité logement pour déclarer une situation d'éviction.
« Il y a plusieurs régions pour lesquelles le manque de ressources nous empêche de recueillir des données suffisantes, mais les intervenant.e.s sur le terrain nous indiquent que le phénomène est en pleine explosion partout au Québec », poursuit M. Dussault.
Que fait le gouvernement pour réduire les évictions?
\u201c\u00abDepuis plusieurs ann\u00e9es, le RCLALQ et ses membres constatent une hausse de plus en plus importante de locataires qui n\u2019arrivent pas \u00e0 obtenir des services du Tribunal administratif du logement\u00bb, mentionne C\u00e9dric Dussault, porte-parole du RCLALQ.\nhttps://t.co/tCmU0oXboL\u201d— RCLALQ (@RCLALQ) 1670611912
Ces évictions auraient notamment pour conséquences d'augmenter l'itinérance et l'appauvrissement des locataires.
Le RCLALQ souhaite donc interpeller la ministre de l'Habitation de la province, France-Élaine Duranceau, pour que de nouvelles mesures soient prises. Parmi celles-ci, on compte l'interdiction des projets de reprise et ceux qui mènent à l'éviction des locataires, ainsi que l'obligation du contrôle des loyers en mettant en place un registre.
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