Que ce soit à cause de son vernis à ongles ou bien de ses looks à la Lady Pagaille, l'animateur Jay du Temple a fait pas mal jaser cet automne, alors qu'il a mis en lumière ce que plusieurs revendiquaient depuis longtemps : la fluidité vestimentaire. D'ailleurs, la mode des vêtements non genrés explose en popularité dernièrement et de plus en plus de compagnies dans le monde décident d'enlever les étiquettes.
Narcity s'est entretenu avec les fondatrices de la jeune entreprise québécoise Mame, Mélanie et Magalie, qui proposent des vêtements non genrés créés localement et à la main.
Pour approfondir davantage le sujet, Narcity a aussi obtenu une entrevue avec Marie-Michèle Larivée, consultante en tendances et chargée de cours à l'École supérieure de mode (ESG) UQAM.
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Quelle est la différence entre un vêtement et un vêtement non genré?
Selon Marie-Michèle Larivée : « il n’y a pas vraiment de différence, un vêtement, ça reste un vêtement. La différence c’est ce que l’entreprise met de l’avant ».
D'après Mélanie de Mame: « C’est vraiment l’étiquette qu’on y appose. Mettre une étiquette ''ceci est pour les femmes'', ce n’est pas nécessaire, parce que de toute façon, il y aura des hommes qui vont aller piger dedans ».
Mme Larivée complète : « Il n’y a rien qui empêche physiquement, mis à part quelques restrictions physiques, un corps de rentrer dans un vêtement. Le vêtement reste un vêtement, c’est vraiment le stéréotype qui y ait apposé qui fait la différence. »
Elle explique que le vêtement non genré amène une certaine esthétique qui est plus inclusive.
« Habituellement, c’est plus des tons qui sont neutres et des silhouettes qui sont [...] moins cintrées ». On retrouve beaucoup de jumpsuits (combinaisons) et de vestes de travail.
À qui s'adressent les vêtements non genrés?
Les vêtements non genrés s’adressent à tous. « Il y a bien sûr un engouement plus fort chez la jeune génération, mais c’est à tous », souligne Marie-Michèle Larivée.
Mélanie de Mame explique que cette ouverture suit la lignée de son entreprise qui désire mettre de l'avant l'ouverture d'esprit et la diversité, autant corporelle qu'ethnique.
« Je pense que ce qu’il faut comprendre dans le non genré de notre entreprise, c’est pas qu’on fait des vêtements qui ont l’air ni féminin, ni masculin, mais c’est qu’on ne dit pas ''ça c’est pour les hommes et ça c’est pour les femmes''. […]
Mme Larivée ajoute de son côté que « théoriquement en mode il y a eu beaucoup de cross dressing depuis vraiment longtemps ».
On peut penser à plusieurs artistes comme Chanel ou encore Yves St-Laurent qui étaient les précurseurs du pantalon pour femmes.
« Ça fait longtemps que les femmes s’approprient les garde-robes des hommes. Maintenant c’est l’inverse qui semble déranger », mentionne la chargée de cours.
Mélanie approuve : « On a toutes déjà magasiné dans la section homme parce que des fois c’est beau, c’est plus grand, c’est confortable. Au final ça reste un vêtement et on devrait tous pouvoir porter ce qu’on veut ».
Pourquoi est-ce important d'offrir ce type de vêtement en 2020?
« C’est aussi remettre le pouvoir de décision de son identité dans les mains du consommateur », explique Marie-Michèle Larivée.
Elle pense que le temps fera les choses pour briser les jugements et réactions autour du vêtement non genré.
D'après la jeune femme, il faut : « arrêter d’essayer de tout mettre dans des petites boites, de tout catégoriser. La qualité du vêtement est importante, point.
Que ça aille pour un homme ou pour une femme, faut juste s’habiller, se sentir bien et au Québec, se protéger du froid ».
Elle a grand espoir qu'il n'y aura plus de section Homme ou Femme dans les magasins.
Mélanie de Mame termine : « Qu’est-ce que c’est Montréal en ce moment? C’est ça. Tu peux être qui tu veux, quand tu veux. Pis on trouve ça beau ».