Les filles du 5@7 podcast parlent de leur succès et ce qu'on ignore du monde de l'influence

« Tout le monde a l'air d'une gang d'amis, mais au final, c'est chacun pour soi. »

Rédactrice en chef, Narcity Québec

Alors qu'il y a seulement deux ans tu n'avais sans doute jamais entendu les noms de Jessica Roux et Rosemarie Santerre, deux jeunes étudiantes de l'Université de Sherbrooke qui n'étaient pas du tout liées au milieu de l'influence, il est aujourd'hui difficile de les ignorer. Les jeunes femmes ont explosé en popularité, principalement au cours de la dernière année, notamment à cause de leur podcast « Le 5 à 7 », qui porte sur l'art de réussir sa vingtaine. Discussions avec des personnalités bien connues et aimées du public québécois comme Olivier Primeau, Dre Point G ou même Pierre-Yves McSween, apparitions sur des balados bien établis comme Prends Un Break ou Couple Ouvert, elles semblent être partout, rien de moins.

En plus de leur podcast qui combine les conversations informelles, divertissantes et extravagantes sur les sujets de société, le dating et les tendances actuelles, les co-animatrices sont aussi populaires pour leurs projets personnels de part et d'autre. Jessica Roux est l'entrepreneuse derrière la compagnie Ok Bye, qui vend des vêtements, accessoires et bougies avec des slogans crus et humoristiques, et Rosemarie Santerre est particulièrement active sur le réseau social TikTok.

Suite à cette montée de popularité aussi soudaine, Narcity s'est interrogé : comment est-ce qu'on perce le milieu de l'influence dans une aire presque saturée? Est-ce que ce milieu tant convoité est représentatif de ce qu'elles avaient en tête? Et surtout, c'est quoi la suite pour les filles du 5 à 7?

Jessica Roux et Rosemarie Santerre répondent à toutes nos questions sur leur succès.

Les filles du @5a7podcast parlent de leur succès et ce qu'on ignore du monde de l'influence

Vous, à la base, vous n'avez aucun lien avec le milieu de l'influence?

« Non, pantoute! »

D'où est venue l'idée de 'on se part un podcast '. On s'entend, des projets comme ça plusieurs y pensent, mais c'est beaucoup de temps et d'argent, surtout quand on part de zéro?

Jess : « À la base, nous, on voulait se partir une compagnie pendant la pandémie. On habitait ensemble à Sherbrooke, et les cours, on le sait, ils étaient en ligne. Donc, on voulait se partir une compagnie et on n'avait aucune communauté. Je pense que, à la base, je n’avais aucune communauté et Rose autour de 1 000. On était comme, crime, ça va être tough. »

« Donc on voulait partir une compagnie et on est consciente que quand tu as une communauté c'est plus facile de vendre des produits, donc on s'était dit, en fait, j'ai dit à Rose : '' soit tu boosts Instagram, mais aujourd'hui être connu et se bâtir une communauté sur Instagram c'est vraiment difficile [...], par la suite on a parlé de TikTok. Dans le temps, on s'était parti un compte TikTok à deux en anglais et on faisait des trends. Et après ça j'avais dit un podcast. Mais Rose était comme : " C'est quoi cette affaire-là? "»

Rose : « Moi j'étais comme : " C'est quoi cette cochonnerie-là de podcast, de monde qui écoutent du monde parler ". Je ne comprenais pas le concept et je ne comprenais pas pourquoi le monde voulait s'assoir dans la journée et écouter quelqu'un parler. Il y a tellement de séries et de films, je ne voyais pas pourquoi j'écouterais deux personnes avoir une conversation...BORING!...Mais finalement! »

Jess : « [...] Pour faire une histoire courte, j'avais trouvé le nom dès le début. Mais au début on voulait faire un podcast entrepreneurial. [...] Et là, heureusement pour nous aujourd'hui, on a enchaîné beaucoup de relations toxiques (on étant moi), et j'en parlais souvent à ma pauvre Rose. On se donnait des conseils, et à un moment donné c'était le tour de Rose, et là moi je donnais des conseils, et je la regarde : " me semble, on est deux clowns qui s'aident pas ". Et là Rose a dit: " Je le sais! Le podcast dont tu m'as parlé il y a quelques mois, on va le faire sur l'art de réussir sa vingtaine! ". À partir de là tout s'est enchaîné! »


Votre tout premier épisode était avec Olivier Primeau. Comment deux personnes début vingtaine, sans visibilité, sans plateforme encore, ont convaincu Primeau?

Rose : « Mon père connaissait Oli Primeau et ils travaillaient ensemble depuis vraiment longtemps donc c'est de là que moi je le connaissais. Mais, on l'a travaillé! On l'a texté et retexté et on l'a appelé, on a écrit à son agente, etc. À un moment donné on a tellement envoyé de courriels qu'il s'est dit : " OK eux autres, elles ne lâcheront pas ". »

Jess : « Autant l'influence que les podcasts et tout, ça peut être une game de contacts au début. On l'a vu le switch l'an passé - on marche par saison - notre saison un, on a beaucoup reçu nos amis et on a envoyé des courriels à, admettons, 50 créateurs de contenu ou personnalités publiques, et il y en a peut-être dix qui nous ont répondu. La deuxième c'est le monde qui nous écrit pour venir. Le switch est nice à voir. [...] Il y a beaucoup de gens gentils qui aiment redonner. »


Au moment où on se parle, ça fait un an et demi, vous êtes partout : votre podcast performe bien sur YouTube, vos vidéos sont virales sur TikTok, je vous croise dans les événements médias, Jess tu as ta propre marque Ok Bye....Comment avez-vous fait pour exploser aussi rapidement dans une industrie si compétitive?

Jess : « Un de nos premiers conseils de grandes professionnelles là-dedans (rires), c'est qu'on est vraiment parties avec aucune attente. [...] Nous, dans notre tête, c'était pas pour devenir connues, c'était vraiment pour avoir une compagnie et une communauté. Le premier épisode avec Olivier Primeau il a fait, je pense, 3 000 écoutes. On était comme : 3 000 PERSONNES!? »

Rose : « On capotait! »

Jess : « On ne pensait même pas passer le cap du 1 000! Après ça, ça a continué à monter. »

Rose : « Je pense que ce qui nous a quand même aidées, c'est que l'été dernier, à nos un an du podcast, on est déménagées à Montréal. On était vraiment là, on avait un pied à terre, on habitait à côté du studio, on habitait ensemble alors on filmait full de contenu les deux ensemble qu'on mettait autant sur Instagram que sur YouTube, pis là on était présentes sur toutes les plateformes tous les jours. On allait dans les bars que le monde allait, alors on rencontrait ces gens-là. Je pense que c'est à ce moment-là qu'on a commencé à être out there et les gens de cette microsociété-là (NDLR: les influenceurs et personnalités publiques) ont commencé à nous connaître. Veux, veux pas les après ça, ça devient du bouche-à-oreille. »

Jess : « Ce qui a vraiment aidé à percer là-dedans, nous, c'est vraiment TikTok. [...] Notre « small boom » c'était nos deux amis qui sont venus sur le podcast et en une journée, c'est cet extrait-là qui a fait notre premier 100 000 sur TikTok. Et là, ça a monté, on a eu 7 000 écoutes de plus. On a vu l'effet TikTok. [...] Je pense c'est un peu ça le truc, être partout. »

Vous avez eu un changement de direction dans votre contenu il y a quelques mois, en passant de contenu « vingtaine en général et conseils » à très « sexu et plus cru ». Qu'est-ce qui a motivé ce changement de direction?

Jess : « En fait, ce qui a vraiment changé, c'est le contenu qu'on publie en extraits sur nos plateformes. [...] Ce sont ces extraits-là qui marchent le mieux. Le monde le dit depuis le début du monde: " le sexe fait vendre ". Mais notre contenu en tant que tel...On a remarqué un peu la tangente, mais ça va vraiment avec nous autres. Saison un, j'avais commencé à voir une psy, j'avais eu mon éveil spirituel, Rose était en couple, elle était en amour par-dessus la tête. [...] Saison deux, on est comme rentrées dans une aire où on voulait plus avoir du fun et décrocher. »

Rose : « C'était l'été, moi j'étais célibataire, on vivait notre best life, toi (Jess) aussi, c'est ça qu'on racontait. [...] Mais là, saison trois, spoiler alert, on revient avec notre niche " l'art de réussir sa vingtaine ".»


Vous êtes officiellement entrées dans le cercle de l'influence au Québec qui est quand même convoité et parfois idéalisé. Qu'est-ce qui vous a le plus surpris du milieu?

Jess : « Ce qui nous a le plus surpris négativement, c'est que ce n’est jamais aussi hot que tu peux penser, peut-être? On dirait que des fois tu idéalises full ça avec les photos, les stories, et une fois que tu es là-dedans...C'est super cool, mais vu que tes attentes sont ici (gestuelle en hauteur), parce que là c'est VIP, pis toutes ces affaires-là...OK! Ce qui nous a surpris, c'est qu'il y a toujours huit VIP, t'es VIP, mais la y'a un autre meilleur VIP, et y'a le VIP du VIP...OK. Ça n’existe pas le VIP. »

Rose : « Ça c'est bon! Faut en parler! (rires) Tu te fais inviter dans un événement qui est tellement malade, et tu arrives là, et tu réalises : " non, non, toi tu as été invité, mais par untel, ça c'est le VIP d'en arrière, toi tu n’as pas le open-bar ou la bouffe, toi t'as juste le VIP en arrière, et là tu vois comme tous les autres qui sont plus hot que toi dans d'autres VIP. Ça te remet dans la face que t'es pas tant big. Des fois, c'est un peu...»

« Si tu arrives dans ce milieu-là seule, ça doit être tough parce qu'il faut un peu que tu piles sur qui tu es pis que tu essayes de te faire des amis et que tu sois fin avec tout le monde même si tu sais qu’en arrière cette personne est chelou, est croche un peu pis toute...Fait que moi être avec toi (Jess), je me dis, pas besoin d'être amie avec personne parce que j'ai toi. »

Jess : « C'est justement ce qui nous a surpris à quel point tout le monde se connait. [...] Tout le monde a l'air d'une gang d'amis, mais au final c'est chacun pour soi. Si toi tu tombes, c'est pas mon est** de problème, moi je vais continuer mes affaires. C'est correct, ça reste que tout le monde c'est des collègues, et nous on a perçaillé un peu le cercle, mais on n'est pas invitées partout, on n'est pas invitées à n'importe quoi et quand même qui aille huit VIP on est tout de même reconnaissantes quand on va quelque part, même si on n’est pas dans la zone VIP extra or plaquée en diamants. Ça nous fait tellement plaisir... Je me rappelle quand on voyait des trucs de même je me disais tout le temps : c'est cool quand même être invitées. »

Rose : « Au final, nous autres, on veut juste avoir du fun et c'est ce qu'on essaye d'amener à cette ambiance-là de créateurs de contenu. [...] Je pense c'est peut-être un peu de loyauté qu'il manquerait dans cette industrie-là... C'est vraiment touchy comme industrie. »


Est-ce qu'il y avait des idées préconçues que vous aviez et vous avez fait : « oh boy, ce n’est vraiment pas ça »?

Rose : « Nous on a grandi avec ce monde-là de l'influence au secondaire, quand tu as 15, 16, 17 ans. Nous on voyait les Élisabeth Rioux de ce monde s'épanouir dans le monde de l'influence et être partout et être invitées dans les grosses affaires, donc c'est pour ça qu'on l'a beaucoup, je pense, quand on était jeune, idéalisé. Parce que quand on était jeune, pour nous c'était impossible de devenir ça. Donc, est-ce qu'on avait des idées préconçues? C'est sûr, parce qu'on l'a full idéalisé pendant tout le temps qu'on a grandi.

Jess : « Une qu'on a réalisé récemment, c'est que le grind ne finit jamais, le travail ne finit jamais, on a reçu une invitée qui a un million d'abonnés sur TikTok, et elle a de la misère à avoir des collabs. Parce que le travail ne finit jamais, c'est toi qui dois reachout tout le temps.

« On pensait qu'une fois que tu avais un certain statut tu étais invitée à tous les events, tu recevais 40 000 colis par semaine gratis, tu faisais de l'argent comme de l'eau en faisant une story de bouteille d'eau...Bien, tu sais, ça a changé beaucoup dans les dernières années j'exagère un peu...Mais finalement le travail ne finit pas. Là, on a eu 350 000 écoutes la première saison, là les gens vont venir à nous deuxième saison..Ben non! Guess what? C'est nous qui avons dû aller les chercher. [...] Pour maximiser ton effort et tes revenus, faut que tu continues à travailler vraiment fort dans tous les coins. Tu ne peux même pas te permettre de dire 'ah, I made it', dans le sens que si tu es satisfait avec ce que tu as, dans le sens que nous on est reconnaissantes pour chaque étape du processus et de ce qu'on vit présentement...Mais si tu en veux plus c'est toi qui dois aller le chercher c'est pas les gens qui t'approchent. »

Et qu'est-ce qu'on ne voit pas de votre parcours? De vos personnes ou obstacles?

Jess : « Après avoir tourné six épisodes et avec l'Université de Sherbrooke, on avait notre saison un au complet, on a eu une grosse chicane. Une très grosse chicane, on s'est séparées. Rose est allée vivre ailleurs et on ne se parlait pas, sauf quand on montait faire la route pour Montréal parce qu'on était restées professionnelles dans le sens qu'on remplissait le contrat. »

Rose : « On montait à Montréal tourner des épisodes, c'était une heure et demie d'auto, et on ne se disait pas un mot. »

C'est quoi la suite pour vous deux?

Rose : « Le podcast, la saison trois, sort le 1er février. C'est 25 épisodes. [...] On te donne le scoop, on l'a pas dit encore c'est qui le premier invité de la saison qui va sortir le 1er février. On a reçu Joey Scarpellino. »

Jess : « Il s'est lâché lousse dans les confidences. »

Rose : « C'est pour ça qu'on voulait le recevoir. Sur les réseaux sociaux il est vraiment discret et il met vraiment peu de stories ou de post genre " hey suivez-moi dans ma journée ", alors nous on était comme...Tu sais on l'a croisé une couple de fois cet été au Beachclub et à la Terrasse Carla et on était comme : " Ce gars-là, qu'est-ce qu'il fait!? " [...] On savait rien. Alors, on a posé toutes les questions qu'on avait. »

Jess : « Pour la suite, le podcast continue. Moi, il y a OK Bye qui continue et il y a une collaboration f*ck*ng nice avec quelqu'un qui va sortir, soit fin février, soit début mars. Tout le monde va chier à terre (rires). Je suis vraiment excitée. »

Rose : « [...] J'ai mon TikTok, je post à tous les jours sur TikTok depuis maintenant deux mois, c'est @la.santero sur TikTok et maudit que j'ai du fun et on ri tout le monde ensemble. »

@la.santero

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Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.

À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.

Izabelle Bee
Rédactrice en chef, Narcity Québec
Izabelle Bee est la rédactrice en chef de Narcity Québec. Elle est spécialisée en téléréalités québécoises et contenu Rive-Nord de Montréal, et réside dans le Grand Montréal.