Pourquoi as-tu commencé à partager ces vidéos sur les réseaux sociaux?
« Ça a commencé en même temps que le confinement parce que je suis comédienne dans la vie. La pandémie est arrivée et je me suis ramassée avec [aucun] contrat, plus rien. En premier lieu, c'était vraiment pour me divertir, divertir mes amis, mais il n'y avait pas une pensée d'aller plus loin avec ça.
« Ça a vraiment été mes amis qui m'ont poussé et qui ont fait "Hey, sais-tu, je pense que ce serait drôle at large là, c'est pas juste nous qui [trouverions] ça drôle."
« J'avais mes réseaux sociaux comme tout le monde, mais je n'étais pas une bête des réseaux. J'étais un peu stressée de me lancer là-dedans et, finalement, c'est totalement inattendu tout ce qui arrive dans ma vie avec ça. »
Quand as-tu réalisée qu'il y avait un engouement autour de ce que tu fais?
« C'est quand j'ai fait la vidéo de Charles d'OD, c'est là que j'ai senti qu'il y avait un petit buzz parce que ça a été repartagé beaucoup. J'ai été appelée aussi par la production d'Occupation Double qui, plus tard, m'a demandé de faire un espèce de best of de la saison.
« C'était malade que ça parte de moi dans mon salon qui fait ça un peu naïvement pour faire rire le monde, et finalement je me fais demander à ce que je fasse un recap d'OD, alors je capotais.
« Mon esthétique, qui n'en est pas une au final, mais dans le sens où c'est vraiment fait sur les moyens du bord. En fait, c'est ça qui me fait rire aussi. Il faut que ce soit le plus [à la bonne franquette] possible, alors qu'une production comme OD me demande de faire ça, j'étais touchée. »
Après que ton entourage t'ait poussée à faire des vidéos, comment ont-iels réagi en voyant le succès que ça engendrait?
« C'est le gag qui est encore récurrent à ce jour, parce que je me souviens très bien d'une discussion que j'avais eu avec deux ami.es sur un balcon qui m'obstinaient à me dire "Fais de quoi là, vas-y!" J'étais bien apeurée de ça, parce que j'avais peur que ce ne soit pas drôle.
« J'étais pas tant stressée de savoir si ça allait pogner, je pense que le fait d'être comédienne, ça peut avoir un impact plus direct sur ma carrière. C'est très connexe à ce que je fais dans la vie et des vidéos d'une comédienne pas drôle, ça ne donne pas vraiment envie de l'engager. (rires) »
As-tu fait des études qui t'ont conduite
dans ce domaine?
« J'ai fait le Conservatoire d'art dramatique de Québec, donc j'ai vraiment une formation de comédienne. Le lip sync est là depuis que je suis quand même jeune, je me rends compte que le mimétisme et de reproduire des vidéoclips, il y a comme de ça qui me suit depuis que je suis toute petite.
« Ça a toujours été là, mais ça n'a jamais été exploité comme je le fais maintenant. Et on n'est pas très loin de ce que je fais dans ma vie, dans mon métier, alors c'est cool. »
Où trouves-tu tes idées pour créer les vidéos?
« Moi j'ai une banque en ce moment de vidéos que j'aimerais beaucoup faire. J'ai une culture du Web assez variée, assez développée, qui ne m'a jamais servie jusqu'à maintenant et je connais des affaires un peu edgy, wackos. Tout le monde se marrait bien de moi là-dessus, mais maintenant ça me sert.
« Ce sont des vidéos parfois qui datent de quinze ans, des vidéos qui m'ont marquée soit culturellement ou de l'actualité. Il y a beaucoup de gens aussi qui m'envoient des suggestions, j'adore ça.
« C'est comme un [mélange] de vidéos que j'affectionne beaucoup avec des suggestions des gens qu'on m'envoie comme ça, alors je me fais une banque et chaque semaine je choisis un petit peu qu'est-ce que ça me tente de faire. »
Es-tu rémunérée ou as-tu des contrats sur TikTok et Instagram, avec ce que tu fais?
« Non, sur mes réseaux je ne suis pas rémunérée. Ce qui est rémunéré, en fait, ce sont les commandes de lip sync que j'ai reçues, comme par exemple OD, j'ai fait Deux hommes en or, La Semaine des 4 Julie, le gala Mammouth.
« C'est vraiment le fun parce que j'ai pu me plonger dans diverses avenues sur divers canaux télévisuels, autant du jeunesse que du variété. C'est le fun la diversité de ce qu'on me demande de faire.
« J'ai été très choyée par toutes les productions qui m'ont demandé de faire un lip sync parce qu'ils m'ont vraiment donné carte blanche sur le contenu, sur la manière dont j'allais faire mes personnages ou qu'est-ce que j'allais choisir comme perruque et tout ça.
« Ça me laisse vraiment une latitude dans la création. De A à Z, ce sont vraiment mes idées, mes choix alors ça, c'est d'autant plus valorisant que ça vienne vraiment de moi et non d'une tierce personne. »
Qu'est-ce que tu aimerais accomplir avec la visibilité que tu as maintenant sur TikTok?
« Je te dirais que ça s'accomplit déjà un peu, c'est-à-dire que j'ai eu des opportunités qui touchent plus à la comédienne, comme j'ai joué dans la série Léo, j'ai eu un rôle dans le film de Guillaume Lambert.
« Tout ça découle de cette affaire-là de lip sync qui m'a un petit peu fait connaître au grand public.
« Ces réseaux-là avec mon lip sync, je le vois vraiment comme une carte de visite maintenant, à ce que les gens viennent voir ce que je fais ou un peu jusqu'où je peux aller avec mes personnages et tout. Je trouve que ça fait une belle vitrine pour montrer un peu tout ce que je peux faire. »
Qu'est ce qui t'a le plus surprise en tant que créatrice sur TikTok?
« TikTok, c'est particulier, ça a comme été un premier [clash] générationnel que j'ai vécu, c'est-à-dire où je me sentais très vieille au départ.
« Après ça, j'ai fait comme "Non Ariel, ne deviens pas cette personne-là qui ne comprend plus les jeunes." Pour moi les jeunes, c'est une énorme inspiration. Je trouve vraiment qu'ils sont allumés et tellement créatifs, alors je me suis mise à regarder vraiment beaucoup du contenu de TikTok et il y a vraiment des affaires le fun.
« Ce qui m'a fait lever sur TikTok, ce sont mes deux vidéos de Destiny's Child et là, des gens des États-Unis se sont mis à m'ajouter et à m'écrire, à me follow. Je parlais avec du monde en anglais et j'étais comme "Quelqu'un du Texas est en train de me repost sur son affaire."
« Il y a comme de quoi qui est fou là-dedans parce que les vidéos voyagent à une vitesse exponentielle, alors ça, c'est à la fois étonnant et très thrillant. »
As-tu reçu des réactions de la part des personnalités publiques que tu as parodiées?
« C'est toujours un honneur quand les gens que je parodie m'écrivent ou repostent mes affaires.
« La gang de Mixmania m'a réécrit et ils étaient bien heureux, j'étais bien touchée, ce sont comme des idoles d'enfance pour moi. Des gens de Star Académie, d'Occupation Double, Julie Snyder. En fait, quand elle a vu ma vidéo que j'avais faite d'elle avec André Moreau, c'est là qu'elle m'a invitée sur son plateau. Ça a voyagé jusqu'à Julie, j'étais bien honorée de ça.
« C'est juste positif en fait, les gens ne sont pas offusqués ou quoi que ce soit là. Anyways, ça ne part vraiment pas d'une place mesquine. Pour moi, ce sont des hommages à des extraits cultes de la culture québécoise ou pas. C'est comme de se rappeler collectivement ces affaires-là qui nous ont tous marqués et qui sont devenues parfois même des memes, parfois des quotes qu'on se dit entre amis. Je sens que les gens sont heureux de se remémorer ça. »
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.