Tokyo 2020, ses derniers JO
Détrompez-vous, Jennifer Abel ne prend pas sa retraite du plongeon. Mettre fin à sa carrière olympique ça ne se fait pas d'un claquement de doigts, dit-elle.
« Depuis Rio 2016, je savais que je m'enlignais pour mon dernier cycle olympique », confie celle qui, somme toute, revient satisfaite de sa performance à Tokyo.
Malgré sa médaille d'argent au tremplin 3 m synchronisé avec sa coéquipière et amie Mélissa Citrini-Beaulieu, la Québécoise de 29 ans « garde une certaine insatisfaction personnelle » devant sa performance à la finale du 3 m, elle qui a raté un plongeon qui lui a fait manquer la chance de mettre la main sur la seule médaille qui lui restait à obtenir.
« Elle me tenait à cœur, celle-là », avoue-t-elle. « Sinon, je suis vraiment satisfaite de mon parcours aux JO de Tokyo. »
Jennifer Abel ne s'est toutefois pas prononcée sur son avenir dans le monde du plongeon, mais elle assure qu'elle prend seulement sa retraite des JO pour le moment.
Mélissa Citrini-Beaulieu, un pilier
Avec la dernière année pandémique qu'elle a connue, Jennifer Abel affirme être reconnaissante face à sa partenaire.
« Elle m'a très bien soutenue », mentionne-t-elle. « Je n'aurais pas pu avoir une meilleure partenaire que Mélissa. Notre médaille d'argent démontre notre complicité. »
Maintenant qu'Abel prend sa retraite, Citrini-Beaulieu se retrouve sans sa complice des dernières années. Toutefois, Jennifer avoue ne pas ressentir de responsabilité envers elle.
« C'est certain qu'au village, après notre médaille, ça n'a pas été facile. [Mélissa] me l'a demandé "Es-tu certaine que c'étaient nos derniers JO?" », raconte-t-elle, précisant que Citrini-Beaulieu savait depuis le début qu'elle ne reviendrait pas pour les Jeux de Paris, en 2024.
« En même temps, on est tellement de bonnes amies, on veut le meilleur l'une pour l'autre, on veut qu'on soit heureuses. Je vais toujours être là pour elle. »
L'effet coup de poing du report des JO
Elle ne s'en cache pas, Jennifer Abel a été choquée et marquée par le report des Jeux olympiques de Tokyo, alors que la pandémie frappait de plein fouet le monde entier.
« On se prépare quatre ans pour ça. La dernière année, c'est celle qu'on augmente d'une coche pour aller chercher les petites vis qui ne sont pas bien vissées », dit-elle.
Selon elle, ce n'est pas le fait de se dire « j'ai une autre année d'entraînement en vue » qui frappe, mais bien « j'ai une autre année olympique ».
Est-ce que ses récents résultats olympiques auraient été différents sans le report des JO? « Oui, mais pour le mieux, je ne sais pas », lance celle qui plonge depuis qu'elle sait pratiquement dire « tremplin ».
« Mon objectif avec Mélissa était d'avoir une médaille d'argent au 3 m synchro, chose qu'on a faite. Pour mon individuel, c'est autre chose. On m'a enlevé un an et demi de compétition ce qui fait une grosse différence pour moi. »
Devoir être au summum de sa forme
D'emblée, Jennifer Abel avoue avoir mis la barre haute pour ses dernières Olympiades.
« Je ne voulais pas avoir l'étiquette de la fille dont la pandémie a eu raison d'elle », affirme la double médaillée olympique, ajoutant qu'elle devait être au summum de sa forme, « malgré l'année et demie sans compétition et sans s'entraîner comme on le désirait ».
Abel confie même avoir fait affaire avec une préparatrice sportive l'an dernier pour s'assurer que « ça allait bien mentalement pour tout donner jusqu'à la fin ».
Le support de sa famille et de son conjoint, et , le boxeur montréalais David Lemieux, lui a été d'une grande aide.
« Je pouvais vraiment l'appeler à n'importe quel moment. Si j'avais à vider mon sac, il était là pour moi. »
Pour la suite des choses
Bien qu'elle ne soit pas retraitée à 100 % et qu'elle ait un mariage à planifier, Jennifer Abel compte prendre le temps de redescendre de son nuage et de « se trouver » en dehors de la piscine, en plus de passer du temps avec ma famille.
« Ça fait 25 ans que je plonge, 25 ans que je suis toujours partie. [Je vais] prendre le temps de les chérir sans avoir le stress de "faut qu'on se voit en fin de semaine, parce que je pars pour trois semaines" », raconte-t-elle à la blague.
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.