Les deux se sont donc ouvert.es à nous afin d'aborder des questions que plusieurs se posent concernant le pourcentage acceptable à ajouter au montant de la facture ainsi que les attentes du personnel responsable du service.
En tant que travailleur.se
dans le milieu de la restauration et des bars, est-ce que votre salaire est calculé en fonction du pourboire?
Sandrine : « Le salaire minimum à pourboire est moins élevé, donc sans les tips il est impossible de survivre. On est également imposé sur nos pourboires. »
Olivier : « Oui, mon salaire est réduit en fonction du fait que je reçois du pourboire. En 2022, mon salaire était 11,80 $ de l’heure. »
Quel pourcentage de la facture vous attendez-vous à recevoir en tant que pourboire?
Sandrine : « Ça dépend du montant de la facture. Pour une facture élevée, il est attendu de tipper 15 % du montant avant taxes, tandis que pour une consommation à faible coût, 1 $ est la norme. »
Olivier : « 15 % de la facture est toujours la norme, car c’est à ce pourcentage de pourboire que l’estimation de la diminution de mon salaire est calculée. »
Lorsqu’on reçoit un très bon service, quel devrait être le pourcentage accordé au pourboire selon ton expérience?
Sandrine : « Quand on reçoit un très, très bon service et qu’on veut montrer son appréciation, 20 %. Si tu veux partir avec le numéro de la barmaid, alors là, 25 %. (Rires) »
Olivier : « 15 % étant la norme, tout ce qui dépasse ce montant démontre que le service a plus que satisfait la clientèle. Pour ma part, 18 % est la norme qui démontre une grande satisfaction et 20 % ou plus, c’est l’excellence. »
Étant donné que le 15 % est calculé en incluant les taxes, est-ce que c’est mal vu de donner 13 % sur la machine de paiement?
Sandrine : « Tout dépend du montant. 13 % de 6 $, c’est vraiment peu. Ça dépend vraiment de la facture, mais généralement 15 % c'est le minimum acceptable! »
Olivier : « 13 %, ce n’est pas la fin du monde, mais selon le principe que je suis imposé sur un pourboire de 15 % en tant que bartender, je reste pénalisé dans cette situation. Tipper en dessous de 15 % est un moyen de communiquer sa déception du service des serveurs et des bartenders (pas de la cuisine). »
Quelles sont les attentes quant au pourboire lorsqu’on bénéficie de gratuités ou de promotions?
Sandrine : « Tout dépend de la gratuité, mais c’est certain que de tipper la personne qui nous a servi, même si c’est gratuit, sera toujours très apprécié! »
Olivier : « On tippe sur la facture qui est donnée à la fin du service quand on parle d’articles offerts par la maison. Cependant, pour les coupons-rabais et les certificats-cadeaux, le calcul du pourboire est préférable sur la facture avant promotion. Encore là, rien n’est obligatoire, mais le serveur reste pénalisé si le tip n’est pas 15 % de la facture originale. »
Selon toi, est-ce que c’est une pratique acceptable d’informer les gens quand ils n’ont pas assez tippé?
Sandrine : « Étant barmaid, la satisfaction du client est notre priorité. Si on ne laisse pas ou peu de pourboire, j’en profite pour demander si mon service lui a déplu. S’il me répond que tout était bien, je vais lui expliquer l’importance de laisser un pourboire adéquat. »
Olivier : « En service à la clientèle, selon moi, la communication et l’information sont toujours le bon chemin à prendre. Il faut juste le faire de la bonne façon. Premièrement, je demande aux clients s’il y a des points dans mon service qu’ils n’ont pas appréciés. Si oui, je comprends la raison du pourboire plus bas et je vais leur demander de m’expliquer, s’ils le veulent bien, ce qui n’était pas à leur goût pour l’amélioration de mon service. Si la réponse est non, que tout était parfait, je vais leur expliquer les raisons de la norme du 15 % et, en général, les gens sont très réceptifs. »
Quelle est ta pire anecdote en lien avec le pourboire?
Sandrine : « Une fille ne m’a pas tippé parce que je n’ai pas voulu l’embrasser. (Rires) »
Olivier : « Six personnes au bar, beaucoup de cocktails, de nourriture, de shooters, etc. Les clients, à la base, avaient tous des factures séparées moyennant une centaine de dollars chacune. Ayant été très présent pour eux, mon espoir pour le tip était grand, jusqu’au moment de sortir lesdites factures. Le gars le plus saoul de la gang me dit qu’il prend les factures à tout le monde en sortant sa palette de cash. À ce moment, je me dis "Bon, il veut flasher, il va sûrement donner le pourboire qui va avec." Sur une facture de 650 $, il m’a laissé 20 $, ce qui est moins de 4 %. Quand je lui ai demandé la raison de ce montant, il m’a seulement dit "C’est pas toi le jeune, c’est juste que je crois pas à ça, le tip." J’ai choisi de ne pas aller plus loin dans cette conversation. On choisit nos batailles dans la vie. J’ai fait le bon choix. »
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
Le projet de loi no 72 est officiellement adopté au Québec.Office de la protection du consommateur