Avec la flambée des prix des loyers qui ne montre aucun signe de ralentissement, il est plus pertinent que jamais d’être bien informé.e sur tout ce qui touche ton bail et tes recours en tant que locataire. Dans un contexte économique difficile, chaque dollar compte, et être outillé.e peut faire toute la différence pour maximiser ton budget et faire respecter tes droits.
Que tu cherches à comprendre la hausse de loyer prévue pour ton renouvellement, à connaître le montant payé par l’ancien.ne locataire de ton appartement, à explorer les aides financières disponibles ou à te mettre à jour sur les récents changements législatifs qui pourraient t’impacter, voici les éléments clés pour naviguer avec aisance dans le marché locatif en 2025.
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Hausses moyennes des loyers au Québec en 2025
Au registre des mauvaises nouvelles : les locataires risquent de payer encore bien plus que l'an dernier pour leur logement, selon les estimations revues à la hausse par l'organisme provincial.
Le 21 janvier dernier, le TAL a mis à jour son outil de calcul pour l'année 2025. Cette ressource te permet en tant que locataire « de faciliter les négociations pour l'établissement d'une augmentation du loyer juste et raisonnable » avec ton ou ta propriétaire. La plupart des composantes liées aux coûts du logement s'y retrouvent et les pourcentages pour chacune d'elles sont établies selon le Règlement sur les critères de fixation de loyer.
Parmi les facteurs pouvant influencer l’augmentation de ton loyer, on retrouve les coûts liés à l’électricité, l’entretien ainsi que les services associés à l’immeuble.
En 2025, l’augmentation moyenne prévue est de 5,9 % pour un logement non chauffé, selon les estimations du TAL. Pour un logement chauffé à l’électricité, la hausse moyenne est plutôt estimée à 5,5 %.
Ainsi, pour un loyer mensuel de 1 000 $ (hors électricité), il faut prévoir environ 59 $ de plus par mois, soit une augmentation annuelle de 709 $. Cette hausse ne tient pas compte d’une possible augmentation des taxes municipales ni d’éventuels travaux majeurs qui pourraient influencer le prix final.
À noter que les ajustements varient aussi selon le type d’énergie utilisé (comme le gaz ou le mazout) ainsi que d’autres facteurs, comme les frais de gestion.
Un outil pour freiner la flambée des prix
Si tu t'apprêtes à t'installer dans un nouvel appartement et à signer un bail prochainement, il pourrait être utile de connaître le loyer mensuel payé par la personne qui y demeurait avant toi. Et sache que tu pourrais obtenir cette information via un outil en ligne.
Mis sur pied en 2021, le Registre des loyers de l'organisme Vivre en Ville vise à « freiner la flambée des prix des loyers » et éviter des hausses abusives. Plus concrètement, cette plateforme a pour mission « donne l’heure juste et permet d’équilibrer le marché résidentiel grâce à la transparence des données ouvertes », peut-on lire sur le site Web du projet.
Les détails qui s'y trouvent sont anonymes, ce qui n'expose personne à des risques de représailles de la part du propriétaire. Parmi les informations à la disposition des locataires, on retrouve l'adresse, la taille et le nombre de chambres à coucher ainsi que le prix du loyer selon la période du bail. Pour certains appartements, on peut également retrouver les frais mensuels en électricité, s'il est permis d'avoir des animaux de compagnie ainsi que d'autres caractéristiques propres au logement.
Au moment d'écrire ces lignes, un total de 65 581 appartements figurent au Registre des loyers. Comme il s'agit d'une initiative volontaire, il est possible que les informations ne soient pas disponibles pour l'appartement qui t'intéresse ou que tu t'apprêtes à louer.
Par ailleurs, tu peux ajouter les détails concernant ton loyer actuel sur le Registre pour contribuer à l'enrichissement de ces données publiques.
Production du Relevé 31 avant la saison des impôts
Le Relevé 31, qui est un moyen pour l'État de savoir quels sont les logements occupés sur le territoire, te permet également de demander le crédit d’impôt pour solidarité dans ta déclaration de revenus.
« Les renseignements fournis sur ce relevé seront utilisés par le locataire ou le sous-locataire qui demande le crédit d’impôt pour solidarité dans sa déclaration de revenus », peut-on lire sur le site Internet du Tribunal administratif du logement (TAL), qui invite les propriétaires à le produire dès maintenant en ce début d'année 2025.
Si ton ou ta propriétaire ne t’a pas encore remis ce relevé, pense à le lui demander! Cette personne est tenue de te le fournir avant le 28 février 2025 : c’est une obligation légale.
Ce crédit d’impôt remboursable est accessible aux personnes ayant un revenu faible ou moyen. Par exemple, les célibataires ayant gagné moins de 63 259 $ au 31 décembre 2024 peuvent en bénéficier.
Il en va de même pour les familles monoparentales, qui peuvent avoir un revenu supplémentaire de 2 584 $ par enfant à charge tout en restant admissibles. Pour les contribuables en couple, le revenu combiné ne doit pas dépasser 68 992 $ (avec 2 584 $ additionnels par enfant à charge, si applicable) afin d’être éligibles.
Le montant maximal accordé pour la période de juillet 2024 à juin 2025 (calculé selon les revenus de 2023) est de 1 883 $ pour un couple avec deux enfants. Pour une personne célibataire ou une famille monoparentale, cette somme s’élève à 1 221 $.
Le seuil de réduction du crédit est fixé à 41 150 $ jusqu’en juin 2025, puis passera à 42 325 $ dès juillet 2025 (selon les revenus de 2024).
Pour une estimation des versements mensuels ou trimestriels, tu peux utiliser l’outil de calcul disponible en ligne sur le site Web de l'agence gouvernementale.
Programme Allocation-logement
Cette aide financière s’adresse à un large nombre de Québécois et Québécoises, en particulier aux locataires qui consacrent une trop grande part de leur revenu au logement. Pour y être admissible, il faut être âgé.e de 50 ans et plus ou avoir au moins un enfant à charge.
Ce programme est accessible non seulement aux locataires, mais aussi aux chambreurs.euse.s et propriétaires. Les personnes seules de 50 ans et plus doivent avoir un revenu annuel inférieur à 21 500 $, tandis que le plafond est fixé à 37 200 $ pour une famille monoparentale avec un ou deux enfants, et à 42 900 $ pour celles avec trois enfants ou plus.
Pour un couple sans enfant, dont l’un des conjoints est âgé de 50 ans ou plus, le revenu familial ne doit pas excéder 33 540 $ (année d’imposition 2023). Ce plafond passe à 40 740 $ pour un ménage ayant un enfant à charge.
Selon ta situation financière, tu pourrais recevoir une aide de 100 $, 150 $ ou 170 $ par mois jusqu’au 30 septembre 2025. Les versements sont effectués dans les cinq premiers jours de chaque mois.
Changement pour l'avis de modification du bail
Depuis le 26 décembre dernier, l’avis de modification du bail doit inclure un texte obligatoire précisant clairement les droits et options du locataire. Le Tribunal administratif du logement (TAL) exige que cet avis mentionne les trois choix offerts au locataire lors de la réception de l’avis, ainsi que les droits et obligations de chacune des parties. Si ce texte n’est pas inclus, l’avis est invalide.
En effet, lorsqu’un.e locataire reçoit un avis de modification, trois options qui s'offrent à lui ou elle. Les voici :
- Accepter le renouvellement du bail avec les modifications proposées ;
- Refuser les modifications, mais renouveler le bail aux conditions actuelles ;
- Ne pas renouveler le bail et quitter le logement à la fin du bail.
Si la personne occupant le loyer choisit de refuser les modifications ou de quitter le logement, elle doit informer le ou la propriétaire dans le mois suivant la réception de l’avis. À défaut, il est automatiquement considéré comme ayant accepté le renouvellement du bail selon les nouvelles conditions. Dans certains cas, le refus des modifications proposées oblige le locataire à quitter le logement à la fin du bail.
Pour plus de détails, tu peux consulter le Règlement sur le contenu obligatoire de l’avis de modification du bail d’un logement. De plus, de nouvelles versions des modèles intitulés « Avis d'augmentation de loyer et de modification d'une autre condition du bail » et « Réponse du locataire à l'avis d'augmentation et de modification », sont disponibles sur le site Internet du TAL.
Une nouvelle loi pour empêcher les évictions
En juin dernier, le gouvernement du Québec a officiellement adopté le projet de loi 65, conçu pour offrir une meilleure protection aux locataires aîné.e.s contre les évictions.
Désormais, les locataire âgé.e.s de 65 ans ou plus et occupant son logement depuis au moins 10 ans ne peuvent être évincé.e.s. Cette limite d’âge, auparavant fixée à 70 ans, a été abaissée dans le cadre de cette réforme.
Cette loi augmente également le seuil de revenus admissibles pour un logement à loyer modique (HLM). À Montréal, ce seuil est fixé à 38 000 $ par année pour une personne seule ou un couple. Cela signifie que les locataires concerné.e.s doivent avoir un revenu égal ou inférieur à ce montant pour bénéficier de cette mesure.
Par ailleurs, une disposition s’appliquant à l’ensemble de la population interdit désormais aux propriétaires d’évincer leurs locataires pour subdiviser un logement, l’agrandir ou en changer l’usage, et ce, pour une période de trois ans.
Cependant, de nombreux.euses locataires restent vulnérables face aux évictions. Certaines mesures sont temporaires ou ne s’appliquent qu’à des groupes spécifiques, laissant une grande partie de la population sans protection suffisante. Par exemple, les propriétaires conservent le droit de reprendre un logement occupé par une personne de moins de 65 ans, à condition de l’utiliser pour leur propre résidence ou celle d’un proche (enfants, parents, membres de leur famille ou de leur belle-famille).