Cette Québécoise qui a acheté un manoir à 5 M$ s'ouvre sur son parcours de « girlboss »

Le nom de Melanie Ann Layer a fait couler beaucoup d'encre en 2021, alors que la femme d'affaires a acheté la maison la plus chère jamais vendue dans les Basses-Laurentides, soit à près de 5 millions de dollars.
Suite à cette annonce, l'entrepreneuse a reçu de nombreuses critiques au sujet de sa compagnie de coaching et de produits dits de luxe, Alpha Femme. Par contre, elle a également reçu une grande vague de soutien d'autres femmes qui oeuvrent dans le milieu des affaires.
Si elle fait jaser d'une manière ou d'une autre depuis qu'elle est dans l'oeil du grand public, Melanie Ann Layer est tout de même à la tête d'une entreprise qui a des revenus de plusieurs millions. Narcity s'est donc entretenu avec cette girlboss pour en apprendre davantage sur son parcours et sur sa business.
Comment décrirais-tu ton entreprise?
« Ce que Alpha Femme représente, c'est une marque de luxe pour aider les femmes entrepreneuses à bâtir des business extraordinaires, mais qu'elles se sentent vraiment chéries dans le processus », explique-t-elle, ajoutant qu'une des choses les plus difficiles en affaires, c'est la solitude.
« Il n'y a personne pour nous donner un trophée, une accolade ou un employé du mois. Il faut se motiver nous-même. Donc, ce que je voulais, c'est de créer un environnement pour que les entrepreneuses qui viennent dans mon monde se sentent choyées.
« Pour moi le luxe ce que ça représente, c'est le sentiment qu'on ressent dans le service à la clientèle. Quand je veux une expérience de luxe, je me fais vraiment traiter d'une façon élevée. Je voulais créer ça dans Alpha Femme. »
Melanie Ann ajoute : « Tout ce qu'on fait c'est next level. Donc mes produits et mes programmes de coaching sont plus chers parce que je m'adresse à une clientèle qui est déjà établie et qui veut s'élever. C'est comme dans n'importe quoi, tu peux aller dans le "de base", le prêt-à-porter, tu peux aller dans le luxe. Nous, on fait du haut de gamme, puis on le fait pour les entrepreneuses plus avancées. »
Comment cette aventure a-t-elle commencé?
« J'ai toujours été très bonne en vente et au début j'avais un travail qui était à 100 % à commission », indique la femme de 33 ans.
À 25 ans, suite à une rupture avec son copain qui était maintenant gérant de la compagnie pour qui elle travaillait, Melanie Ann a été mise à la porte et a dû aller travailler à Sherbrooke.
« Puis là, j'arrivais plus à vendre. Tout ce que j'avais toujours été capable de faire sans effort, tout à coup, il n'y a plus rien qui marchait du tout, du tout.
« Je suis passée de la meilleure vendeuse de toute la compagnie à ne plus être capable de vendre une chose. Puis mes sous ont commencé à [dégringoler]. Je me souviens, c'était dans un temps avec ma famille que ça n'allait vraiment pas bien. J'étais fâchée contre tout le monde, j'avais l'impression que tout le monde avait contribué au fait que ça ne fonctionnait pas très bien dans ma vie.
« Je ne savais pas où aller chercher de l'aide, alors j'ai juste fait faillite. J'ai fait faillite, j'ai tout perdu dans le fond », lance-t-elle.
« Je vais jamais oublier le premier soir que je n'ai pas pu payer ma chambre dans le motel où je restais, et il a fallu que je dorme dans ma Civic. C'était comme l'apogée du pire moment de ma vie », se rappelle l'entrepreneuse alors que cette situation aurait duré pendant environ un an.
Comment es-tu devenue coach de vie?
Selon ce qu'elle relate, c'est à ce moment qu'elle s'est tournée vers le développement personnel en se concentrant d'abord sur la communication et les relations. « C'était vraiment juste pour avoir une meilleure qualité de vie, parce qu'à ce moment-là c'était horrible. »
« Et j'ai commencé, avec le développement personnel, à retrouver une puissance à l'intérieur de moi que j'avais jamais ressentie avant. Je me sentais bien, même si j'avais pas d'argent, même si je dormais encore dans mon char. À l'intérieur de moi, il y avait quelque chose qui a changé.
« J'ai une amie qui m'a appelée au hasard pour me parler. Elle avait de la difficulté et ce que j'avais commencé à faire pour moi, je lui ai comme présenté ça. »
C'est après cette conversation qui a eu un impact sur son amie que d'autres personnes autour d'elle voulaient être coachées par Melanie Ann.
« Je dors dans ma Civic, je peux pas être une coach, c'est impossible », affirme celle qui vivait un sentiment d'imposteur.
« J'ai commencé ma business et mon nom c'était la coach invisible. C'était vraiment juste du bouche-à-oreille, c'était la seule façon de me trouver. »
D'abord coach de vie, elle chargeait 100 $ de l'heure, ensuite Melanie Ann explique qu'elle est devenue « coach pour les coachs », puis éventuellement coach de vente.
« C'est en 2017 que Alpha Femme est vraiment arrivée parce que je me suis mise sur les réseaux sociaux. J'ai ouvert un groupe sur Facebook et une page Instagram. Au lieu d'être une coach de vie qui faisait peut-être 100 000 $ - 200 000 $ par année, tout à coup ça a commencé à prendre de l'ampleur. Et ce que j'enseignais c'était très avant-gardiste, de la façon que je parle, que je vois les choses. Cela a eu beaucoup d'attention.
« En 2018, on a commencé à faire beaucoup de sous, et on est rendu une belle grande compagnie partout à travers le monde. »
Qu'est-ce qui a été le plus difficile dans ton parcours?
« Ce qui est difficile, c'est d'avoir un changement de vie drastique en plein milieu de sa vie et de vraiment être correct avec ça et de se dire qu'on mérite d'être ici », confie Melanie qui n'a pas un parcours ou une éducation dite traditionnelle.
« J'ai pas fait une trajectoire normale. J'ai 33 ans, et j'ai vécu et crée énormément de choses dans ces 33 années-là. C'est d'essayer de m'ancrer dans le droit de vivre cette vie-là en ce moment et d'avoir ce que j'ai, de sentir profondément que c'est correct et que je le mérite. C'est ça, je pense, le plus dur. »
Si elle s'efforce de défaire ses propres constructions sociales et de croire en son succès, le jugement des autres se fait tout de même sentir.
« Je sais que pour plusieurs personnes, je mérite pas ce que j'ai. Ça aussi c'est dur, explique-t-elle. Parce que même après tout le travail, c'est quand même pas accepté, c'est quand même pas à la hauteur encore et ça des fois c'est difficile. »
En tant que femmes d'affaires, quels sont les risques que tu as dû prendre pour te rendre où tu es?
« Honnêtement, j'aurais aimé avoir une histoire où j'ai plus osé.
« Les femmes avec qui je travaille en ce moment, c'est des femmes qui sont bien dans leur vie, qui partent de carrière dans lesquelles elles sont super bonnes pour aller faire autre chose et qui veulent bâtir de grandes choses. Elles, elles prennent des risques. Elles, je les admire.
« Pour moi, il a vraiment fallu que je perde tout. Le risque était déjà pris, je n'avais plus rien. Le risque c'est de continuer.
« De se dire non seulement que je veux créer quelque chose de beau pour moi et mes clientes, mais je veux aussi démontrer [au grand public] que je suis fière de ce qu'on fait. »
Quel a été le moment déterminant dans la réussite d'Alpha Femme?
« Je dirais que LE moment, c'était l'année passée quand on était à Hawaï. On avait loué une place pendant quatre jours pour faire du contenu et enregistrer des vidéos. La place était tellement chère et quand les frontières ont fermé, on était pris là et on ne pouvait pas changer d'endroit.
« Mais on s'est dit : "On change le monde. On met tout pendant qu'on est ici. Let's make this matter. On va faire en sorte que quand on va être vieux et qu'on se souvient de ce moment-là, qu'on se dise ça c'est le moment qui a changé l'histoire. On réécrit l'histoire d'Alpha Femme là là."
« Et la compagnie a eu un boom. Ça, c'était au mois de mai, la business a fait 500 000 $ en un mois, ensuite 750 000 $ en un mois, 1 M$ en un mois, jusqu'à 3 M$ qu'on a fait récemment et ça, c'est toute dans la dernière année que c'est arrivé.
« Ça a tout commencé à Hawaï quand on a eu l'opportunité de tout donner, et après ça a vraiment explosé. »
Et à présent, à combien est évaluée ton entreprise?
« C'est notre meilleure année cette année.
« Ce qui est spécial c'est que ça a commencé en 2017, et on a fait un million, avant les taxes, avant tout ça. L'autre année on a fait 2,5 M$, l'autre année on a fait 8,5 M$ et là on est rendu à 14 M$ en revenus.
« C'est tellement plus que l'argent. Oui, l'argent me fait capoter, et j'en reviens même pas ce qu'on est en train de faire. Le feeling que j'ai en dedans c'est le plus hot feeling de ma vie. Je le ferais pour moins, mais le fait que j'ai pas besoin de le faire pour moins, c'est encore plus hot.
« Les femmes qui bâtissent leur business, et que ça explose, c'est des histoires qui me font capoter », raconte-t-elle alors qu'elle a vu de nombreuses de clientes développer leurs entreprises durant cette période difficile, avec les enfants à la maison, les pertes d'emplois de l'entourage, etc.
« Je suis fière de nous autres, ça me fait capoter! », lance-t-elle.
Pourquoi penses-tu que ton succès a fait autant réagir récemment?
« Je pense que la raison pour quoi ça a fessé, c'est que la façon que c'était présenté, ce n'était pas la même énergie. Les deux hommes qui ont été [ décrits ] dans les articles, c'est le top real estate guy au Québec et un homme d'affaires "self-made'" qui n'a pas gradué du secondaire, mais la femme elle, c'est elle l'arnaqueuse. »
Le coût des produits offerts sur le site d'Alpha Femme a aussi fait jaser, dont les fameuses bouteilles d'eau infusées de cristal et vendues à 111 $. Melanie Ann tenait à apporter quelques précisions à ce sujet alors que ces items représentent moins de 1 % de son chiffre d'affaires.
Elle explique qu'au début, les produits étaient pour offrir en cadeau aux clientes et que c'est suite à la demande qu'elle a décidé de les offrir pour l'achat.
« Les produits physiques, c'est parce que si je suis pour avoir une gamme de luxe, ça fait pas grand sens de donner des cadeaux cheap à mes clientes.
« [...] Avec Alpha Femme, on ne vend pas. On ne fait pas de publicité, on ne vend pas les programmes. [...] C'est du attraction marketing. On ne va pas chercher nos clientes, c'est nos clientes qui nous trouvent.
« Je me sens tellement à l'aise de charger ce que je charge parce que c'est ça le prix. Et si c'est bon, good! Et si c'est pas bon, c'est parfait aussi, il y a d'autres business à d'autres prix. »
Quel est le meilleur conseil que tu as reçu et que tu donnes aux entrepreneur.euses?
« Je te dirais que le meilleur conseil que j'ai eu c'est : "Écoute pas personne. Écoute pas personne si tu le sais en dedans de toi que c'est bon." »
La femme d'affaires confie que c'est le coach de vie réputé Tony Robbins qui lui a dit ça lors d'une conférence. Et à partir de ce moment, elle a tenté d'arrêter de vouloir plaire aux autres et elle a écouté son feeling.
« J'ai juste suivi le monde comme moi qui avait du succès de manière non conventionnelle. J'ai appris de mentors qui n'étaient pas allés à l'école, mais qui ont fait des choses extraordinaires de leur vie, qui ont été avec leur intuition. J'ai juste écouté ceux qui disaient des choses qui résonnaient avec ce que je croyais.
« La business c'est spécial. Ce n'est pas quelque chose que tu apprends nécessairement à l'école. C'est un gut feeling, c'est la façon que tu communiques avec les gens, la compréhension de l'argent, de la communication, etc. C'est tellement plus gros. »
Quelle est la suite?
Après avoir fait face aux critiques dernièrement, Melanie Ann Layer aimerait que le message qui en ressorte, ce soit que le public garde un esprit ouvert pour voir qu'il y a d'autre façon de mériter sa place et du succès.
« Je pense que les nouvelles générations on est en train de réaliser que ce n'est pas tout le monde qui est bon à l'école, qu'il y a d'autres talents, autres choses. »
Selon elle, il faudrait valoriser ces différents types de parcours et d'expériences. « Ça peut être intéressant d'apprendre les autres façons de réussir. »
Pour ce qui est d'Alpha Femme, une nouvelle masterclass gratuite sur l'argent et les médias devrait bientôt être offerte, alors qu'elle sera en partie inspirée par la vague médiatique que l'entreprise a connue dernièrement.
Pour ce qui est de sa nouvelle demeure de près de 5 M$ à Saint-Placide, au bord du lac des Deux Montagnes, Melanie Ann devrait y emménager en avril prochain.
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.
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