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Avant même la sortie officielle du documentaire Je suis : Céline Dion sur Prime Video ce 25 juin, j'ai eu la chance d'assister à la première du film au Théâtre Maisonneuve à Montréal, le 17 juin. J'en suis ressortie encore sonnée par l'émotion, profondément troublée par des scènes et réflexions difficiles portées par notre chanteuse nationale, mais aussi pleinement émerveillée par sa grandeur d'âme à travers la maladie.
Dans ce long-métrage d'une heure et 42 minutes, on découvre et revisite le véritable parcours d'une combattante racontée par nul autre que l'héroïne de sa propre histoire. Les moments d'espoir, mais aussi de vérité - et même de rigolade - qui transparaissent dans ce documentaire m'ont grandement émue.
J'ai été touchée à plus d'une reprise par le récit de Céline, aux prises avec le syndrome de la personne raide (stiff-person syndrome). Si la chanteuse a appris qu'elle était atteinte de ce trouble neurologique extrêmement rare en 2022, elle a toutefois vécu une période d'errance diagnostique pendant plusieurs années, alors que les symptômes de la maladie se sont installés progressivement dès 2008. Les spasmes affectaient de plus en plus sa voix ; elle ne pouvant plus chanter, ni même marcher à certaines occasions.
Vulnérable
Dès les premières minutes, on aperçoit la diva de Charlemagne dans un grand moment de vulnérabilité devant la caméra : elle est couchée au sol, muscles crispés, prise d'un épisode de crise lié à son syndrome et doit être transportée de toute urgence à l'hôpital.
On revit en boucle des moments clés de son ascension, de la place centrale de son rêve de devenir une grande chanteuse internationale. Ce qu'elle est devenue avec sa voix d'or, qu'elle considère comme « le chef d'orchestre de sa vie »... jusqu'à ce qu'elle ne soit plus « maître de son destin ».
Son témoignage fait place à l'authenticité, ce que j'ai apprécié du début à la fin. Mes larmes se sont rapidement mises à couler lorsqu'elle explique comment les spasmes ont commencé à s'emparer de son « instrument » et qu'elle craque en tentant d'atteindre certaines notes, en vain. La vulnérabilité, c'est une preuve de sincérité, mais aussi de courage et dans son cas, de résilience, ce qui m'a beaucoup inspirée.
I Am: Celine Dion - Official Trailer | Prime Video
Drôle, envers et contre tout
J'ai versé plusieurs larmes, mais j'ai aussi ri très souvent. Céline a cette répartie qui est bien mise de l'avant tout au long du documentaire. Ses moments de tristesse, de frustration ou encore de découragement sont souvent ponctués d'humour, notamment lorsqu'elle dit qu'elle se croyait « excellente » avant l'apparition de sa maladie. Hahaha!
On accède pleinement à son côté clown, notamment lorsqu'elle offre une visite de son entrepôt ou plutôt, d'un véritable musée comprenant tous ses costumes de scène - dont ses robes les plus flamboyantes, certaines ayant servi d'inspiration aux drag queens présentes lors du lancement du film à Montréal. Elle évoque du même coup de façon hilarante sa passion des chaussures, ceux qu'elle s'est obstiné à porter de la taille six à dix seulement parce qu'elle les trouvait beaux!
Céline a toujours cette spontanéité, cette drôlerie qui, je crois, nous réconforte et contribue à rendre le film plus doux, mais aussi encore plus émouvant - notamment lorsqu'elle tient à se poncer les pieds tout juste avant une séance de thérapie sportive. Être capable d'utiliser l'humour en traversant des moments difficiles, c'est une véritable prouesse humaine.
Une douleur insoutenable
Arrive une longue scène où on voit et ressent toute la douleur qui traverse le corps de l'idole mondiale. En repensant à cette scène, mes yeux s'embrouillent, encore et encore.
Après avoir réuni tous ses efforts pour chanter Love Again, en studio, elle se présente à un rendez-vous avec son thérapeute. Couchée sur une table de massage, on voit qu'elle se crispe de plus en plus, des mains aux pieds. Jusqu'à ce qu'elle entre en crise. La scène est insoutenable, alors qu'on assiste à de longues minutes de souffrance en plan rapproché.
J'ai eu bien envie que cette scène se finisse, alors qu'elle peine à communiquer les petits gestes demandés par son équipe médicale. Bien que bouleversant, ce segment témoigne une fois de plus du courage, mais aussi de la transparence de l'artiste qui a accepté de partager avec son public l'un de ses grands moments de détresse, à la fois physique et mental. Et je ne peux que saluer ce profond courage, cette audace empreinte d'humanité.
Découragée par l'avertissement de son thérapeute, selon lequel tout moment d'exaltation ou d'intensité - comme celui de chanter - pourrait déclencher une crise, elle décide néanmoins de suivre sa routine habituelle en terminant sa séance de thérapie par une interprétation libre. S'il est bien connu que la musique a des vertus thérapeutiques, chanter est également profondément libérateur pour l'artiste et on le ressent avec son « asti(que) » bien québécois, lancé avec passion après avoir poussé la note.
Céline Dion interprète une chanson avec intensité après un épisode de crise lié à sa maladie.Catrina Jaricot | Amazon MGM Studios
Une transformation inspirante
Alors que l'artiste iconique doit s'adapter à sa nouvelle réalité, elle nous permet de l'accompagner pas à pas dans ce qui s'annonce être une transformation de tous les instants. Avec sa voix, pour laquelle elle use de ténacité, à l'image de sa force. Mais aussi sa grandeur d'âme, sa générosité qui m'a réellement inspirée et dont je risque de me souvenir pendant longtemps.
Céline s'est comparée à un pommier, avec lequel elle désire remettre à tous et toutes (ses fans) ses meilleurs fruits. Avec ce film exceptionnel qui m'a fait vivre tant d'émotions, on ne peut qu'être optimiste pour elle, en voyant à quel point elle réussit à se surpasser au quotidien. Et aussi, lui souhaiter de se rétablir afin de pouvoir distribuer ses plus belles pommes à nouveau.