9 tatoueurs nous révèlent quoi ne pas faire pour éviter de faire sacrer les artistes

Marianne Savard (@marianne.savard) | Québec

Ça fait maintenant douze ans que Marianne Savard pratique l'art du tatouage traditionnel en couleurs, dont les dix dernières années à Québec. Lors de son entretien avec Narcity, la tatoueuse a soulevé plusieurs points qu'elle considère comme étant importants, dont celui d'utiliser ton gros bon sens :

« Une des choses que je trouve les plus importantes, ce sont les retards parce que je suis très, très ponctuelle fait que c'est sûr que je le demande en retour aussi. Je trouve que c'est comme la chose la plus respectueuse à faire. [...] Je m'arrange toujours pour être à l'heure, que le dessin soit prêt. Ça va aussi avec les no shows, no calls, juste la communication puis d'être capable de m'avertir si tu es en retard ou si tu ne viendras pas. »

Les personnes qui accompagnent le client ou la cliente, ainsi que les jeunes enfants ou bébés, peuvent également être un irritant pour la professionnelle :

« C'est juste un environnement qui n'est pas adapté du tout pour les enfants. C'est une place où il y a du matériel qui peut être contaminé [...], c'est super dangereux. C'est aussi la concentration d'avoir plein de gens qui sont là, mais qui n'ont pas d'affaires là, puis que tu entends bouger, crier, parler à côté de toi. C'est quelque chose de minutieux quand même, tatouer, puis qui demande énormément de concentration. »

Finalement, elle tient à rappeler l'importance de faire confiance à 100 % à ton artiste et de justement bien le choisir, en fonction de son expertise, afin d'être assuré.e d'aimer le résultat :

« Peu importe ce qui va arriver, tu le sais que tu vas être content au bout de la ligne. Donc, choisir quelqu'un que tu es vraiment capable de truster pour l'emplacement, la grosseur [et le design]. Moi, c'est quelque chose qui me stresse énormément de laisser partir quelqu'un avec un tattoo, puis que je ne sais pas ce qu'il va arriver. [...] Je tiens beaucoup à ce que je suggère comme conseils de guérison. »

Marianne ajoute qu'elle est reconnaissante du lien qu'elle entretient avec sa clientèle, étant donné qu'elle a l'impression de moins faire face à ce genre de défis au quotidien.

Tu peux réserver un rendez-vous avec cette artiste au Saint-Paul Tattoo à Québec.

John Brosse (@john_brosse_tattoo) | Sainte-Thérèse

Au fil des quatre dernières années, celui qui se surnomme John Brosse sur les réseaux sociaux a cumulé beaucoup d'expérience dans le domaine, autant avec les nombreuses conventions auxquelles il a participé qu'en se spécialisant dans le style traditionnel. Lorsqu'on lui a demandé les choses qu'il déconseille de faire aux personnes en quête de nouveaux tatouages, l'artiste a cité plusieurs éléments à prendre en compte, selon lui :

« Le premier point est d'imposer son style à l'artiste. [Il faut] bien choisir en fonction de ce que l'artiste fait et non imposer ce que le client veut. C'est très acceptable qu'après une consultation, le style de tatouage ne vous convienne pas et il vaut mieux changer d'artiste que [d'exiger] ce qu'on veut. Une liberté artistique permet d'avoir un tattoo plus personnalisé, et moins de déjà-vu. [Ensuite, il est préférable d'éviter de] vouloir inclure tout ce qui est significatif dans un tattoo. Si la personne veut faire un tattoo avec beaucoup de signification, peut-être opter pour le faire en patchwork (plusieurs tatouages) [...], ce qui fait une manche ou une demi-manche qui respire et les détails sont plus remarquables. »

D'après John, il peut être pertinent d'opter pour des emplacements un peu moins visibles et plus faciles à tatouer lorsqu'il s'agit de premières expériences, ce qui fait en sorte qu'il y a « moins de chances de regretter un tattoo moins voyant ». « Plus on se fait tatouer, plus on comprend ce qu'on aime et on découvre des styles qui peuvent mieux perdurer dans le temps », a-t-il ajouté avant de préciser qu'il faut aussi éviter de choisir des tattoos qui pointent vers soi, et plutôt prioriser ceux qui s'enlignent vers l'extérieur.

Un autre détail assez important pour l'artiste se situe au niveau du budget : « On ne magasine pas un prix, il vaut mieux choisir l'artiste [en premier]. S'il est hors de notre budget, simplement être honnête et revenir avec plus d'argent de côté. Un tattoo, c'est à vie. »

Il termine en expliquant qu'il ne faut pas imposer son horaire au tatoueur : « Les gens s'adaptent à l'horaire des médecins, dentistes, coiffeurs, massothérapeutes. [Quand vient le temps de prendre un rendez-vous avec nous], plusieurs personnes disent qu'ils ont seulement le mardi à 15 h et le vendredi à 9 h pour se faire tatouer. Je comprends ça, mais nous avons un horaire de travail aussi, on apprécie nos congés. »

Tu peux réserver un rendez-vous avec cet artiste au Salon Quartz Tattoo à Sainte-Thérèse.

Carine Dugal (@carine_dugal) | Laurentides

Après environ dix ans dans le domaine, Carine Dugal qui a maintenant son propre studio à domicile avec son fiancé Sweeney a plus d'une anecdote dans son bagage. Parmi les choses qu'elle déplore le plus dans le cadre de son métier, elle nomme les gens qui contactent l'artiste sans nécessairement se fier à son travail et au style de tattoo qu'il ou elle partage :

« Je crois que ce que j’aime le moins, c’est quand une personne dit avoir regardé mon portfolio avant la consultation et elle m’apporte des photos de référence d'un tatouage réaliste, quand mon portfolio contient seulement [des oeuvres du style] traditionnel. »

Carine poursuit en mentionnant qu'il est important pour elle de planifier une consultation face à face avec la personne avant de confirmer le rendez-vous afin qu'elle puisse avoir une meilleure vision du projet : « [Je trouve ça spécial quand] quelqu’un me dit qu’il ne peut pas venir faire une consultation en personne, car il a 20 minutes de route à faire [...], quand la plupart de mes clients vivent à 40 minutes ou une heure et viennent sans problème. »

« Pour moi, une heure de route, ce n’est rien pour un tattoo qui dure toute une vie », enchaîne-t-elle.

Tu peux prendre un rendez-vous avec cette artiste au Studio porte n°13 ou Chez Léopold dans les Laurentides.

Élyse-Anne Vadeboncoeur (@elyse_vadeboncoeur_tattoo) | Trois-Rivières

C'est après avoir oeuvré dans le milieu hospitalier en tant qu'infirmière qu'Élyse-Anne Vadeboncoeur a pivoté vers l'art du tatouage, soit le même domaine que son amoureux, il y a environ un an et demi. Celle qui fait autant du fine line que des lignes plus épaisses, avec un peu de dotwork et qui a un côté plus botanique à travers ses dessins nous a mentionné que c'est dès le premier contact sur Instagram qu'il faut faire attention, en tant que client.e :

« Souvent, les gens, même si c'est un peu indiqué sur mon profil Instagram, ils ne savent pas vraiment comment faire puis c'est souvent "Allo, je veux un tattoo." On veut être efficace, souvent on a beaucoup de messages, puis je n'ai pas le temps de venir parler [...], c'est pas que ça ne me fait pas plaisir, mais c'est plus; va droit au but. »

Elle recommande donc d'envoyer un message clair et concis dans lequel tu spécifies c'est quoi ton projet, l'emplacement ainsi que la grosseur approximative que tu aimerais, tout en accompagnant tes propos d'images de référence. Ça permet donc à l'artiste d'aussi pouvoir te donner des indications précises, de t'informer sur le prix et de savoir combien de temps va durer votre rendez-vous ensemble.

Tu peux planifier un rendez-vous avec cette artiste au Tatouage Pronovost Trois-Rivières.

Jay Bestene (@jaystatsgo) | Richelieu

C'est au Liban qu'a commencé le tatoueur Jay Bestene il y a une douzaine d'années. Il travaille maintenant au salon Open Mind Tattoo à Richelieu et il peut faire un peu de tous les styles, mais préfère les projets qui mélangent l'abstrait, le old school et le réalisme. Parmi les recommandations qu'il nous a partagées lorsque vient le temps d'aller à son rendez-vous, il suggère de ne pas consommer d'alcool ou de cannabis avant de se faire tatouer, de bien se nourrir et de bien dormir la veille.

Pour Jay, il est aussi important de ne pas « changer d'idée à la dernière minute, ne pas être certain de ce que tu veux ou d'imposer ton [style] à un artiste avant de voir c'est quoi qu'il aime faire ». Les tatouages seront optimaux si l'artiste a une certaine liberté créative et si le projet en question s'agence bien avec le portfolio de la personne.

Tu peux réserver un rendez-vous avec cet artiste au Open Mind Tattoo à Richelieu.

Sarah-Ève Côté (@_xsxssx) | Saint-Jérôme

Ça fait maintenant près d'un an que Sarah-Ève Côté bâtit sa clientèle dans l'univers du tatouage alors qu'elle se spécialise en old school. Ayant déjà une grande demande via les réseaux sociaux, la tatoueuse confie qu'elle apprécierait que les gens lui donnent plus de détails lorsqu'il est temps de prendre rendez-vous :

« Les clients qui parlent en messages texte, qui veulent booker un tattoo, puis qui te disent "Je vais prendre un tattoo à peu près de la grosseur d'une main" ou "à peu près de la grosseur d'un pied." Il faut dire des mesures plus précises, des pouces, des centimètres, quelque chose de plus concret. »

Un autre conseil qu'elle aimerait partager est celui de ne pas arriver le ventre vide le jour de ta rencontre avec l'artiste parce que ça pourrait facilement mal tourner : « Quand tu prends un rendez-vous, prépare-toi avant ton rendez-vous. Ne pas arriver sans avoir mangé, sans avoir de l'eau, hangover, ce genre d'affaires là. » Tu es donc mieux de t'assurer d'être en forme pour que ça se passe bien.

Tu peux prévoir un rendez-vous avec cette artiste au salon Les Audacieuses à Saint-Jérôme.

Eugénie (@eugenie.tatoueuse) | Beloeil

Eugénie oeuvre dans le milieu depuis trois ans et demi et elle se spécialise dans les styles floraux, le dotwork, les mandalas et l'ornemental. S'il y a bien un conseil qu'elle souhaite partager aux gens qui contactent les artistes, c'est de rester respectueux et respectueuses :

« Quand on prend un rendez-vous, c'est vraiment important de ne pas envoyer des photos explicites non sollicitées. [...] Un ancien collègue de travail, il y a un monsieur qui lui a écrit pour avoir un tatouage dans un petit endroit intime, fait qu'il lui a dit "Quel genre d'endroit intime?" Le monsieur a envoyé cinq à six photos de lui flambant nu. [...] Ça, il ne faut pas faire ça. Il faut que tu demandes à la personne si elle veut avoir des photos de toi tout nu.

« Sinon, quand tu envoies un message à un tatoueur parce que tu veux avoir un tattoo, puis qu'il ne te répond pas, pas obligé d'envoyer huit messages avec des points d'interrogation. Il ne te répondra pas plus », a-t-elle ajouté. Il est donc préférable d'être patient et d'attendre le retour de l'artiste pour poursuivre la discussion.

Tu peux planifier un rendez-vous avec cette artiste au Lost Souls à Beloeil.

Andréanne Chamberland (@andyworld.art) | Saint-Jean-sur-Richelieu

Située sur la Rive-Sud de Montréal, Andréanne Chamberland est une apprentie tatoueuse qui fait du black work depuis quelques mois et tout a commencé dans son petit studio à domicile avant qu'elle se joigne à l'équipe du Pink Electric Tattoo. C'est d'ailleurs en accueillant sa clientèle chez elle qu'elle a pu expérimenter certains comportements qu'elle ne recommande pas :

« C'est une bonne idée de demander, par message, si tu peux avoir un accompagnateur avant de juste te présenter avec tes enfants, ton oncle, ta tante, ton frère, ta soeur, puis ton mari. Des fois, ça ne nous tente pas trop d'être déconcentrés par toute la famille au complet, fait que d'aviser puis de demander la permission, ce serait un must. »

Autant pour l'artiste que pour toi, il peut être préférable de choisir une personne qui pourra autant te supporter, mais aussi te tenir compagnie, plutôt qu'une gang qui pourrait déranger le tatoueur ou la tatoueuse et ainsi affecter son travail.

Tu peux prendre rendez-vous avec cette artiste au Pink Electric Tattoo à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Kim (@kim_ette_) | Québec

Ça fait désormais quatre ans que Kim Brassard pratique le tatouage handpoke, et ça fait environ un an qu'elle peut pleinement vivre de son art alors qu'elle travaille dans son propre studio à Québec, Le Groove. Si l'artiste dit ne pas avoir « la science infuse du tattoo », elle a tout de même quelques conseils que tu risques de vouloir prendre en compte lors de tes prochaines séances :

« Dire bonjour, c'est super simple, mais beaucoup de tatoueurs prennent eux-mêmes les rendez-vous, il y a une personne derrière les réponses et c'est toujours agréable de bien commencer son interaction, rester patient et poli avec son tatoueur [...]. Regarder [son] style avant de booker. Plusieurs tatoueurs mettent tellement de temps à développer leur propre style et c'est vraiment important de vérifier que le projet puisse aussi plaire au tatoueur.

Kim poursuit ensuite en soulevant qu'il est possible que l'artiste ne te réponde pas dans les minutes qui suivent l'envoi de ton message : « Pour ma part, je me mets un horaire pour répondre à mes messages, sinon ça serait trop facile de travailler 24 h sur 24, vu que c'est sur mon cellulaire. » Et en ce sens, n'hésite pas à lui écrire tout de même si une situation se présente : « Des imprévus, ça arrive, mais on préfère être avertis que de ne jamais avoir de réponse. »

Elle conclut en rappelant l'importance d'arriver à l'heure convenue une fois le jour J arrivé afin de respecter les autres rendez-vous que l'artiste a planifiés dans sa journée.

Tu peux réserver un rendez-vous avec cette artiste au studio Le Groove à Québec.