Certains gyms ouvriront dimanche au Québec et un des propriétaires nous parle du mouvement
« On ne veut pas jouer les hors-la-loi, on veut envoyer un message. »
De nouveaux assouplissements ont été annoncés lors de la conférence de presse du 25 janvier, annonçant un déconfinement en deux phases prévues les 31 janvier et 7 février. Le Québec pourra, entre autres, réouvrir ses restaurants et ses salles de spectacles. Le premier ministre François Legault a cependant affirmé que les centres d'entraînement et les spas devaient rester fermés pour une durée encore inconnue.
Selon les explications de M. Legault, « pour l'instant, la Santé publique nous dit que ça viendra dans une troisième étape [dont la date n'a pas été déterminée]. Le plus rapidement qu'on sera capable d'avoir un peu plus de certitude sur la situation dans les hôpitaux ».
Suite à cette annonce, plusieurs Québécois.es, athlètes et professionnel.les du milieu de l'activité physique ont manifesté leur mécontentement, donnant place à un mouvement de solidarité dans le but encourager les autorités à devancer la réouverture des gyms.
En quoi consiste le mouvement?
Sur les réseaux sociaux, plusieurs entreprises dans le milieu de l'entraînement physique se sont mobilisées en annonçant qu'elles ouvriraient leurs portes au public, tout en respectant les consignes sanitaires actuelles. Elles souhaitent ainsi manifester leur sentiment d'injustice à l'égard des récents assouplissements annoncés.
Pour ce faire, c'est le dimanche 30 janvier prochain que plusieurs studios d'entraînement, tels que le Club Le Vestiaire situé à Montréal, ainsi que Blackburn Athletics sur la Rive-Sud de Montréal, permettront à leurs utilisateur.trices de profiter des équipements.
Un groupe privé a d'ailleurs été créé sur Facebook afin de rassembler les propriétaires de gyms, salles de sport et centres d'entraînement qui souhaitent participer à cette initiative.
« Ouverture le 30 janvier (une journée seulement) de façon structurée, pacifique, en respectant les mesures sanitaires actuelles et surtout, ensemble. [...] On vous invite à partager à vos amis proprio de gyms, studios de yoga, studios de danse, arts martiaux, etc. », peut-on lire sur la description de la page en question.
Narcity s'est entretenu avec un propriétaire de salles d'entraînement qui embarque dans le mouvement afin d'en apprendre plus au sujet de leur participation ce 30 janvier.
Karim El Hlimi — Propriétaire du Club Le Vestiaire
Le préparateur physique propriétaire de Rx Lab Performance et du Club Le Vestiaire, Karim El Hlimi, nous a confié que plusieurs personnes ont tenté à maintes reprises de se faire entendre par les autorités concernant l'importance des studios d'entraînement, mais sans succès :
« À chaque conférence, ce qu'on entend c'est qu'il n'y a pas de place pour la prévention de la santé puis encore plus que notre rôle et notre travail sont complètement écartés de la prévention de la santé. [...] Peu importe si on envoie des lettres ou pas, on ne va jamais se faire entendre jusqu'à ce qu'on fasse un moyen un peu plus drastique, fait qu'on s'est dit qu'on allait faire une journée symbolique. »
En vue de cette initiative, Karim se questionne au sujet de la réception du public, des subventions accordées aux entreprises fermées ou à savoir si les policier.ères interviendront au moment venu, mais il tient tout de même à intervenir.
« On va voir ce qui va arriver dans les prochains jours [...]. Est-ce que les corps policiers vont venir ici? Est-ce que les subventions, les termes ont changé? [...] Notre objectif c'est d'ouvrir quand même, que ce soit pour une partie de la journée, on va le faire.
« Dans le groupe, il y a des gens qui disent qu'ils vont faire faillite dans trois mois [...]. On a tellement de gens qui ont fermé leur entreprise, vendu leur entreprise, il y en a beaucoup qui sont rendus au bout du rouleau puis qui veulent se faire entendre peu importe c'est quoi le moyen et le prix.
« C'est la première fois qu'on fait ça, on a toujours suivi toutes les mesures. On a tout respecté de A à Z depuis le début en espérant qu'il y ait des choses qui changent puis il n'y a rien qui a changé [alors] on s'est dit qu'on va aller à contre-courant de qu'est-ce qu'on faisait pour essayer d'avoir un changement. »
Ainsi, Karim précise qu'iels ne veulent « pas jouer les hors-la-loi », mais plutôt « envoyer un message » qui leur tient à coeur.
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.