Fermeture de la fermette du Centre de la nature : le maire Boyer répond aux Lavallois fâchés
Une pétition a récolté près de 15 000 signatures et Action Laval demande une consultation publique. 🐷🦙🐓

Stephane Boyer, maire de Laval, répond à la grogne suite à l'annonce de fermeture de la fermette du Centre de la nature.
Tout juste réélu à la tête de la Ville de Laval lors des élections de novembre 2025 avec près de 59 % des voix, le maire Stéphane Boyer a vu sa cote de popularité chuter brusquement à l’approche des vacances de Noël. En cause : le dépôt du budget municipal 2026, présenté le 19 décembre, qui contenait une annonce ayant provoqué une onde de choc chez de nombreuses familles lavalloises. La Ville a confirmé la fermeture définitive de la fermette gratuite du Centre de la nature de Laval, invoquant la vétusté des installations ainsi que les coûts élevés liés à leur exploitation.
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Tristesse, colère et incompréhension se sont rapidement fait sentir au sein de la population. En moins de quatre jours, une pétition citoyenne intitulée « Non à la fermeture de la fermette du Centre de la nature de Laval » a déjà recueilli près de 15 000 signatures.
« La fermette est un lieu très important pour de nombreuses familles lavalloises. Chaque année, des parents et des enfants la visitent pour découvrir les animaux de ferme. Pour certains enfants, c’est l’un des seuls endroits où ils peuvent avoir un véritable contact avec des animaux, surtout en milieu urbain », peut-on lire dans le texte de la pétition.

Action Laval réclame une consultation publique
De son côté, le parti Action Laval, qui a obtenu 19,37 % des voix lors de la dernière élection municipale, a annoncé lundi matin, le 22 décembre, son intention de déposer un avis de proposition au prochain conseil municipal afin de réclamer la tenue d’une consultation publique sur l’avenir de la fermette.
« Une décision qui touche autant d’enfants, de familles et d’éducateurs ne peut être prise derrière des portes closes. Les Lavallois et les Lavalloises méritent d’être entendus ! », a déclaré le parti dans un communiqué.
La conseillère municipale Isabelle Piché a pour sa part dénoncé ce qu’elle considère comme un « abandon » découlant d’un sous-investissement chronique dans les infrastructures municipales. « La fermette n’est pas qu’un bâtiment : c’est un lieu d’apprentissage, de découverte et de souvenirs pour des milliers d’enfants », a-t-elle affirmé.
Action Laval souligne également que le maire Stéphane Boyer n’avait jamais évoqué la fermeture de la fermette durant la plus récente campagne électorale.
Stéphane Boyer prend finalement la parole
En fin de journée, le 22 décembre, le maire de Laval, Stéphane Boyer, a finalement pris la parole sur ses réseaux sociaux afin de réagir à la controverse entourant la fermeture annoncée de la fermette du Centre de la nature.
« Vous avez été nombreux à m’interpeller au sujet de la fermette du Centre de la nature, dont la fermeture est prévue en 2026. Au cours des derniers jours, j’ai pris le temps de lire vos messages et vos témoignages. Je comprends la déception que cette annonce suscite », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Le maire a tenu à rappeler les raisons derrière cette décision qu’il qualifie de difficile. Selon lui, le bâtiment est vétuste et ne répond plus aux normes actuelles, notamment en matière de bien-être animal. Une reconstruction conforme coûterait plusieurs millions de dollars, en plus des frais d’exploitation annuels de 600 000 $ que représente déjà la fermette.
Toutefois, Stéphane Boyer a laissé entrevoir une solution alternative. « Vous êtes nombreux à m’avoir rappelé l’importance éducative de la fermette. Je vous entends. C’est pourquoi j’ai demandé à la Direction générale de la Ville de travailler dès maintenant à l’identification d’une alternative qui permettrait de continuer à offrir une activité de ce type aux familles lavalloises, dans un contexte mieux adapté au bien-être animal et plus soutenable financièrement », a-t-il expliqué, évoquant notamment la possibilité d’un partenariat avec une ferme lavalloise.
Il a toutefois insisté sur le fait que le bien-être des animaux demeurera au cœur de la réflexion. « La qualité de vie des animaux qui habitent la fermette doit rester la priorité numéro un dans cette recherche de solutions. Nous veillerons à ce que toute décision prise soit éthique et humaine », a-t-il conclu.
Une réponse insatisfaisante?
Sur les réseaux sociaux, bien que certain.e.s Lavallois.e.s sont soulagé.e.s de lire qu'une « alternative » sera explorée, les commentaires se comptent par centaines : nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui ne veulent pas « d'activité de ce type avec une ferme lavalloise », mais bien la continuité de la mythique fermette du Centre de la nature.
Plusieurs partagent leurs souvenirs d'enfance et évoquent les traditions, alors qu’une première version de la fermette que l’on connaît aujourd’hui a vu le jour dans les années 1970.
« Ça fait deux fois que je relis votre message et je ne suis toujours pas certain de comprendre. [...] Ils vous disent que ça c'est un projet qui leur tient à cœur et qu'ils sont prêts à ce que la ville investisse pour la garder », écrit Jean-Philippe Nadeau, résumant le sentiment de plusieurs. « L'idée, c'est que ça reste au Centre de la nature. »
Cette position est largement partagée. « La fermette du Centre de la nature fait partie du charme de Laval. [...] Il faut trouver une solution pour garder la fermette au Centre de la nature », insiste une citoyenne. Une autre renchérit : « C'est au Centre de la nature que toutes et tous veulent conserver la ferme. Revitalisée ou nouvelle, mais là où elle est, accessible aux familles. »
Plusieurs remettent également en question les priorités budgétaires de l'administration. Une citoyenne a d'ailleurs ressorti un communiqué de la Ville indiquant qu'en 2015, un plan de 30 millions de dollars sur 10 ans avait été annoncé pour les infrastructures du Centre de la nature, incluant la « rénovation de la ferme ». « Ce 30 millions avait été prévu, mais où a été investi cet argent? », demande-t-elle.
D'autres pointent du doigt les investissements dans les pistes cyclables. « Mais pour les pistes cyclables budget illimité? », lance un citoyen, tandis qu'une autre souligne l'ironie de voir la Ville invoquer des contraintes financières.
Les propositions ne manquent toutefois pas pour sauver la fermette : partenariat avec la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal, campagne de financement participatif, dons volontaires à l'entrée, implication de bénévoles et d'étudiants, ou encore collaboration avec des refuges comme la SPCA. « Pourquoi ne pas en faire un organisme sans but lucratif et offrir aux Lavallois la possibilité d'y faire du bénévolat? », suggère un résident.
Un commentaire plus mordant résume l'exaspération de plusieurs : « Peut-être pourrions-nous installer les animaux à l'hôtel de ville et vous à la fermette? »
Une chose est certaine, les Lavallois.e.s ne semblent pas prêt.e.s à lâcher le morceau.

Qu'arrivera-t-il avec les animaux de la fermette du Centre de la nature?
C'est l'une des questions qui revient le plus souvent dans les commentaires des citoyen.ne.s : « Que va-t-il se passer avec les animaux de la fermette? »
La Ville de Laval se veut rassurante sur ce sujet. La fermeture ne se fera pas du jour au lendemain, mais devrait plutôt s'étaler de façon progressive jusqu'en juin prochain, « en respect du bien-être des animaux », a précisé la Ville de Laval.
D'ici là, les bêtes devraient être relocalisées auprès de fermes et de refuges spécialisés « afin de leur offrir une suite de vie digne et sécuritaire ».
Que penses-tu de la réponse du maire de Laval?
