Deux journalistes de guerre canadiennes témoignent du conflit russo-ukrainien à TLMEP
« C'est mon pays, je suis condamnée. »

Marie-Ève Bédard. Droite : Conflit en Ukraine.
Toute la communauté internationale a présentement les yeux rivés sur la Russie et l'Ukraine. Ce 24 février, une attaque militaire menée par les forces armées russes contre le pays frontalier a débuté. Au coeur du conflit, les correspondantes canadiennes Marie-Ève Bédard et Tamara Alteresco ont raconté l'envers du décor de cette guerre dans une entrevue accordée à l'émission d'actualité Tout le monde en parle diffusée sur Radio-Canada le 27 février 2022.
Sur le terrain, les deux femmes ont pu prendre le pouls de la situation en questionnant la population afin de rapporter de l'information au pays. Les impacts de ce conflit auraient causé, en date du 27 février 2022, la mort de plus de 352 victimes civiles en Ukraine selon les informations de Radio-Canada. D'après la vice-ministre ukrainienne de La Défense, Hanna Malya, il y aurait 4 300 militaires russes qui seraient décédés depuis le début de l'invasion.
Les journalistes Marie-Ève Bédard et Tamara Alteresco en entrevue à Tout le monde en parleTout le monde en parle | Radio-Canada
En Ukraine
La Québécoise Marie-Ève Bédard, en direct de Kiev, a mentionné être obligé de rester à l'intérieur alors qu'un couvre-feu est imposé pour tous.tes les habitant.es de la capitale : « Nous en ce moment, c'est assez particulier on est sous couvre-feu depuis vendredi soir [...]. Il y a interdiction pour tous les journalistes de sortir dans la rue. C'est très difficile de faire notre travail dans des conditions pareilles. » Selon la journaliste, cette mesure serait mise en place par les autorités, afin d'aider à repérer et déloger ceux et celles qu'on surnomme les « saboteurs », des agent.es russes qui tentent de marquer sur les édifices de la ville des cibles potentielles.
Plusieurs villes importantes d'Ukraine ne sont pas tombées, au moment d'écrire ces mots, aux mains des forces russes. « Au cours des deux trois derniers jours, on a vu un mouvement massif de gens, d'hommes, se porter volontaire pour venir chercher des armes et participer à la défense de la ville », a-t-elle poursuivi.
Selon les dires de la correspondante, les Ukrainien.nes se sentiraient abandonné.es par l'Europe et le reste de la communauté internationale : « [...] La tâche pour eux, elle est énorme. Ils ne font pas le poids en nombre ni en armements ça c'est clair. [...] On sent une déception profonde quand on parle aux gens, quand on parle à de jeunes hommes qui sont partis [...] s'enregistrer. [...] Ils se demandent tous où sont ces Occidentaux qui leur avaient promis mers et monde. »
En Russie
Tamara Alteresco est, quant à elle, sur le territoire russe dans la ville de Tver. La journaliste a raconté qu'elle constatait la fatigue du peuple russe : « Il y a une partie de la population qui est indifférente je vous dirais. Il y a une partie de la population qui est sous le choc et il y a une partie de la population qui sait qu'elle n'a pas le pouvoir sur la suite des choses. » Questionnée sur son sentiment face à ce conflit, une amie russe d'Altrresco lui a avoué se sentir complètement impuissante : « C'est mon pays, je suis condamnée. »
La désinformation règne présentement parmi la population, alors que le gouvernement russe contrôle les médias, selon ce qu'affirme Alteresco : « Tous les médias — mais ça s'adresse surtout aux médias russes — ont la directive sous peine d'amende de ne pas utiliser le mot invasion, de ne pas utiliser le mot agression. Les gens qui collaborent avec les médias étrangers peuvent être accusés de trahison. Ça vous donne une idée de ce que le pouvoir, en ce moment, met en branle pour empêcher les journalistes de dire aux Russes ce qu'il se passe réellement. »
« [Les Russes] ne sont pas divisés, ils n'ont pas un mot à dire. Pour les manifestations, il y en a... Il y en a dans plusieurs villes, mais aussitôt sortis, aussitôt arrêtés, c'est ça la réalité en Russie. [...] Les gens veulent manifester, mais ils n'ont pas de marge de manoeuvre », explique la correspondante.
Concernant les sanctions émises par les pays faisant partie de l'OTAN, dont le Canada, Alteresco déclare que celles-ci n'impactent pas seulement le gouvernement de Poutine : « C'est la population qui paye. On a l'impression que le rideau tombe et que la Russie s'isole comme elle n'a jamais été isolée. »
Des pourparlers de paix sont en cours, à l'heure d'écrire ces lignes, entre la délégation russe et la délégation ukrainienne, et ce, sur le territoire de la Biélorussie. Le premier ministre de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine et le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, ne sont pas présents sur les lieux.
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