Cette Montréalaise s'ouvre avec émotion sur le kidnapping dont elle a été victime à 17 ans

Un rappeur qui « slide dans les DMs», ça ne se passe pas juste dans les films.

Rédactrice, Narcity Québec
Émilie Allaire-Bujold. Droite : Victoria Charlton.

Émilie Allaire-Bujold. Droite : Victoria Charlton.

En février 2017, Émilie Allaire-Bujold, qui était alors âgée de 17 ans, a disparu après avoir quitté son domicile situé à Pointe-aux-Trembles. L'adolescente a été retrouvée en vie à Toronto quelques semaines plus tard et six ans après ce drame, Émilie a décidé de raconter comment elle est devenue victime d'exploitation sexuelle.

C'est dans une vidéo mise en ligne le 5 février que la jeune femme a dévoilé en détail à Victoria Charlton les sévices qu'elle a subis pendant plusieurs jours.

Attention, cet article contient du contenu qui pourrait être perturbant pour certain.es lecteur.trices.

Émilie raconte qu'elle venait d'avoir 17 ans lorsqu'elle a commencé à discuter sur Instagram avec un rappeur qui était, selon elle, assez connu. Il aurait eu l'air très gentil et le 17 février, elle dit avoir accepté de le rencontrer pour la première fois chez lui. L'homme à qui elle a donné le nom fictif de Jay dans le cadre de cet entretien lui aurait offert un verre de vodka et Émilie se rappelle être tombée dans les vapes peu de temps après. Lorsqu'elle a repris connaissance pour de bon après un voyage nébuleux en voiture, elle se serait retrouvée dans une chambre sans fenêtre et meublée d'un lit, sans plus :

« Quand je me suis réveillé, j'étais dans une pièce, dans une chambre [...] et il y avait la porte un peu entrouverte pis j'entendais des gens parler en anglais, il y avait beaucoup de voix. [...] Aussi, qu'est-ce qui m'a fait capoter c'est que j'ai réalisé que, à ma mère, j'avais menti sur où j'allais, je ne lui ai pas dit qui j'allais voir. [...] Sur le coup, j'ai juste paniqué... »

Elle a expliqué à Victoria qu'elle aurait ensuite aperçu une porte et que sa première réaction aurait été de courir en direction de la sortie :

« C'était vraiment ma première réaction, j'ai vraiment couru vers la porte. Le temps que j'ouvre, j'ai juste senti quelqu'un me pogner par-derrière pis évidemment j'ai comme tombée pis le gars m'a regardé, il m'a comme pogné et il s'est mis à me donner des coups de poing. »

Une femme qu'elle pense être la copine d'un des hommes sur place l'aurait par la suite habillée ainsi que maquillée et ce soir-là, on l'aurait forcée à avoir des relations avec trois hommes, qui payaient la femme en question en arrivant. C'est en entendant le dernier mentionner qu'il était en voyage d'affaires à Toronto qu'elle aurait compris où elle était. Le lendemain, celui qui l'a entraînée dans ce piège l'aurait encore déplacée à un endroit différent et c'est là qu'elle confie avoir subi toute sorte de violence autant physique que sexuelle de façon quotidienne. Selon son témoignage, non seulement elle devait offrir des services à plusieurs clients par jour, mais de plus, elle vivait dans des conditions inimaginables :

« Dans le fond, je ne pouvais pas me lever, si je voulais aller aux toilettes, je devais marcher à quatre pattes jusque dans les toilettes, il me regardait. Il était tout le temps là durant tout le temps que je suis restée là-bas pendant le un mois et demi. Je devais dormir à terre pis je me faisais réveiller à coups de pied, [...] il me crachait aussi dessus des fois. [...] Je mangeais une fois par jour je te dirais [...] lui, il mangeait dans ma face. [...] J'étais quasiment comme un cahier à colorier parce que les bleus, il y en avait des vieux, il y en avait des nouveaux. »

Suite à une première tentative de fuite désastreuse lorsqu'elle a été laissée seule après le premier mois, elle dit qu’une nouvelle opportunité de se sortir de cette situation horrible s’est présentée. Elle explique que son agresseur l'avait installée dans un hôtel avant de quitter la chambre et qu'elle aurait réalisé qu’il y avait un téléphone dans la pièce. Elle l'aurait fixé pendant une dizaine de minutes avant d'avoir le courage d’appeler sa mère. Peu de temps après, la police est débarquée sur place pour la secourir.

Après avoir donné sa déposition, fait quelques tests et passé un séjour à l’hôpital, elle révèle qu'elle a dû rester en centre jeunesse jusqu'à ses 18 ans. Alors qu'Émilie raconte comment elle a porté plainte, on apprend que le rappeur serait resté en prison pendant deux ans, mais qu'il aurait été jugé non coupable, ce qui aurait même surpris les enquêteur.trices.

Aujourd'hui, elle a un copain, est aux études et affirme qu'elle va bien, mais que lorsque la date de son enlèvement approche, elle se sent toujours anxieuse.

Pour ce qui est de « Jay », selon Émilie, il serait encore un rappeur tout de même connu. Il ferait des podcasts ainsi que des entrevues dans le domaine du rap et aurait encore une fan base incluant des femmes. Elle pense qu'il pourrait continuer à faire à d'autres ce qu'il lui a fait subir.

À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.

On rappelle à toute personne victime d'agression sexuelle que plusieurs ressources existent, comme le Centre pour les victimes d'agression sexuelle de Montréal (CVASM), qui couvre tout le Québec, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au 1-888-933-9007.

Alexe Fortier
Rédactrice, Narcity Québec
Alexe Fortier est rédactrice chez Narcity Québec. Elle est spécialisée en divertissement et téléréalités, et réside sur la Rive-Nord de Montréal.
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