Des réalisatrices québécoises s’ouvrent sur les doubles standards derrière la caméra
« On me parlait toujours de mon corps, on me faisait toujours des joke de c*l. »

Les réalisatrices Lawrence Côté-Collins et Lorna Kidjo.
Bien que l’expression du genre se traduise maintenant le long d’un spectre, les stéréotypes entre le féminin et le masculin demeurent. Dans le cadre d’une série de portraits, Féminin · · · Masculin veut faire rayonner des personnalités québécoises féminines qui, chaque jour, se démarquent avec succès dans leur domaine, qui dépassent les limites et qui fracassent le plafond de verre tout en défiant les normes de genre.
Les femmes font de plus en plus leur place derrière la caméra dans le domaine du cinéma et de la télévision, mais ce n'est pas toujours facile. Dans le but de faire découvrir le parcours et les difficultés que les femmes peuvent vivre dans ce domaine largement considéré comme masculin, Narcity s'est entretenu avec quatre réalisatrices : Mara Joly, Lawrence Côté-Collins, Brigitte Couture et Lorna Kidjo.
Mara Joly a grandi en faisant du unschooling (lorsque l'enfant apprend en fonction de ses propres intérêts)entre le Québec, la France, le Sénégal et le Gabon. Formée au théâtre, elle évolue comme comédienne depuis 2010, et c'est en 2019 qu'elle scénarise et réalise La maison des folles, qui a raflé plus de 35 nominations et 15 prix à travers le monde. Elle a notamment gagné le prix de la meilleure série courte à Canneseries à Cannes ainsi qu'aux Gémeaux et aux Numix au Québec, en plus d’être en nomination aux Gémeaux 2020 dans la catégorie Émission s'étant le plus illustrée à l'étranger.
Lawrence Côté-Collins est une réalisatrice LGBTQ2S+ qui ne fait pas dans la dentelle. Cette femme sans filtre et sans tabou visite à travers ses oeuvres des sujets comme : l’excès, le malaise et des thèmes sociaux qui écorchent. Elle conjugue un parcours en cinéma et en télévision. Dans les dernières années, elle a réalisé Un souper presque parfait, Occupation Double etClassé XXX. En 2016, elle a signé son tout premier long-métrage intitulé Écartée, qui fut salué par la critique. Son film, Bungalow sortira en salle en 2022 et il s’inscrit aussi dans son univers singulier.
Lorna Kidjo est une comédienne, scénariste ainsi que réalisatrice originaire de la Belgique et du Bénin. Elle a joué plusieurs rôles dans des émissions de télévision canadiennes et américaines telles que Transplant et Mrs. America. En 2021, celle-ci a écrit, produit et réalisé son premier court-métrage intitulé Fester, sélectionné entre autres au Festival international de films Fantasia et au Reelworld Film Festival.
Brigitte Couture a travaillé pendant des années comme assistante-réalisatrice avant de devenir l'une des réalisatrices les plus respectées du domaine. Annie et ses hommes, Mémoires vives, Toute la vérité et 30 vies sont quelques-unes des réalisations sur son C.V. déjà bien garni.
Qu'est-ce qui a été le plus difficile dans ton parcours?
Mara : « Je suis sortie de l'école en 2010, pis les rôles de femmes étaient de '' faire valoir ''. J’étais blonde, jeune, donc je jouais beaucoup les petites cocottes ou prostituées. Des rôles de '' faire valoir '', et même si c'était [des rôles d']amoureuses des fois, c'était quand même le '' faire valoir '' du personnage masculin […]. Un moment donné, j'ai fait un tournage, c'était un tournage de nuit, j'étais en petite robe super sexy, il faisait genre, six degrés, on se les gelait. Il fallait que je sorte d'une voiture puis que je coure en traversant une route à quatre voies, mais c'était la nuit sur la Rive-Sud donc il n'y avait pas tant de trafic, mais bon quand même. […] donc bref, j'ai couru pendant 40 minutes devant de vraies voitures. »
« Au moment de traverser la caméra de l'autre côté, ils ont arrêté toute la circulationet la caméra a pu circuler. Dans le fond, moi comme actrice, je valais moins si on veut qu'un kodak […]. Je me suis rendu compte que j'étais un peu comme dans ma posture de femme dans ce métier-là, dans ma posture d'actrice puis comment on traitait les actrices et les jeunes actrices, dans une dynamique un peu d'exploitation. Je n'étais pas confortable et j'avais aussi vécu des situations inconfortables de harcèlement avec des réalisateurs. »
Lawrence : « Quand j'ai commencé à travailler en télévision, c'était en 2003, j'étais vraiment début vingtaine. Moi je suis sortie du cégep, je suis rentrée tout de suite en télévision comme technicienne de production. Je faisais différents postes et on était très peu de femmes techniciennes, c'était énormément d'hommes et tous les réalisateurs c'étaient des hommes. Il n'y a pas une journée qui passait sans qu'on me parle de mon corps, de mes fesses, de la façon dont j'étais habillée. [Il] fallait toujours que je fasse attention à la façon que je me penche pour rouler un fil : '' Est-ce que je suis trop décolletée? '', '' Qui est devant moi pendant que je me penche? ''.
« On me parlait toujours de mon corps, on me faisait toujours des joke de c*l. Il y a même quelqu'un, un réalisateur, qui m'avait dit ''J'aime ça partir en reportage avec toi parce que je peux te regarder le c*l toute la journée quand tu marches en avant de moi ''. On ne mettait jamais de l'avant mes compétences, et pourtant, je ne veux pas me garrocher des fleurs, mais j'étais compétente, je faisais plusieurs postes et je faisais bien mon travail […]. Mes premières années en télévision, moi j’appelle ça L’opéra de la terreur. »
Brigitte : « Je pense que c'est de passer d'assistante à la réalisation à réalisatrice, cette espèce de décision là quand tu la prends, tu ne peux pas revenir en arrière, donc j'étais très reconnue comme étant une bonne assistante à la réalisation. Mais un moment donné, j'ai voulu aller à la réalisation parce que je trouvais qu'il y a avait des réalisateurs et des réalisatrices qui n'étaient pas très fort. »
« Donc je me disais '' Prends ta place '' et puis ça, c'est une grosse décision parce qu'à partir du jour où tu dis oui à un contrat de réalisation, après ça tu ne reviendras pas comme assistante. Le plus difficile, ça n'a pas été de travailler avec des gars et de me faire respecter, ça non, moi je te dirais qu'il faut avoir confiance en soi pour pouvoir ouvrir des portes quand on est une femme. »
Lorna : « […] c'est la quantité de travail qui est nécessaire pour réussir dans cette industrie, c'est-à-dire que je fais plusieurs choses, je suis actrice, je suis scénariste et réalisatrice. Et forcément, au début, je n'ai pas fait que ça, j'ai dû avoir des day jobs qui étaient aussi dans l'industrie. C’était dans la production de film, mais tout ça mis ensemble ça fait énormément de travail non rémunéré. Donc je pense que la chose la plus difficile, c'est de trouver l'équilibre entre comment je fais pour développer mes projets, aller dans le sens dans lequel je veux aller, atteindre mes buts, mais quand même payer mon loyer pis avoir une vie sociale. […] »Comment les doubles standards dans le domaine du cinéma et de la télévision se traduisent-ils au quotidien?
Mara : « C'est sûr qu'en cinéma, en télé, de ce que je peux voir, c'est qu'il y a des métiers qui sont invalidés par rapport à d'autres. Donc des métiers dits féminins comme assistante-réalisatrice, coiffure, maquillage, c'est vraiment des départements qui sont un peu invalidés. Et tu as tous les départements un peu plus "sérieux" qui sont un peu comme le boys club si on veut. Ce n'est pas tout le temps comme ça, mais il y en a beaucoup. […] savoir s'entourer, c'est vraiment un atout, mais ça m'est arrivée d'être sur un plateau où les gens ne respectaient pas nécessairement mon autorité, je ne parle pas des gens en général, mais certains chefs de département masculin qui nécessitent beaucoup d'égo. »
« Au début, je ne voulais pas croire que c'était [parce que j'étais une femme], mais oui, j'ai eu des exemples très concrets où c'était ça […]. Aussi, des gens qui vont se sentir brusqués de l'autorité féminine, moi je ne veux pas t'humilier parce que je fais ma job […]. Techniquement, ça passe toujours par énormément questionner mes choix […] ça m'est déjà arrivé à quelques reprises d'avoir des collaborateurs qui vont questionner ce que je fais […] »
Lawrence : « En 2006, j'ai eu une agression de la part d'un réalisateur et j'en avais parlé à des amis du travail. Je n'avais pas déposé de plainte à la police, j'avais super peur […]. Tranquillement pas vite, cette personne-là avait fait le vide autour de moi, j'avais de la violence psychologique au travail. Finalement avec le temps, j'ai découvert qu'il y avait d'autres femmes qui avaient été agressées […], je n'étais pas toute seule à avoir subi du harcèlement de cette façon-là. J'ai choisi de déposer une plainte à mon syndicat […] et le syndicat avait sorti cet employé-là du milieu de travail et à partir de ce moment-là, tous les hommes au travail disaient " C'est qui les *sti de sal*pes qui ont scrappé la vie de ce gars-là? "[...]. Finalement cet homme-là, il nous a poursuivi en cours les femmes qui avaient porté plainte, pour diffamation et atteinte à sa réputation nationale pour un demi-million de dollars. […] »
« Moi j'ai arrêté de travailler, j'ai eu de l'aide juridique, toutes les procédures ont durées pendant un an et demi pis finalement on a gagné […]. Moi j'ai choisi de ne pas poursuivre et d'acheter la paix. Ça fait qu'aujourd'hui, quand il y a des femmes qui dénoncent des agressions sexuelles ou le harcèlement au travail, je les trouve très fortes parce que moi si je subissais encore ce genre de comportement là, je ne ferais plus de plaintes. Je ne me plaindrai plus parce que la montagne elle est trop grosse, donc je trouve que les femmes qui déposent des plaintes sont très, très fortes. »
Lorna : « Je pense que ça dépend vraiment dans quel département on se trouve […]. En ce qui me concerne en tant qu'actrice, je n'ai pas vraiment ressenti de doubles standards s'il s'agit de la différence entre homme et femme, mais plus par rapport à ma couleur de peau des choses comme ça. Puis sur les sets en tant qu'actrice plus particulièrement, tout ce qui est maquillage, coiffure, c'est des choses qui changent petit à petit, mais c'est sûr que ça a pu rendre mon travail plus difficile que pour des femmes blanches, par exemple, qui n'ont pas à se soucier de ce genre de chose. […] »
As-tu eu à subir ou à contrer des stéréotypes de genre au long de ton parcours?
Mara : « […] les femmes qui sont capables d'atteindre des budgets de plus de 2,5 millions pour un film sont assez rares au Québec. Dès que c'est de l'action ou de la science-fiction, on va donner ça à des gars. En ce moment, j'ai l'impression qu'on nous ouvre plus de portes, on nous laisse la possibilité de travailler sauf qu'on n’a pas la même validation au niveau de la charge de travail qu'on peut prendre. »
« Et donc pour de gros budgets, encore aujourd'hui, ça va être des hommes, mais c'est sûr qu'on essaie de changer ça […]. Au début, je dirais que j'ai eu autour de moi des réactions quand j'ai commencé à devenir réalisatrice, mais après ça, quand tu fais un projet qui gagne des prix pis que tu as une reconnaissance de tes pairs, on dirait que tu tombes dans une autre catégorie […]. Après ça, [la catégorie] meilleure réalisation, ce sont des gars qui vont la gagner […]. »
Lawrence : « Quand on est une femme, on n’est jamais traitée comme un homme, ce n'est pas vrai qu'il y a de l'égalité, on n’est pas rendu là. Il y a des avancements, mais on n’est pas égaux. Depuis cinq ans, je travaille sur un projet documentaire avec un homme qui est incarcéré, qui souffre de schizophrénie et parce que j'ai un réel plaisir à accompagner cette personne-là dans sa [sentence], à l'aider […] bien là on me traite de Mère Teresa […]. Si j'étais un réalisateur homme en train d'aider un schizophrène en prison, on dirait que je suis une bonne personne, que je fais de bonnes choses pour la société, mais parce que je suis une femme, ah bien là, je suis Mère Teresa. »
« […] Ça, c’en est un double discours […]. Moi, je le vis vraiment beaucoup cette différence-là pis ça je suis tannée de ça. En tant que femme réalisatrice, on est souvent infantilisée […]. Quand il y a un réalisateur avec un gros caractère qui pète des coches, qui crie sur un plateau " Ah c'est un réalisateur qui n'est pas facile, mais il est bien bon " […], mais quand tu es une réalisatrice, si tu as le malheur de péter ta coche ou de juste lever le ton un peu parce que tu es tannée, c'est le bordel sur le plateau. Là tu es une cr*sse de folle, tu es une hystérique pis la faudrait que tu te calmes parce que " Tu ne vas pas nous gérer comme une garderie ". […] »
Brigitte : « Je me rappelle qu’un producteur ou une productrice m'avait dit " Tu es un petit peu trop sensible '' . Je suis une fille plutôt douce et sensible alors il ne me voyait pas être capable de diriger une équipe. Alors qu'aujourd'hui, c'est devenu une de mes plus grandes qualités, ma sensibilité, mon affection pour les comédiens, mais ça ne veut pas dire parce que tu es douce et sensible que tu n'es pas capable de tenir une équipe. »
« C'était dans le temps que les femmes qui arrivaient à des postes comme ça, fallait qu'elles soient un petit peu Pitbull pour montrer qu'elles étaient capables de diriger et tout, alors que moi ce n'était pas ma façon de fonctionner. Donc au début, peut-être oui, qu'on ne me voyait pas être capable de diriger une équipe de 35 personnes, ils avaient peur de ça et finalement, je le fais très bien et sans crier. C'est par le respect, moi je trouve qu'on avance plus vite qu'en criant. »
Lorna : « […] en ce qui concerne mon travail en tant que réalisatrice, honnêtement, je pense que j'ai été chanceuse parce que j'ai bien choisi mon équipe et que j'étais entourée de personnes, même des hommes blancs pour le coup, qui étaient vraiment investis dans le projet. Je suis quelqu'un d'introverti, je ne suis pas quelqu'un qui parle fort ou qui prend beaucoup de place, mais ça m'est arrivé de devoir dire " Can you please not speak over me ". Mais quand je le dis, je suis entendue puis les gens me laissent la place […]. »Comment fais-tu pour t’assurer de l’équité salariale lors de tes contrats?
Mara : « Ben moi, c'est sûr que j'ai une agente qui aide énormément parce qu'elle a tellement d'artistes qu’elle va le savoir si je suis moins bien payée. Mon agente gère les négociations des contrats ce qui m'aide énormément et me protège beaucoup parce que ce n'est pas personnel. Elle, elle a beaucoup d'artistes, elle connaît le milieu depuis 30 ans. Elle sait combien je vaux par rapport à mon expérience […]. »
Lawrence : « Quand on est réalisateur et qu'on est membre de l'ARRQ [Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec], on est protégée par l'association avec des grilles de tarification selon les contrats, que ce soit du cinéma, de la télé. À la base, normalement, il y a une équité salariale. Après ça, il y a un prix plancher pour chaque type de contrat et ça appartient au réalisateur ou à la réalisatrice de négocier son tarif selon ses compétences. Moi, je n'ai jamais senti d'iniquité au niveau de la télévision parce que j'ai l'association qui valide que tout est beau. »
« Par contre en cinéma […], le réalisateur il va faire un pourcentage du film comme salaire, c'est comme un forfait salarial. Donc comme ce sont les hommes au Québec qui ont les gros budgets au-dessus de trois millions pour faire des gros films, bien c'est sûr que si tu as sept millions pour faire un film, ton pourcentage salarial du budget est plus fort que si tu fais un film de 2,8 millions. »
Brigitte : « Là, j'ai une agente, mais je le disais au producteur " Tout finit par se savoir, si j'apprends que l'autre réalisateur gagne plus que moi, ça ne va pas passer ". Alors ça je le disais à la négociation, je le disais au producteur […], souvent j'étais première réalisatrice et il y avait un deuxième réalisateur, habituellement le réalisateur qui part le show n'est pas supposé avoir moins que celui qui le remplace. Alors je le disais haut et fort, mais je n'allais pas fouiller pour savoir combien il avait, mais je faisais confiance au producteur. Je négocie beaucoup avec des femmes et les femmes comprenaient que c'était important l'équité. »
Lorna : « Au niveau de mes équipes dans mon dernier court-métrage, j'ai voulu faire un projet union parce que je pense qu'elles existent pour une raison […]. Je voulais quand même me baser sur des standards de l'industrie […]. Pour moi les unions, elles existent pour une raison, elles sont là pour nous défendre dans pleins de situations différentes et pour nous assurer un salaire minimum qui est décent […]. Même si je faisais un projet qui n'étaient pas union, je me baserais sur ces salaires de l'industrie. »
Qu’est-ce qui te rend la plus fière dans ta carrière jusqu’à maintenant?
Mara : « Ma plus grande fierté c'est de faire des créations authentiques. Je pense que c'est vraiment ça qui me rend fière et d'amener des gens là-dedans, d'amener des personnages de femmes qu'on voit rarement ou qu'on n'a pas assez vues qui peuvent tous et toutes nous inspirer, qu'on soit homme, femme, non-binaire […]. D'amener plus de personnes racisées à l'écran […]. »
Lawrence : « Ce qui me rend la plus fière dans ma carrière de réalisatrice, c'est de ne jamais avoir abandonné parce que c'est difficile comme milieu, c'est difficile de se faire un nom, c'est difficile de garder tous ses contacts actifs, c'est difficile de faire du PR, c'est difficile de faire financer nos projets. C'est beaucoup de patience et d'acharnement, donc ce qui me rend fière dans ma carrière, c'est de ne jamais avoir abandonné et tranquillement, j'atteins tous mes rêves l'un après l'autre. »
Brigitte : « Le grand amour que je sens que les comédiens ont pour moi, cette espèce de respect, je les respecte beaucoup, la relation avec les comédiens que j'ai acquis et que j'aime énormément […] et la complicité avec l'auteur […]. D'être arrivée à ça lorsqu'un nouveau comédien arrive sur le plateau " Ah j'ai entendu parler de toi, je suis tellement content de travailler avec toi ", ça, ça me fait vraiment plaisir. »
Lorna : « Je pense que ce qui me rend la plus fière c'est déjà d'être arrivée où je suis arrivée et la raison pour laquelle je suis où je suis, c'est parce que j'ai pris des risques. Je pense que c'est important de dire non, de savoir dire non, de savoir ce qu'on vaut et qu’elles sont nos valeurs […]. Être capable de dire non à certaines choses, ça m’a permis de […] m'amener vers quelque chose qui me satisfait personnellement […]. Pour moi c'est suffisant parce que j'ai suivi mon instinct. »
Quels conseils aurais-tu à donner à celles qui voudraient percer dans un monde plus masculin?
Mara : « Ça serait fake it 'till you make it, juste ça. On ne connaît pas le chemin avant de l'avoir fait. Tu veux faire quelque chose? Vas-y, fonce et si tu ne te sens pas prête, fake it 'till you make it. [...] Sinon, ce serait de bien s'entourer […]. Écouter son intuition. »
Lawrence : « Dans le domaine du cinéma et de la télévision, ce qu'on vend avant tout, c'est nous-même parce que c'est nous qui allons réaliser, [il] faut que les gens aient confiance en nous. L'erreur qu'on fait quand on débute c'est qu'on veut que les gens nous aiment […], donc on tolère des choses qu'on ne devrait pas tolérer […]. Et je pense que plus on met des limites claires et qu'on sait ce qu'on vaut, qu'on travaille avec nos valeurs qu'on met de l'avant, c'est là qu'on se fait respecter. »
Brigitte : « C'est d'apprendre à se vendre, ne pas avoir peur de se vendre. On dirait qu'on est dans le judéo-chrétien et que c'est difficile de dire " Je suis capable de faire ça pis je vais être bonne et tout ". Les gars ont beaucoup plus de facilité. Alors moi, je pense qu'il faut avoir vraiment confiance en soi pis le démontrer cette confiance-là. Faut avoir une assurance et se vendre. Il ne faut pas avoir peur de notre sensibilité […]. On n’est pas obligé d'être tyrannique sur un plateau pour que les gens te suivent. »
« L'admiration que j'ai pour chacun des postes fait en sorte que les gens veulent travailler avec moi et on avance ensemble. Le plus beau conseil est de se former une équipe extraordinaire […]. C'est avec le plus grand respect qu'on acquiert le respect des autres. »
Lorna : « Le conseil que je donnerais c'est de se connaître, de savoir ce qui a vraiment de l'importance et être capable de mettre ses limites, je pense que c'est le plus important. Parce que de mon expérience, les gens pour qui on travaille ont tendance à demander peut-être un peu plus et de payer moins […]. Faut savoir se préserver, savoir sa valeur et ses limites. Le conseil que je donnerais c'est de ne pas avoir peur de perdre une job […]. »
Des réalisatrices québécoises s’ouvrent sur les doubles standards derrière la camérawww.youtube.com
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.