Ruba Ghazal. Droite : Martine Biron.
Les questions sémantiques continuent de diviser à l'Assemblée nationale du Québec. Ce mardi 21 février, la députée de Québec solidaire (QS), Ruba Ghazal, a présenté une motion sans préavis à la demande du Collectif 8 mars qui regroupe des associations syndicales et féministes. Avec l'appui du Parti libéral du Québec (PLQ) et du Parti Québécois (PQ), elle visait à ce que l'Assemblée nationale encourage « l’analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle afin de défendre les droits de toutes les femmes au Québec ».
Alors que la motion a été rejetée par la Coalition Avenir Québec (CAQ), elle n'a pas été débattue. Le gouvernement a expliqué que sa définition du féminisme n'était pas celle qui faisait appel à l'analyse intersectionnelle. « Maintenant qu’on sait ce que n’est PAS la vision du féminisme de la CAQ, j’ai bien hâte de savoir qu’elle est sa vision et quand est-ce qu’elle va nous la partager! », a réagi Ruba Ghazal sur Twitter.
Le collectif derrière la motion a réaffirmé, sur sa page Facebook, sa volonté de continuer de mener des luttes sociales en prenant en compte les multiples réalités vécues par les femmes. « Ce n’est pas parce que le gouvernement a dit non que nous baisserons les bras! »
Cette prise de position de la CAQ a fait réagir bien des gens sur les réseaux sociaux qui se sont également demandé ce qu'était la vision du féminisme du gouvernement.
L'autrice et scénariste Kim Lévesque-Lizotte a tourné la situation en dérision sur Instagram. « Le féminisme de la CAQ : le 8 mars donner des fleurs à une femme parce que les femmes aiment les fleurs », s'est-elle moquée.
Story de Kim Lévesque-Lizotte. @kim_lizotte | Instagram
Myriam Lapointe-Gagnon, candidate pour Québec solidaire dans Rivière-du-Loup, s'est amusée à faire une série de memes pour dénoncer le manque de sensibilité du gouvernement envers les enjeux spécifiques aux personnes racisées et aux personnes 2SLGBTQ+.
En plus des memes, les réactions ont été nombreuses sur Twitter. Plusieurs internautes se sont montrés très critiques de la décision de la CAQ en affirmant que le parti pratiquait une forme d'exclusion sociale.
« Notez que le mois de l'Histoire des Noir·e·s n'est pas encore terminé. On débute à peine celui de l'histoire des femmes. Et déjà, les contributions intellectuelles des femmes noires, au sein du féminisme sont balayées du revers de la main », a souligné un usager sur Twitter.
D'autres ont souligné leur incompréhension par rapport à la décision de rejeter la motion.
Il est cependant à noter que le gouvernement a reçu de nombreux appuis sur les réseaux sociaux. « À part promouvoir des concepts qui paraissent progressistes, cette idéologie ne fait que diviser les femmes entre elles et porter des accusations », a tweeté le groupe féministe PDF-Québec (Pour les Droits des Femmes Québec), un organisme avec un historique de prendre position pour l'exclusion des femmes trans au sein de leur définition de la lutte féministe, et critiqué à plusieurs reprises pour avoir tenu des propos jugés transphobes.
Le débat continue donc dans la société civile ainsi qu'à l'Assemblée nationale sur la façon d'aborder différents enjeux sociaux. La ministre de la Condition féminine, Martine Biron, a affirmé qu'elle allait souligner le 8 mars le « moment venu ».
À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.
Si vous ou l'un.e de vos proches a été victime de racisme, ou si vous souhaitez en savoir plus sur la façon dont vous pouvez lutter contre le racisme dans votre communauté, consultez ces soutiens et ressources.
Si vous ou l'un.e de vos proches souffre du harcèlement ou de la discrimination liée à l'orientation ou à l'identité sexuelle, des ressources d'aide pour l'homophobie et la transphobie sont disponibles à travers la province pour vous appuyer. Il est possible d'obtenir du soutien.
