C'est le bordel pour relier les stationnements à l'aéroport de Montréal : Voici pourquoi
Une file de 200 personnes pour les petites navettes de Park'N Fly! 🤯

Se stationner à l'aéroport de Montréal ou retourner à sa voiture après un voyage est synonyme de chaos, actuellement.
Avant de partir en voyage, certaines personnes sont prêtes à payer cher pour se stationner tout près de l’aéroport Montréal-Trudeau. Or, l’achalandage des dernières semaines jumelé à la fermeture du stationnement étagé a compliqué l’accès à l’aérogare, au point où des voyageurs et voyageuses s’y rendent à pied plutôt que d’attendre leur « lift ». Pourquoi y a-t-il autant de chaos? On fait le point.
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Imagine la scène : tu reviens d’un beau voyage sous le soleil, bien reposé.e. En mettant le pied à l’extérieur de l’aéroport de Montréal, tu te retrouves devant d’interminables files d’attente pour un service de navette payant censé te ramener à ta voiture laissée dans leur stationnement en périphérie de Park'N Fly.
Voyant que ton bus n’arrive jamais, tu décides de marcher près de 30 minutes, en chaussures dans les conditions météo hivernales pour rejoindre, avec tes parents, ton véhicule. Dur retour à la vie normale, non? C’est pourtant ce qu’ont vécu de nombreuses personnes, dont Stéphanie Reilly, une agente de voyage québécoise revenue d’un périple en Europe le mois dernier.
« Je n’ai jamais vu ça depuis le début de ma carrière, lance-t-elle en entrevue téléphonique avec Narcity Québec. Ça a commencé un peu cet été et ça s’est vraiment accentué à l’automne. »
Ce qu’il faut savoir, c’est que les différents chantiers de réfection, à la suite de la fermeture des stationnements Étagé et P5 l’automne dernier, ont créé de nombreux obstacles pour les automobilistes, que ce soit pour aller porter un.e ami.e au débarcadère ou se faire lifter par un taxi.
À cela s’ajoute la construction de la future station du Réseau express métropolitain YUL-Aéroport-Montréal-Trudeau, qui, si tout se déroule comme prévu, devrait être terminée en 2027.
Un bus de 15 places pour 200 personnes
Avant de quitter pour le Vieux-Continent, Stéphanie et ses parents se sont garé.e.s au stationnement d’aéroport Valet de Montréal de Park’N Fly, situé derrière l’hôtel Sheraton. En temps normal, l’entreprise privée prévoit des départs de navettes vers YUL toutes les 15 à 20 minutes. La durée du trajet est habituellement de trois à cinq minutes, selon son site Web.
Or, près de 200 personnes attendaient le minibus de Park’N Fly, qui n’arrivait tout simplement pas. À noter que seule une quinzaine de personnes peut embarquer à la fois.

Après plus de 20 minutes d’attente, le trio a entrepris une marche de plus d’une vingtaine de minutes dans la neige fondante. En chemin, il a même croisé d’autres personnes qui faisaient le trajet entre le stationnement et l’aéroport à pied, par crainte d’être en retard.
Une semaine plus tard, l’agente de voyage devait repartir à l’étranger et s’est stationnée à nouveau au même endroit. Cette fois encore, c’était le jour de la marmotte : la navette, pourtant censée passer régulièrement, ne se présentait toujours pas.
« Tu sais, quand tu reviens, c’est poche parce que tu attends longtemps, mais quand tu pars et que tu commences à être anxieux de manquer ton vol parce que la navette n’arrive jamais, ce n’est pas très le fun », concède-t-elle.

Ce matin-là, elle confie avoir attendu « un bon 30 minutes » avant de pouvoir embarquer dans une navette, se disant « chanceuse », puisque plusieurs personnes arrivées après elle ont dû patienter pour le bus suivant.
« Ça faisait déjà très longtemps qu’on attendait, puis il y avait déjà des gens avant moi qui étaient là depuis encore plus longtemps. Ça a pris peut-être 40 minutes entre les deux navettes, alors qu’habituellement, ça passe aux cinq minutes », raconte-t-elle.
Pour te donner une idée, laisser ta voiture au stationnement « Valet » de Park'N Fly durant sept jours coûte près de 250 $, taxes incluses, et près de 500 $ pour deux semaines.
Park'N Fly s’explique
Pour expliquer les récents problèmes de congestion et les temps d’attente signalés à ses emplacements de Montréal, l’entreprise spécialisée dans le service de navette dans les aéroports canadiens pointe les importants travaux et les embouteillages aux alentours de YUL.
Ces travaux, « gérés par l’aéroport », ont créé « de graves problèmes d’accès, affectant tous les transporteurs terrestres, y compris les navettes de Park’N Fly, les taxis, les services de covoiturage et les véhicules privés », nous indique par courriel Michelle Harris, directrice marketing chez Park’N Fly Canada.

Pour remédier à la situation, l’entreprise assure avoir augmenté « proactivement » la flotte de ses navettes, mais la principale cause des retards demeure « la circulation restreinte et les limites d’itinéraire imposées par les travaux à l’aéroport ».
« Nos navettes doivent suivre les schémas de circulation et les points de dépôt imposés par l’équipe des opérations aéroportuaires, ce qui peut considérablement augmenter le temps de trajet pendant les périodes de forte congestion », ajoute-t-elle.
Park’N Fly rappelle que certaines perturbations sont « malheureusement indépendantes » de sa volonté et encourage les voyageurs et voyageuses « à prévoir plus de temps pour se rendre à l’aéroport et à suivre le statut de leur vol, surtout pendant la période des Fêtes ».
La faute aux travaux
Jointe par courriel, l’administration de l’aéroport Montréal-Trudeau reconnaît que le manque de capacité au débarcadère principal, en façade de l’aérogare, « occasionne des délais pour l’accès au site » pour les différents types de services, incluant les navettes de Park'N Fly.
Les travaux, qui s’échelonneront sur dix ans pour un coût d’environ 10 milliards de dollars, sont un mal pour un bien, puisqu’ils devraient régler les enjeux actuels de congestion, notamment grâce à l’ajout de voies au débarcadère principal dès 2028.
Autrement dit, les voyageurs et voyageuses qui doivent se rendre à YUL devront prendre leur mal en patience ou mieux s’organiser.
« À terme, celui-ci verra sa capacité être triplée, permettant ainsi d’améliorer la fluidité de la circulation sur le site », assure Émilie Chevrette, conseillère aux communications corporatives d’ADM Aéroports de Montréal.
Pour éviter le chaos des embouteillages, ADM recommande « à tous les voyageurs » d’arriver au moins trois heures avant l’heure de départ de leur vol, et ce, « peu importe leur destination ».
L’administration aéroportuaire montréalaise suggère également d’utiliser le débarcadère Express, gratuit et ouvert tous les jours, situé au stationnement P4, afin d’éviter la congestion routière lors d’un débarquement ou pour aller récupérer une personne proche. Un service de navette fréquent promet un accès rapide à l’aérogare en moins de cinq minutes.
