Budget 2025 du gouvernement Carney : On saura ce lundi s'il y aura (encore) des élections
Le ministre fédéral des Finances a déposé au début du mois le premier budget fédéral du Parti libéral de Mark Carney. Deux semaines plus tard, les député.e.s de la Chambre des communes voteront en faveur ou contre le budget, devenant du même coup un test crucial à l’endroit du gouvernement, qui est minoritaire. Pourquoi? On t’explique.
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Le dépôt de ce premier budget Carney fera office de test politique pour le gouvernement libéral, qui a remporté 169 sièges lors du scrutin du printemps dernier.
Au moment d’écrire ces lignes, le Parti libéral du Canada (PLC) comptait 170 sièges, soit à deux votes d’une majorité. Le gouvernement dépend donc du reste de la Chambre des communes — soit le Parti conservateur du Canada (PCC), le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Bloc québécois (BQ) et le Parti vert du Canada (PVC) — qui tient le gros bout du bâton.
Ensemble, ces partis comptent 173 député.e.s. S’ils décident de rejeter le budget 2025, des élections anticipées devront être déclenchées partout au pays.
Voici ce qu’il faut savoir sur le fonctionnement du processus et sur ce qui pourrait se passer ensuite.
Qu’est-ce que le budget 2025?
Un budget gouvernemental, c’est grosso modo le plan qui détaille chaque dollar dépensé au cours de l’année, ainsi que les programmes sociaux qui seront financés — que ce soit pour l’année en cours ou les prochaines.
Le ministre des Finances et du Revenu national doit déposer son budget ce mardi 4 novembre à 16 h, devant ses collègues de la Chambre des communes à Ottawa.
Le dernier budget du gouvernement de Justin Trudeau, présenté en avril 2024, prévoyait 535 milliards de dollars en dépenses et un déficit de 39,8 milliards.
La mise à jour économique de décembre suivant avait revu le déficit national à la hausse, le portant à 48,3 milliards de dollars. Cette annonce avait toutefois été éclipsée par la démission, le jour même, de la ministre des Finances Chrystia Freeland.
Moins d’un mois plus tard, c’était au tour de Justin Trudeau d’annoncer sa démission. Mark Carney est alors devenu chef du Parti libéral et de facto premier ministre, avant qu’une élection soit déclenchée pour le 28 avril, élection qu’il a remportée.
Un peu plus de six mois après ce scrutin printanier, les libéraux minoritaires présentent maintenant leur nouveau plan budgétaire, pendant que les député.e.s de l’opposition réclament davantage de transparence sur la situation financière du pays.
Pourquoi des élections pourraient-elles survenir à tout moment?
Le vote de confiance, tu connais? Dans le système parlementaire canadien, le gouvernement doit garder la confiance de la majorité des député.e.s pour rester en poste. Si le budget ou une autre motion importante est rejeté, le gouvernement est considéré comme ayant perdu la confiance de la Chambre et doit soit démissionner, soit déclencher des élections.
Il n’y a pas que le budget qui soit soumis à un vote de confiance : les crédits et le discours du Trône le sont aussi.
Avec un gouvernement minoritaire de 170 sièges, Mark Carney doit obtenir l’appui d’au moins deux député.e.s de l’opposition — ou compter sur l’abstention de certain.e.s pour faire adopter son budget et éviter un nouveau scrutin.
Au moment d’écrire ces lignes, le Parti conservateur de Pierre Poilievre détient la majorité des sièges restants avec 143, tandis que le Bloc québécois en compte 22, le NPD 7 et le Parti vert un seul.
La dernière fois qu’un premier ministre canadien a été défait par un vote de censure remonte à 2011, lorsque le gouvernement conservateur de Stephen Harper a été reconnu coupable d’outrage au Parlement.
Pour un budget, il faut remonter à 1979, quand le gouvernement minoritaire de Joe Clark est tombé après avoir présenté son tout premier budget, à peine sept mois après le début de son mandat.
Une fois le budget déposé mardi après-midi, quatre jours de débat sont prévus au calendrier parlementaire, soit les 5, 6, 7 et 17 novembre. Le vote de confiance pourrait donc survenir dès le 17 novembre, laissant aux libéraux à peine deux semaines pour convaincre les député.e.s de l’opposition de ne pas rejeter leur plan.
Que doit-on attendre de ce budget?
Le gouvernement de Mark Carney ne cesse de le répéter : il veut rééquilibrer les dépenses et aider les Canadiennes et Canadiens à faire face à la hausse du coût de la vie.
« On va s’assurer de pouvoir bâtir le Canada de demain ensemble. Il y aura des investissements majeurs dans le logement, dans les infrastructures et certainement dans la défense, mais aussi dans la compétitivité », a souligné le ministre François-Philippe Champagne ce lundi 3 novembre devant les journalistes.
Champagne affirme vouloir présenter « un budget d’investissements », tout en assurant que le gouvernement fera preuve de rigueur dans ses dépenses. « C’est exactement cet équilibre-là qu’on a trouvé », a-t-il ajouté.
Dans ses récentes analyses, le Bureau du directeur parlementaire du budget prévoyait un déficit de 68,5 milliards de dollars. Or, après présentation, la dette nationale se creuse finalement à 78 milliards $.
De son côté, le premier ministre Mark Carney a promis que le budget contiendrait « à la fois de l’austérité et de l’investissement », mais les partis d’opposition doutent qu’un tel équilibre soit possible, notamment en raison des nombreuses promesses électorales libérales.
Voudrais-tu retourner en élections d’ici Noël 2025?
*Ceci est une adaptation de l’article « Canada's Budget 2025 could trigger another election this fall — Here's how it works », publié sur Narcity Canada.
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